Avec “Brat”, Charli XCX vise juste

L’indéniable influence, qui opère depuis les années 1980 des dance musics électroniques sur la pop, lui a offert des moments grandioses : du R&B de Janet Jackson à la synthpop de Robyn, en passant par l’entière carrière de Madonna. Parmi eux,...

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L’indéniable influence, qui opère depuis les années 1980 des dance musics électroniques sur la pop, lui a offert des moments grandioses : du R&B de Janet Jackson à la synthpop de Robyn, en passant par l’entière carrière de Madonna. Parmi eux, de mémoire récente, la vague hyperpop dont Charli XCX est la tête de proue depuis 2016 (et son ep Vroom Vroom) fait figure de saillie euphorisante dans l’histoire de l’electropop. Mais à l’issue de presque une décennie à offrir au registre parmi ses exploits les plus remarquables (l’essentielle mixtape Pop 2), et suite à la mise en retrait du label à son origine, la question de l’évolution de son identité artistique s’est posée à la chanteuse.

Alors Crash, le précédent disque de Charli XCX, a fourni une réponse plutôt frustrante, en forme de projet pop aseptisé, vendu par l’intéressée comme l’album de rupture d’avec la major qui l’édite, comme pour faire miroiter des lendemains meilleurs (ou jouer la montre). Dans ce contexte, Brat (équivalent de “sale gosse” en anglais), s’annonçait comme un pied de nez à l’industrie : pensé comme un rave album, avec son aplat criard et son titre incrusté en mauvaise qualité, sans d’autre identité en guise de pochette.

Un juste sens de la mesure mêlé à un fun décomplexé

Les singles égrainés dans l’année ont donné davantage d’indices sur l’orientation du projet : avec des références electroclash (Von dutch) et timidement acid house (B2B) dans sa production, l’album arrive à actualiser, dans une certaine économie, ce qui fait le sel de l’electropop des années 2000-2010 (au point de soupçonner un sample du Sexy Bitch de David Guetta et Akon dans Mean Girls). Le bénéfice d’une équipe qui continue de faire ses preuves, le disque affichant à son générique les habitués des projets de Charli (le duo A. G. Cook-Easyfun), mais aussi de nouvelles têtes : notamment le compagnon de la chanteuse (George Daniel, batteur et producteur de The 1975), le génial Hudson Mohawke et le Français Gesaffelstein.

Sans trahir le parcours de XCX (le tube Sympathy is a Knife, gonflé à la bubblegum bass matricielle de l’hyperpop), le projet brille par l’équilibrage de ses références, qu’il manipule sans trop de dérision. Par son écriture également : Brat arrive à sonner solennel dans ses paroles, entre avances arrogantes (360) et confessions (So I et I Think About It All the Time), qui cristallisent les préoccupations d’une trentenaire tout à la fois bloquée et épanouie dans son statut de semi-célébrité (ou star de niche).

Même s’il subsiste le sentiment qu’on est loin du geste subversif annoncé (l’album est finalement toujours distribué par Warner, qui édite la chanteuse depuis ses débuts), le projet accorde dans ses idées et sa réalisation un juste sens de la mesure, un fun décomplexé, qui fait réaliser qu’une forme de relâchement dans ses ambitions pourrait bien être le salut de l’hyperpop.

Brat (Atlantic/WEA). Sortie le 7 juin.