Avec “Bunny”, Beach Fossils revient bichonner les vestiges de l’indie pop

Un bref coup d’œil dans le rétroviseur, et c’est à se demander si la dizaine d’années qui nous sépare du début des années 2010 est suffisante pour déjà évoquer avec nostalgie l’une des périodes bénies de l’indie pop moderne. Sur le continent...

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Un bref coup d’œil dans le rétroviseur, et c’est à se demander si la dizaine d’années qui nous sépare du début des années 2010 est suffisante pour déjà évoquer avec nostalgie l’une des périodes bénies de l’indie pop moderne. Sur le continent américain, Brooklyn était redevenue la plaque tournante du genre. The Drums finissait d’y surfer sur sa vague de hype et tout souriait aux nouveaux arrivants nommés Real Estate, Beach Fossils, Wild Nothing, DIIV ou Mac DeMarco, tandis que les yeux et les oreilles se tournaient vers Captured Tracks, prêt·es à se jeter sur la moindre sortie du label le plus emblématique du vivier new-yorkais d’alors.

À défaut d’être définitivement révolue, l’époque semble aujourd’hui plus lointaine qu’elle n’y paraît. Et si Dustin Payseur reste toujours aussi fidèle à Brooklyn depuis son installation à l’aube de la décennie précédente, la force tranquille de Beach Fossils continue de faire évoluer le groupe à son rythme, quitte à prendre le temps d’enregistrer sans précipiter les choses.

En quête de la perfection pop

À la tête de sa propre structure, Bayonet Records, après avoir sorti deux albums et un EP remarqués entre 2010 et 2013 sur Captured Tracks, Payseur était même allé jusqu’à peaufiner pendant quatre ans son troisième long Somersault, avant que le disque paru en 2017 et produit aux côtés de Jonathan Rado ne fasse résonner à la stupéfaction générale tout un arsenal de pop baroque, allant des cordes à la flûte traversière, en passant par le clavecin.

Six ans après cette aventure aussi hasardeuse que réussie, et un disque de reprises de Beach Fossils version piano jazz lâché en 2021, voilà que le New-Yorkais d’adoption poursuit à nouveau sa quête d’une certaine idée de la perfection pop. Sur Bunny, il semble transposer son écriture d’antan et l’emmène jusqu’à l’épure sous l’effet des outils de production léchée assimilés au fil des ans.

Derrière ses penchants dream pop tendance Creation Records (les très chouettes Numb, Anything is Anything ou (Just Like The) Setting Sun), l’ensemble sonne comme ces chansons tirées de l’impeccable EP What a Pleasure (2011) auxquelles on aurait ôté le verni lo-fi sans pour autant les vider totalement de leur substance. Les guitares carillonnent en chœur, les mélodies sont limpides et la nostalgie, qu’elle renvoie alors aux nineties ou au début des années 2010, reste tout aussi intacte.

Bunny (Bayonet/Modulor). Sortie le 2 juin.