Avec “Council Skies”, Noel Gallagher vole toujours aussi haut

Noel Gallagher a de quoi se réjouir. Manchester City, son club de cœur, est champion d’Angleterre pour la troisième fois consécutive à l’heure où sort le quatrième album de ses High Flying Birds. En bon supporter attaché à l’histoire des Sky...

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Noel Gallagher a de quoi se réjouir. Manchester City, son club de cœur, est champion d’Angleterre pour la troisième fois consécutive à l’heure où sort le quatrième album de ses High Flying Birds. En bon supporter attaché à l’histoire des Sky Blues, il ne pouvait manquer l’occasion de leur rendre hommage alors que 2023 marque les cent ans de l’inauguration du stade de Maine Road où ils ont évolué jusqu’en 2003.

La pochette montre ainsi l’équipement du groupe trônant fièrement, sous les nuages de Manchester, à l’emplacement de l’ancien temple bleu ciel, théâtre des 1ères heures de gloire des Citizens à la fin des années 1960. L’aîné des frères Gallagher n’était qu’un nourrisson mancunien parmi d’autres à l’époque, et s’il a ensuite mangé son pain noir en matière de football comme jeune fan de City, cela ne l’empêche pas d’engager avec Council Skies un voyage empreint de joie et de mélancolie dans le passé.

Il embarque au passage son pote Johnny Marr – autre habitué des tribunes de City – qui l’accompagne sur trois titres, dont l’excellent single Pretty Boy, sa ligne de basse tonitruante et son refrain taillé pour les stades. En l’encadrant de I’m Not Giving Up Tonight, gorgé d’espoir et de soul, et de la délicate ballade Dead to the World (sans conteste l’un de ses plus beaux morceaux post-Oasis), Noel Gallagher signe un hat trick inaugural de haute volée.

L’art et la manière

On est à peine surpris tant l’Anglais a l’art et la manière de façonner les tubes depuis près de trente ans, banalisant ce que certains s’échinent à rechercher toute leur vie. C’est ainsi, une fois de plus, du cousu main avec Easy Now, chanson épique qui nous ramène fissa aux grandes heures d’Oasis, chœurs et cordes à l’unisson pour nous en mettre plein la vue – spoiler : ça fonctionne à merveille. Made in Abbey Road, les arrangements de cordes relèvent d’ailleurs ici de la plus pure orfèvrerie, drapant plusieurs morceaux d’une parure majestueuse, comme sur l’émouvant Trying to Find a World That’s Been and Gone, petit bijou de nostalgie figeant le temps.

Dans des registres différents, Noel Gallagher n’hésite pas à quitter sa zone de confort pour teinter son rock d’accents brésiliens et de chœurs que n’aurait pas reniés Burt Bacharach (Council Skies) ou s’aventurer dans des structures narratives plus complexes (Think of a Number qui gagne en épaisseur au fil des écoutes). Et si tout n’est pas parfait, la faute parfois à une production chargée (Love Is a Rich Man, We’re Gonna Get There in the End), Council Skies nous rappelle une chose essentielle : en matière de musique, il fait toujours beau sous le ciel de Manchester.

Council Skies (Sour Mash Records/Sony Music). Sortie le 2 juin.