Avec "Été 85", Ozon réalise son rêve d'adolescent et celui d'un homme de 85 ans

CINÉMA - Il y a des livres qui nous marquent pour la vie. 35 ans après avoir eu, adolescent, un coup de cœur pour le roman La danse du coucou (Dance on my grave, en version originale) de l’auteur anglais Aidan Chambers, François Ozon a adapté...

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CINÉMA - Il y a des livres qui nous marquent pour la vie. 35 ans après avoir eu, adolescent, un coup de cœur pour le roman La danse du coucou (Dance on my grave, en version originale) de l’auteur anglais Aidan Chambers, François Ozon a adapté cette histoire au cinéma. Le nostalgique et romantique “Été 85”, porté par le jeune duo d’acteurs Benjamin Voisin et Félix Lefebvre, est diffusé ce mardi 16 mars sur Canal+ à 21h05.

“J’ai lu ce livre en 1985 sur les conseils d’un ami, et tout de suite j’ai eu un coup de foudre. J’avais 17 ans, l’âge plus ou moins des personnages, et j’ai été très ému et surpris de voir à la fois une histoire d’amour racontée aussi simplement sans culpabilité, sans tabou”, se souvient François Ozon pour Le HuffPost, dans une interview vidéo à voir en tête de cet article.

Sorti en 1982, La danse du coucou évoque l’histoire d’amour de deux garçons anglais. Aidan Chambers, l’auteur, s’est à l’époque inspiré d’une brève lue dans le Guardian en 1966 qui racontait qu’un garçon de seize ans avait été accusé de la profanation d’une tombe. Lors de sa comparution, il avait dévoilé avoir fait un pacte avec un ami: si l’un d’eux mourait, l’autre irait danser sur sa tombe.

“L’homosexualité n’est jamais problématisée”

Lorsqu’Aidan Chambers démarre l’écriture de son livre à la fin des années 1960, l’homosexualité était encore illégale en Grande-Bretagne. À sa sortie en 1982, elle était devenue légale entre adultes consentants, mais pas pour les garçons de moins de 21 ans. “Être gay n’est pas le cœur de l’histoire pour moi”, confie l’auteur dans les notes de production du film. “Le fait que les garçons s’aiment n’est jamais problématisé. Délibérément. Néanmoins, le livre a été controversé. Et ce fut une décision courageuse de l’éditeur de le publier. Pendant un certain temps, il a même été interdit dans certaines bibliothèques et écoles.”

Lorsque François Ozon découvre ce livre, adolescent, les histoires d’amour homosexuelles sont plutôt rares au cinéma comme dans la littérature. “À l’époque, les représentations de l’homosexualité étaient souvent noires, douloureuses”, raconte le cinéaste qui cite “L’homme blessé” de Patrice Chéreau ou “Querelle” de Rainer Werner Fassbinder. 

Les émotions d’Ozon adolescent

Séduit par l’universalité de cette amitié passionnelle dépeinte par La danse du coucou, le jeune François Ozon s’était tout de suite dit: “J’adorerais raconter cette histoire dans un film”. Mais après un scénario d’adaptation écrit avec un ami, mais jamais réalisé, il lui aura fallu attendre 35 ans pour mener à bien son idée. Le réalisateur retombe “un peu par hasard” sur le livre dans sa bibliothèque et se replonge dedans “après la sortie un peu compliquée de ‘Grâce à Dieu’”.

Avec Benjamin Voisin dans le rôle de David, adolescent sûr de lui de 18 ans qui sauve Alexis (Félix Lefebvre) de la noyade lors d’une sortie en mer, François Ozon transpose avec nostalgie et romantisme l’histoire de La danse du coucou sur la côte normande, au Tréport, mais toujours dans les années 1980.

Le film est “un mélange de cette histoire et de ma propre adolescence”, confie François Ozon. “Ce n’est pas autobiographique, mais il y a quand même des choses que j’ai pu vivre adolescent, des émotions que j’ai pu ressentir. En fait c’est le film que j’aurais adoré vouloir voir sur grand écran en 1985.” Désormais, il espère que les adolescents d’aujourd’hui seront, eux aussi, touchés par cette histoire.

Du haut de ses 85 ans, Aidan Chambers lui attendait depuis quarante ans que son histoire soit adaptée. “Il a été bouleversé en découvrant le film, ça a été très émouvant”, sourit affectueusement François Ozon en évoquant le vieux monsieur qui vit désormais dans un village du Gloucestershire avec qui il a beaucoup échangé à l’écrit pendant le confinement.

“Après trente-huit ans d’attente, François m’a donné ce que j’attendais. Le résultat est un beau film - à mon avis l’un de ses meilleurs - et je me dis qu’aujourd’hui à 85 ans ça valait la peine d’attendre”, conclut de son côté l’écrivain.

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