Avec la présidentielle 2022, la gauche est en train de se tromper de combat
A peine sortie des élections régionales et départementales marquées par une abstention record, la France a déjà les yeux rivés sur la prochaine élection. Pour cette échéance, la gauche est en train de se tromper de combat. Désunie et incapable...
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A peine sortie des élections régionales et départementales marquées par une abstention record, la France a déjà les yeux rivés sur la prochaine élection. Pour cette échéance, la gauche est en train de se tromper de combat. Désunie et incapable d’imposer une figure crédible, la gauche se focalise sur une impossible union à la présidentielle et en oublie les législatives. Elle consacrerait aussi bien son temps à reconstruire au causement un bloc politique dans un paysage atomisé et menacé par l’extrême droite.
Ce scrutin devrait être l’occasion pour la gauche de recruter, former et présenter de nouveaux visages et de nouveaux parcours: des personnalités en mesure d’offrir un nouveau récit. Les législatives peuvent permettre ce que la présidentielle empêche: mettre en avant un collectif et construire un rapport de force. La polarisation extrême du débat politique et les difficultés du parti LREM à s’ancrer localement pourraient limiter l’effet de “vague” législative qui suit traditionnellement le vainqueur de la présidentielle.
La polarisation extrême du débat politique et les difficultés du parti LREM à s’ancrer localement pourraient limiter l’effet de “vague” législative qui suit traditionnellement le vainqueur de la présidentielle.
C’est une opportunité pour construire une force d’opposition, y compris face au pire scénario. Un tel projet est indispensable dans un contexte de droitisation du débat public avec la naissance d’une nouvelle force de gauche, audible, crédible et unie.
Historiquement, les partis de gauche avaient des relais puissants dans le monde syndical, associatif, local, universitaire. C’était la condition d’une démocratie représentative et l’assise qui donnait sa vitalité aux partis. Ils jouaient un rôle essentiel d’intermédiaires entre engagement et politique. Ils transformaient les expériences de terrain en débouchés électoraux. Entre les deux se structuraient des réseaux, des espaces de recrutement et de formation.
Aujourd’hui, et à quelques exceptions près, les partis et mouvements de gauche ont du mal à recruter et ne forment quasiment plus. En retour, convaincus que l’innovation politique se trouve en dehors des partis, de nombreux militants ont quitté la scène partisane, d’autres refusent d’aller “se salir” en politique. La gauche existe toujours, mais hors de la politique. Elle est encore une famille, mais n’a plus de maison.
Face au paysage politique atomisé hérité de 2017, la gauche semble encore s’enliser dans le piège de la présidentielle en se concentrant sur l’unité d’une poignée d’individus, alors même qu’aucun d’entre eux n’a pu seul reconstruire une coalition solide et ancrée dans le pays. Une autre voie est possible pour prendre LREM à revers et reconstruire une alternative.
Aux États-Unis, des organisations fondées sur les méthodes de Community Organizing ont élaboré un nouveau modèle de recrutement et de formation. Elles mettent en avant de nouveaux profils, aux combats authentiques issus des catégories populaires. Les organisations Brand New Congress et Justice Democrats ont un succès symbolique fort, qui influence la vie politique américaine dans son ensemble. Alexandria Ocasio-Cortez et les membres de la Squad ont réussi en quelques mois à imposer leurs thèmes dans le débat: Green New Deal, annulation de la dette étudiante, couverture maladie universelle, salaire minimum... Les décisions de l’administration Biden semblent montrer qu’il n’est plus possible d’ignorer cette nouvelle génération.
Les prochaines élections législatives en France devraient être l’occasion de mettre sur pied une telle organisation populaire pour identifier et former de nouveaux profils. De nombreuses initiatives existent mais restent dispersées: Investies, Collège Citoyen de France, Open politics, Tous Elus, Ecole de l’Engagement, Gramsci Académie, Point d’Aencrage, Rencontre des Justices, Académie des Futurs Leaders… Cet archipel d’initiatives interprète à sa façon les méthodes de Community Organizing. Elles pourraient s’en inspirer pour rassembler autour d’un projet commun, et présenter des candidats susceptibles d’incarner la nouvelle génération à gauche.
Le projet d’une telle organisation s’articule autour d’un triple récit: mon histoire, notre histoire, l’histoire d’aujourd’hui (“story of self, story of us, story of now”), exprimé par le leitmotiv suivant: “si je ne m’occupe pas de moi, qui le fera? Si je ne m’occupe que de moi, que suis-je? Si je ne m’engage pas maintenant, quand?”. Ce projet ne vise pas seulement à construire une conscience de gauche, il appelle à l’action. Il s’agit de mobiliser, structurer, organiser, créer du pouvoir pour en investir les places fortes.
Il nous reste 358 jours pour offrir à la gauche la capacité de porter de nouveaux profils aux législatives. A la différence du cas américain dans lequel un système de primaire permet et impose aux nouvelles figures de défier les favoris, nos législatives enjoignent à penser l’articulation entre partis politiques et initiatives citoyennes pour unifier nos forces dans un scrutin unique.
Les prochaines élections législatives en France devraient être l’occasion de mettre sur pied une organisation populaire pour identifier et former de nouveaux profils.
La gauche militante et partisane doit se rassembler pour gagner. Elle doit être stratégique pour investir à l’unisson de nouvelles figures. L’arc social-écologiste sera porté par des nouveaux visages authentiques au service des catégories populaires, localement ancrés, portant de nouveaux droits, défendant collectivement des valeurs comme la justice écologique, économique et sociale face à une crise multiforme qui n’en finit plus. La gauche doit revendiquer un espace politique qu’elle a laissé à l’abstention et l’extrême droite.
Cette stratégie ne doit avoir qu’un seul objectif: présenter des candidats uniques dans les 577 circonscriptions du pays. Les partenariats entre initiatives citoyennes et partis de gauche devraient être pensés à l’échelle locale avec une seule ambition: gagner. Cette jonction est essentielle pour créer les conditions d’une victoire: elle permettra de trancher les enjeux de financement, d’investitures et de désunion face aux droites.
Qui incarnera la nouvelle gauche? De multiples visages. Mais ce scrutin nous offre un terrain d’expérimentation unique. Ensemble, nous pouvons offrir à la gauche les outils de son renouvellement… et empêcher du même coup l’impensable mais réaliste accession de l’extrême droite au pouvoir.
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