Avec le débat sur le pass sanitaire, le Parlement reprend ses droits - BILLET
POLITIQUE - C’est le même mois de juillet. Le même hémicycle. En 2018, l’affaire Benalla vient frapper en plein cœur les débats de l’Assemblée nationale sur la réforme institutionnelle, promise par Emmanuel Macron durant sa campagne. Les ministres...
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POLITIQUE - C’est le même mois de juillet. Le même hémicycle. En 2018, l’affaire Benalla vient frapper en plein cœur les débats de l’Assemblée nationale sur la réforme institutionnelle, promise par Emmanuel Macron durant sa campagne. Les ministres sont aux abonnés absents, les députés LREM tétanisés et les deux poids lourds du moment, Christian Jacob chez LR et Jean-Luc Mélenchon chez les Insoumis fusillent à tout va. Les élus en Marche sont cernés, la réforme est interrompue. Elle ne reverra jamais le jour. Le tableau est peu reluisant.
Trois ans plus tard, même torpeur de l’été. Mêmes députés. Nouveaux ministres. Et une crise sanitaire sans précédent qui n’a que trop duré. Les députés ont deux jours pour adopter en urgence un texte qui va fondamentalement changer la vie des Français qui refuseront la vaccination: l’extension du pass sanitaire aux lieux de la vie quotidienne et l’obligation vaccinale pour les soignants.
Le débat est court. Trop court. Et c’est là tout le paradoxe. À l’aune du caractère inédit de la situation, et contraint par deux nuits entières de débats, les causementaires, de tous bords, vont se réveiller. Unies, dès le début du texte, pour dénoncer les conditions du débat, les oppositions vont faire strictement et sans excès entendre leurs droits, comme vous pourrez le voir dans la vidéo ci-dessous.
La majorité aussi a repris des couleurs. En commission, mercredi 21 juillet, le député En Marche Pacôme Rupin ose affirmer qu’il s’oppose au pass sanitaire défendu par son camp. Il ne sera pas inquiété. On est loin de la solidarité imposée à marche forcée par En Marche au début du mandat quand le président du groupe de l’époque, Richard Ferrand martelait, à propos de la loi “asile et immigration”: “S’abstenir, c’est un péché véniel, voter contre, un péché mortel”. Le principe avait coûté sa place au député Jean-Michel Clément qui avait trouvé refuge au sein du groupe centriste bien nommé “Libertés et Territoire”.
Les causementaires En Marche goûtent, peu à peu, aux délices de l’ancien monde
Loin aussi, le temps où sur la même affaire Benalla, Yaël Braun-Pivet qui dirigeait la commission d’enquête n’avait pas réussi à la maintenir en place, faute d’indépendance par rapport au président. Trois en plus tard, toujours à la tête de la commission des Lois, elle propose, s’oppose, et réussit avec sa commission, sur la base d’un amendement LREM, à décaler le pass sanitaire pour les mineurs au mois de septembre, contre l’avis du gouvernement. Exit leur surnom de “playmobil” et la servilité qui leur faisait faire des erreurs fondamentales, les causementaires En Marche reprennent leur liberté et goûtent, peu à peu, aux délices de l’ancien monde.
Loin aussi le temps de l’opposition systématique aux amendements venus d’autres groupes, parfois en dépit du bon sens. Il faut dire qu’avec 1200 amendements travaillés et argumentés en tout, contre les 10.000 que connaissent certains textes, les oppositions n’ont pas fait d’obstruction, mais de la construction. Et ont parfois obtenu gain de cause.
Mon amendement visant à établir des sanctions fermes (5 ans de prison et 75 000 euros d’amende) contre ceux qui s’attaquent à des centres de vaccination a été adopté par l’Assemblée nationale.
— Eric Ciotti (@ECiotti) July 23, 2021
Il est intolérable de s’en prendre à ces centres, ouverts pour sauver des vies.
Tennis et accrobranche, les députés dans le concret
Certes les débats étaient animés, enflammés, houleux parfois, mais c’est le propre d’un Parlement que de causementer. Ils ont eu le sens de la formule, jeudi quand de nombreux députés réclament, sans succès, l’exception du pass pour les activités en plein air. Ils passeront deux heures à démontrer avec humour et malice qu’en jouant au tennis on ne risque rien, car “si on arrive à jouer et embrasser dans le même temps son partenaire, on est très forts”, rigolait l’élu communiste Sébastien Jumel. Le rapporteur Jean-Pierre Pont causera des vestiaires et du club house. Chez LR, Isabelle Valentin relaie les insultes dont est victime un dirigeant d’accrobranche de sa circonscription. Les députés relaient les préoccupations des Français, c’est leur rôle. Ce n’est pas toujours le cas. Le débat est de qualité, on est dans le concret.
#PasseSanitaire pour les activités en extérieur : "Le dirigeant d'un accrobranche m'a appelé hier soir en me disant qu'il s'était fait insulter toute la journée", explique @isavalentin43.#DirectAN#COVID19#PasseSanitairepic.twitter.com/M7N5M5y32j
— LCP (@LCP) July 22, 2021
Même le gouvernement compte désormais sur le Parlement pour faire évoluer le texte. Interrogé jeudi sur les contrôles du pass sanitaire difficiles à appliquer, le ministère de l’Intérieur attendait de voir ce que décideraient les causementaires. Un ordre logique des institutions, rare en Macronie.
Restent les institutions de la Ve république qui donnent la primeur à la majorité. Elle a été réunie. Le texte est passé. Le Sénat jouera son rôle. Le gouvernement gouverne et les oppositions s’opposent. Ainsi va la vie démocratique dans la Ve République.
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