Avec le déconfinement, la France se dirige-t-elle vers un scénario à l'américaine?
CORONAVIRUS - “Vacciner, vacciner, vacciner.” Le 31 mars dernier, au cours de l’allocution durant laquelle il annonçait un troisième confinement national pour faire face à une nouvelle flambée de l’épidémie de covid-19, Emmanuel Macron promettait...
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CORONAVIRUS - “Vacciner, vacciner, vacciner.” Le 31 mars dernier, au cours de l’allocution durant laquelle il annonçait un troisième confinement national pour faire face à une nouvelle flambée de l’épidémie de covid-19, Emmanuel Macron promettait malgré tout l’arrivée prochaine de “jours meilleurs”. Et cela grâce à une stratégie: la vaccination de masse.
Deux semaines plus tard, ce jeudi 15 avril, une réunion à laquelle participent le chef de l’État et une dizaine de ministres se tient, avec pour objectif de préparer l’allègement progressif des mesures sanitaires et donc le déconfinement, pour lequel Emmanuel Macron s’est fixé pour horizon la mi-mai. L’objectif est d’arrêter un calendrier de retour à la normale, avec notamment des dates pour la réouverture des terrasses de cafés et restaurants, des lieux de culture, des commerces dits non essentiels, la reprise des rassemblements de personnes etc.
Pourtant, et alors que la situation sanitaire du pays est toujours particulièrement tendue pour les personnels de santé et que le pic des hospitalisations n’a pas encore été atteint d’après le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, ce n’est pas parce que la France se déconfinera qu’elle sera tirée d’affaire. Et à cet égard, l’exemple des États-Unis est éloquent.
La vaccination sur-performe aux États-Unis, mais...
Outre-Atlantique, selon les données collectées par le New York Times et l’Université d’Oxford, ce sont 59 doses de vaccin qui ont été injectées pour cent habitants (contre 23 en France). Résultat: le pays se rouvre progressivement, à l’image de ce qu’il se passe à Las Vegas ou Los Angeles, comme nous le racontions ces dernières semaines.
Partout dans le pays, les habitants peuvent petit à petit retrouver les tables de leurs restaurants préférés, les boutiques accueillent à nouveau du public, les supporters peuvent retourner dans les stades de baseball ou les salles NBA, et les Américains se remettent même à voyager à l’intérieur de leurs frontières. Un retour à la vie d’avant qui semble logique quand on sait que certains États proposent désormais la vaccination à tous les adultes dès 16 ans et que le président Biden a doublé l’objectif initial de 100 millions de vaccinés au cours des cent 1ers jours de son mandat à la Maison Blanche.
Et pourtant, il y a un hic, qui peut se résumer ainsi: les courbes ne baissent pas. Aux États-Unis, depuis la fin du mois de mars, le nombre de cas de coronavirus enregistrés quotidiennement est même reparti à la hausse. Et cela pour une raison simple: à mesure que la part de la population vaccinée augmente, l’attention portée aux gestes barrière et à la distanciation sociale se relâche. Notamment chez les publics moins directement menacés par la maladie, ce qui se traduit par une déportation des contaminations chez les jeunes.
La France a déjà connu un relâchement
Or à cet égard, la France a déjà prouvé qu’elle était prompte au relâchement. Le 6 mai 2020, alors que le processus de sortie du 1er confinement avait été enclenché et devait débuter quelques jours plus tard, Jean Castex -qui n’était alors pas encore Premier ministre, mais “coordinateur national de la stratégie de déconfinement”- prévenait que le respect des gestes barrière et la distanciation sociale étaient de moins en moins appliqués.
Un constat qu’il allait se confirmer dans les jours suivants, que ce soit par une saisine du Conseil d’État en juillet visant à rendre le masque obligatoire dans l’espace public pour éviter une seconde vague, par le cri d’alerte lancé au même moment par le président du conseil scientifique sur la distanciation sociale ou par le coup de sang des autorités après avoir observé de nombreux rassemblements en public durant les 1ers jours de l’été.
Dans son baromètre sur le coronavirus du 31 mai, Ipsos constatait ainsi une inquiétante baisse de l’attention réservée aux gestes barrière: le fait de se laver les mains plusieurs fois par jour ne concernait plus que 60% des Français, soit la même proportion que ceux qui évitaient les fêtes et les rassemblement. Et un chiffre de l’enquête symbolisait à merveille cette idée de relâchement: l’épidémie n’était plus le sujet de préoccupation principale que de 56% des Français, le niveau le plus bas depuis le début de l’épidémie.
Toute la société n’est pas protégée
Un constat à garder à l’esprit an plus tard. D’autant qu’en ce printemps 2021, un nouveau risque guette la population en cas de déconfinement: la présence de variants plus contagieux et parfois même résistants à certains vaccins, comme on l’a vu en Moselle avec les mutations dites sud-africaines du Sars-CoV-2 qui résistent mieux au sérum d’AstraZeneca que les autres variations du virus.
Car d’autres exemples que celui des États-Unis existent dans des pays qui ont largement vaccinés, mais qui voient tout de même le nombre de contaminations repartir à la hausse. C’est le cas du Chili, où le vaccin utilisé (le chinois Sinovac) n’est efficace qu’à 54,4% contre le coronavirus deux semaines après avoir reçu la deuxième dose. Un niveau de protection insuffisant pour garantir le contrôle de l’épidémie si les gestes barrières se relâchent. En France, les vaccins utilisés sont bien plus efficaces, mais des variants résistants pourraient représenter des trous non négligeables dans la raquette, raison pour laquelle les autorités sanitaires ont par exemple demandé de limiter l’utilisation du sérum d’AstraZeneca là où le variant sud-africain prédomine.
Enfin, le dernier paramètre à garder à l’esprit au regard de ces précédents étrangers est celui des couches de la population vaccinées. Aux États-Unis, on l’a dit, la contamination est notamment repartie à la hausse chez les plus adolescents et les jeunes adultes. Un risque qui existe encore plus fortement en France, où la vaccination ne concernera à partir du 16 avril -pour les personnes ne présentant pas de comorbidités et n’appartenant pas aux publics prioritaires- que les plus de 60 ans. Ce qui laisse une très large part de la société non protégée, et donc à risque en cas de relâchement généralisé des gestes barrière.
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