Avec le pass sanitaire, Macron fait le pari de la vaccination à marche forcée
SCIENCE - “Reconnaître le civisme et faire porter les restrictions sur les non-vaccinés plutôt que sur tous”. Emmanuel Macron a été clair dans son discours ce 12 juillet. Face à la nouvelle vague de Covid-19, la France a un “atout maître, le...
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SCIENCE - “Reconnaître le civisme et faire porter les restrictions sur les non-vaccinés plutôt que sur tous”. Emmanuel Macron a été clair dans son discours ce 12 juillet. Face à la nouvelle vague de Covid-19, la France a un “atout maître, le vaccin”. Et l’idée, c’est de renforcer le mur vaccinal à marche forcée.
Si le président a rendu la vaccination obligatoire pour les soignants, il a renvoyé le débat de son élargissement à toute la population à une possible aggravation de la situation après la rentrée ou à l’automne. En attendant, Emmanuel Macron a préféré rendre le vaccin non pas obligatoire, mais très nécessaire, grâce à un pass sanitaire étendu à la quasi-totalité des activités réalisées dans la sphère publique. Tout en prévoyant pour l’automne la fin de la gratuité des tests PCR, qui sont aujourd’hui une alternative au vaccin.
Des décisions drastiques qui vont créer de nombreux débats, mais jugés indispensables par le président face à situation qui n’est pas réjouissante du côté de l’épidémie de Covid-19. Le nombre de cas augmente de manière exponentielle depuis plusieurs jours en France, porté par la dominance du variant Delta, bien plus contagieux.
Si les hospitalisations sont au plus bas, on voit bien au Royaume-Uni qu’elles montent lentement, mais sûrement. Pire: les modèles de l’Institut Pasteur estiment qu’avec la couverture vaccinale attendue fin août, la vague hospitalière pourrait égaler en septembre celle de l’automne 2020.
En élargissant drastiquement le pass sanitaire et en annonçant le futur déremboursement des tests PCR dits de “confort”, Emmanuel Macron espère réussir à faire deux choses. D’abord, “pousser le maximum [des Français] à aller [se] faire vacciner” (le site Doctolib a d’ailleurs été pris d’assaut pendant l’allocution), mais aussi à réduire la circulation du coronavirus en éloignant les non-vaccinés des lieux à risque, sans entraver la liberté des vaccinés et sans imposer de nouvelles fermetures.
Le bâton plutôt que la carotte
Pendant toute le campagne de vaccination, le gouvernement a misé sur une méthode douce pour faire grimper le nombre de doses injectées. Le nudge, une théorie qui a le vent en poupe, théorise l’idée que des petits riens peuvent inciter à sauter le pas de la vaccination. À l’instar des SMS personnalisés, d’un café après la piqûre, de rendez-vous simplifiés ou encore de loteries pour les vaccinés.
Mais à l’heure du variant Delta, la crainte de l’exécutif, c’est que la carotte ne suffise plus. Certes, le nombre de nouvelles doses injectées augmente doucement depuis une semaine, mais le rythme est bien trop faible pour atteindre rapidement une couverture vaccinale de 80% la population; pour l’heure 40% des Français ont un schéma vaccinal complet.
Pour autant, rendre la vaccination obligatoire pour tous semble compliqué. Même la décision de l’imposer aux soignants (d’ici au 15 septembre) a mis du temps à faire consensus au sein des chercheurs et autorités de santé.
Plutôt que de lancer une bombe, Emmanuel Macron a donc choisi un bâton déguisé en baguette magique, un pass sanitaire devenu sésame de toute activité sociale publique.
Pourquoi dérembourser les tests PCR?
Mais s’il ouvrira les portes des bars, restaurants et cinémas (voir la vidéo ci-dessous), le pass sanitaire n’est pas parfait. On peut très bien être négatif à un test PCR la veille et contaminant le lendemain. Surtout, reste à voir à quel point ce dispositif sera appliqué avec rigueur. L’exemple d’un gigantesque cluster dans une boite de nuit néerlandaise pourtant soumise au précieux sésame l’a bien montré.
Et justement, Emmanuel Macron a annoncé que “dès cet automne, les tests PCR seront rendus payants, sauf prescription médicale, ceci pour encourager la vaccination plutôt que la multiplication des tests”. Le timing n’est pas anodin. Si l’on se fait vacciner à la fin juillet, il faudra attendre la mi-septembre pour disposer d’un schéma de vaccination complet, et donc du pass sanitaire.
En rendant les tests payant, le président force un peu plus pour rendre les lieux collectifs accessibles uniquement ou presque aux personnes vaccinées. Logique d’un point de vue épidémiologique: selon les modèles de l’institut Pasteur, il est quasiment inutile de cibler les vaccinés avec des mesures visant à réduire le nombre de contacts pour faire baisser la circulation du virus.
Reste à voir si ce pass vaccinal qui ne dit pas son nom fera sens socialement, éthiquement et pratiquement. Quel sera le ressenti des hésitants et des opposés aux vaccins? Comment les restaurateurs vont-ils pouvoir jouer le jeu, notamment en terrasse dans des lieux de passage? Quelle part des non-vaccinés vont accepter de marcher pour éviter le bâton? Des réponses à ces questions dépendent “l’unité” du pays évoquée par Emmanuel Macron, mais aussi le futur de l’épidémie de coronavirus.
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