Avec “Loving in Stereo”, Jungle va faire trembler les dancefloors
Par le passé, Josh Lloyd-Watson et Tom McFarland flirtaient sans limite avec la néosoul, empruntaient leur suavité à une sorte de croisement entre The Polyphonic Spree et Stevie Wonder, et trouvaient dans le sample une source d’inspiration...
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Par le passé, Josh Lloyd-Watson et Tom McFarland flirtaient sans limite avec la néosoul, empruntaient leur suavité à une sorte de croisement entre The Polyphonic Spree et Stevie Wonder, et trouvaient dans le sample une source d’inspiration qui faisait tout le charme de For Ever, leur deuxième album.
Entre-temps, les Londoniens semblent s’être plongés dans le disco, et toute cette extravagance, cette science du groove arrondi et des mélodies clinquantes, n’est visiblement pas tombée dans l’oreille interne de deux sourds : “Le disco, c’est ce qui vous donne envie de bouger, clame Josh, sûr de son coup. C’est une mélodie avec un refrain qui séduit illico et incite à danser sans en avoir réellement conscience.”
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Euphorie sous la boule à façettes
Les quatorze titres réunis sur Loving in Stereo portent ainsi le joug joyeux de cette époque révolue, mélange d’orchestrations gracieuses et de rythmiques électroniques, de maniaquerie et de lâcher-prise. De Keep Moving, 1er single en forme d’ascenseur vers l’extase, à l’ultime Can’t Stop the Stars, cette musique est tellement dansante qu’elle devrait être commercialisée avec quelques mises en garde.
Sa densité, son immédiateté pop et sa production chaleureuse peuvent mener rapidement à l’euphorie sous la boule à facettes. “Toute notre musique est basée sur le groove, donc nous avons tendance à vouloir bouger grâce à elle”, nous expliquent les deux comparses. Keep Moving est en cela exemplaire.
“C’est le single que nous rêvions de faire depuis des années, il incarne l’archétype du son Jungle. Tout simplement parce que c’est un morceau de dance music, mais pas dans le sens où il emprunterait ses codes à la techno ou aux clubs. On a toujours souhaité qu’il ait cette fibre funk.”
À écouter Josh Lloyd-Watson et Tom McFarland, on comprend que les sessions d’enregistrement de Loving in Stereo ont été pour les deux têtes pensantes de Jungle une cour de récréation où disco, funk et textures électroniques ont pu fricoter ensemble, se nourrissant les uns des autres, sans calcul, ni cynisme.
Comment se crée un morceau de dance ?
“Loving In Stereo a été réalisé ces deux dernières années, principalement avant la pandémie, précise Josh. Quand le confinement mondial a été acté, ça nous a permis de prendre le temps et de travailler les chansons que nous voulions vraiment sur ce disque.”
”On avait 200 ou 300 demos, comme c’est souvent le cas, alors on a fait en sorte de pouvoir coller toutes ces idées entre elles. Le but était de rassembler les morceaux qui nous faisaient ressentir quelque chose, à l’instinct.” De son côté, Tom y voit plus volontiers une évolution flagrante entre ce troisième long-format et le précédent, paru en 2018.
“Si un morceau met l’ambiance dans le studio, c’est déjà bon signe.”
“Sur For Ever, on s’était sans doute posé trop de questions. Là, Loving In Stereo est une réaction, une envie de faire confiance à nos idées les plus spontanées. L’idée était de s’amuser, de faire danser les gens”. Quant à savoir comment se crée un morceau de dance, le duo émet quelques pistes, légèrement conceptuelles, mais visiblement essentielles à leur processus créatif :
“Si un morceau met l’ambiance dans le studio, c’est déjà bon signe. Ensuite, il faut se libérer du point de vue des paroles, ne pas tout intellectualiser et écouter les disques de Giorgio Moroder ou Donna Summer pour essayer d’atteindre le même niveau de coolitude.”
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Des refrains fédérateurs
Loving In Stereo, c’est donc un album sur la fête, ses engagements et ses utopies que l’on tente de prolonger le plus longtemps possible, sans se soucier une seconde des 1ères lueurs du jour. “La danse, c’est un peu comme le football”, osent-ils métaphoriser.
“Elle rapproche les gens d’une manière étrange et paraît être fondamentale pour les êtres humains. Ce rythme interne, les battements du cœur, c’est ce qui nous maintient en vie et unit réellement les peuples.” No Rules dit l’un des morceaux. C’est partiellement faux à l’écoute de ces chansons, qui en disent long sur le nombre d’albums hérités des seventies qui doivent traîner dans les ordinateurs de ce duo débordant d’idées et d’envies.
C’est en partie vrai également à l’écoute de Loving in Stereo : un disque qui invite à l’abandon, à capituler face à tant de refrains fédérateurs qui laissent entrevoir ce qu’aurait donné Joseph Mount s’il avait opté pour les costumes pailletés plutôt que pour la langueur de la Riviera anglaise.
Loving in Stereo (Caiola Records/AWAL). Sortie le 13 août