Avec “Sea of Mirrors” et “Holy Joe’s Coral Island Medicine Show”, The Coral fait coup double en beauté

Le précédent album signé The Coral était double et conceptuel, autour d’une station balnéaire imaginaire, Coral Island (2021). Afin d’y donner suite aujourd’hui, les Liverpuldiens publient cette fois deux œuvres distinctes : Sea of Mirrors,...

Avec “Sea of Mirrors” et “Holy Joe’s Coral Island Medicine Show”, The Coral fait coup double en beauté

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Le précédent album signé The Coral était double et conceptuel, autour d’une station balnéaire imaginaire, Coral Island (2021). Afin d’y donner suite aujourd’hui, les Liverpuldiens publient cette fois deux œuvres distinctes : Sea of Mirrors, qui relève d’un tout autre concept (la bande-son d’un western-spaghetti fantasmé) et Holy Joe’s Coral Island Medicine Show (uniquement disponible en support physique et en quantité limitée), qui, lui, est un spin-off de Coral Island (2021) sous la forme d’une émission de radio lugubre.

Continuité d’un univers prolifique

Vous avez du mal à suivre ? Aucune importance, car encore une fois avec le gang des frères Skelly, ce sont les chansons qui comptent avant tout. Renouant avec le côté profus de leur début de carrière (entre 2002 et 2004, quand The Coral sortait plusieurs disques par an, zigzagant entre sorties classiques et, déjà, concepts obscurs), ces orfèvres pop, toujours aussi cruellement sous le radar, ont scindé en deux leur nouvelle moisson de mélodies immédiatement intemporelles. Sea of Mirrors, le plus “officiel” des deux, hérite des titres les plus ouvragés et d’arrangements somptueux (Sean O’Hagan des High Llamas est aux cordes), que l’élégante production n’a besoin que d’accompagner de son écrin velouté – un rapport arrangements/production à l’inverse donc de Move Through the Dawn, l’album plus criard et cheap de 2018, qui pourtant regorge lui aussi de titres irrésistibles.

On sent ici le groupe inspiré par Love – qui avait reproduit la mise en page de Forever Changes (1967) sur la pochette de son grandiose Butterfly House en 2010 – revenir sur les terres enchantées de son joyau Roots & Echoes (2007). Le souffle d’Ennio Morricone et de Van Dyke Parks gonfle les voiles de ce disque, qui ne touche plus terre sur des splendeurs comme Faraway Worlds, Wild Bird ou Oceans Apart.

Un chef-d’œuvre collatéral

À l’ombre d’un tel accomplissement, le plus (volontairement) discret Holy Joe’s Coral Island Medicine Show pourrait passer à l’as. Ce serait un tort considérable. Sous ses dehors de blague à la Nightfreak and the Sons of Becker (l’album hirsute et collector de 2003), ce disque aux atours folk gothique atteint les cimes délicates de l’inusable Magic and Medicine (2003 encore) et partage avec son jumeau un tropisme Lee Hazelwood parfaitement assumé. Entre deux intermèdes parodico-crépusculaires du DJ-narrateur incarné par le grand-père des Skelly, file une traînée de titres parfaits, du chaloupé Sinner au duo Long Drive to the City (avec Rianne Downey) en passant par un Leave This Town, qui, à l’époque, aurait sans doute été adaptée par Joe Dassin – c’est dire la qualité suprême de l’affaire.

Avec Baby Face Nelson, la bande se paie même un de ces moments de récréation négligemment radieux qui émaillaient le double blanc de leurs ancêtres. En préférant deux disques courts à un seul festin composite, The Coral dépasse en cohérence et en finesse son déjà remarquable Coral Island. Et prouve qu’après plus de vingt ans de carrière, il reste le trésor le mieux gardé et le plus étincelant de la pop anglaise.

Sea of Mirrors et Holy Joe’s Coral Island Medicine Show (Run On Records/Modern Sky UK). Sortis depuis le 8 septembre 2023.