Avec “The Rat Road”, SBTRKT signe un retour inespéré

Il faut bien avouer que l’on n’attendait plus grand-chose de SBTRKT. En 2016, déjà, l’autoproduit (et inégal) Save Yourself n’avait pas vraiment convaincu. On se disait alors naïvement que le producteur londonien avait fait son temps, que sa...

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Il faut bien avouer que l’on n’attendait plus grand-chose de SBTRKT. En 2016, déjà, l’autoproduit (et inégal) Save Yourself n’avait pas vraiment convaincu. On se disait alors naïvement que le producteur londonien avait fait son temps, que sa science des basses n’intéressait plus personne, qu’il était finalement passé à côté d’une carrière à la James Blake ou, plus modestement, de Mount Kimbie. Ces derniers mois, deux événements sont pourtant venus rappeler l’aura dont jouit encore SBTRKT, douze ans après le séisme électronique provoqué par la sortie de son 1er album.

Il y a d’abord eu ces quelques notes de Forward résonnant en conclusion de Jimmy Cooks, l’un des grands moments du dernier album de Drake (Honestly, Nevermind) – rappelons que l’Anglais et le Canadien avaient déjà collaboré ensemble sur un remix de Wildfire en 2011. Puis, en février, il y a eu ce mix de 2 heures donné sur NTS, entre folk, electronica, bass music et UK Garage. Fallait-il y voir là les 1ères bribes d’un nouveau long format ? Difficile d’aller contre cette idée quand on sait à quel point The Rat Road, le temps de vingt-deux morceaux profondément disparates, déploie une myriade d’influences, encourageant les contrepieds, s’autorisant les changements de beats, parfois au sein d’un même morceau (Demons).

Reprendre le fil de son histoire

Déroutant, le résultat souligne toutefois la capacité de ce vieux briscard des platines à changer de cap, à se mettre en danger. Il paraît d’ailleurs indéniable qu’une forme de mise à nu soit à l’œuvre sur The Rat Road, ce disque où Aaron Jerome se débarrasse définitivement de son célèbre masque. Comme si SBTRKT ne se définissait plus simplement via une apparence, mais également grâce à une voix. Comme s’il était question de reprendre le fil de sa propre histoire, éclatée entre ses origines africaines, indiennes et britanniques, mais intrinsèquement liée à l’évolution des sociétés occidentales.

À travers les voix de Sampha, Little Dragon, Toro Y Moi ou encore D Double E, ce sont donc l’anxiété collective, les problématiques sociales et les remous politiques actuels qui résonnent de Remnant à I See A Stair, de Limitless à You, Love. Autant de morceaux, profondément pop, qui ne font même pas semblant de dompter les sautes d’humeur de leur auteur, incapable de choisir entre les complexités rythmiques du footwork et un énorme clin d’œil à toutes ces beat tapes parues au cours des années 2000. Suffisant pour voir en The Rat Road le digne successeur de SBTRKT ? Ce quatrième long format n’en a peut-être pas la cohérence, ni la puissance, mais il demeure tout de même un objet séduisant.

The Rat Road (-AWAL-). Sortie le 5 mai.