Baptiste Beaulieu, médecin touché par les troubles du comportement alimentaire, se révèle

SANTÉ - “C’est dur de causer de ça et j’ai hésité.” Le médecin généraliste et romancier Baptiste Beaulieu a publié ce dimanche 4 juillet un texte sur Instagram relatif à une souffrance personnelle, son “trouble compulsif alimentaire”. D’après...

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SANTÉ - “C’est dur de causer de ça et j’ai hésité.” Le médecin généraliste et romancier Baptiste Beaulieu a publié ce dimanche 4 juillet un texte sur Instagram relatif à une souffrance personnelle, son “trouble compulsif alimentaire”. D’après le médecin, ce trouble toucherait de nombreux soignants.

“Quand j’ai commencé mon activité de médecin libéral, écrit-il, je pesais 76 kg. Quatre ans plus tard, j’atteignais les 93 kg. (...) Un patient qui pose une plainte sur mon bureau? Une petite sucrerie pour me consoler (de quoi? Je sais pas.) (...) Une femme battue pleure dans ton bureau? Tu rentres et vides littéralement un paquet de schokobons.” 

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Compulsion alimentaire

A priori, vider un paquet de gâteaux ou un sachet de bonbons n’est pas forcément alarmant, du moins en comparaison avec d’autres addictions. Mais lorsque cela devient une source de souffrance, on peut qualifier cette pratique de “trouble du comportement alimentaire”.

″Tu en arrives à détester ce rapport passionné et culpabilisant avec la bouffe, écrit-il (...) tu te dégoûtes, tu fuis les miroirs, tu t’accuses d’être faible (...) puis tu commences à cacher les papiers d’emballage vides pour que ton entourage ne sache rien.”

Dans le cas de Baptiste Beaulieu, dont le cinquième roman vient de sortir chez Fayard, le trouble dont il cause ne fait pas partie de la nomenclature habituelle des troubles des conduites alimentaires. 

Les spécialistes causent de “compulsion alimentaire”, qui n’a pas vocation à entraîner des comportements de restriction pour les contrebalancer, comme les vomissements ou les interdits alimentaires. En revanche, ces compulsions peuvent générer de la souffrance et doivent être reconnues comme un trouble alimentaire.

Pourquoi les soignants en particulier?

Dans ce que décrit Baptiste Beaulieu, cette communauté de souffrance peut se retrouver chez les soignants en particulier.

“J’avais envie d’en causer, écrit-il au départ, car ça peut aider des gens (spécifiquement des soignants) à se sentir moins seuls avec ça.”

La psychothérapeute Brigitte Ballandras, spécialisée dans les troubles des conduites alimentaires (TCA), et présidente de l’association Affects et Aliments, le rappelle, “les soignants sont des personnes à risque en ce qui concerne les TCA. Comme l’a démontré la psychanalyste Gisele Harrus-Revidi dans son ouvrage Parents immatures et enfants adultes, on ne devient pas soignant par hasard. Le projet de soin s’inscrit dans une démarche de réparation par rapport à ses parents. On n’est pas soignants pour rien, on a déjà des charges personnelles sur les épaules, donc une vulnérabilité particulière. Et celle-ci peut s’exprimer par la prise de poids. C’est en tous cas ce qui est arrivé au médecin Baptiste Beaulieu.”

Traumatisme vicariant

La paire-aidante, Juliette De Salle, investie auprès des diabétiques qui présentent des TCA, le souligne: “les soignants peuvent avoir à subir ce que l’on appelle le traumatisme vicariant.” A force d’écouter les récits difficiles des patients, le soignant peut commencer à vivre leur traumatisme par procuration.

Tout comme la fatigue de compassion ou le stress traumatique secondaire, le traumatisme vicariant est un effet secondaire potentiel pour les soignants. 

“Il s’agit en général de soignants qui n’ont pas traité psychiquement la charge émotionnelle de leur métier, explique Brigitte Ballandras. Il faut l’analyser, et détecter ensuite ses réactions comportementales. Chacun réagit différemment. Certains par la nourriture, d’autres par l’alcool.”

Le traumatisme vicariant a fait l’objet de plusieurs publications scientifiques.

Cependant, le texte de Baptiste Beaulieu se termine sur l’idée qu’on peut se sortir de ces troubles en “nommant les choses”: “Ce que j’arrive à guérir en moi, (...) c’est mon rapport infernal et passionné à la bouffe consolatrice.”

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