Barbara Carlotti : “Impossible de résumer le sexe…”

Ton 1er souvenir d’image érotique ? Dans un coin caché du Verghellu dans la montagne corse, la cascade qui jaillit entre deux immenses rochers, une source de diamants qui tombe infiniment dans le petit lac au centre, l’enceinte rocheuse sous...

Barbara Carlotti : “Impossible de résumer le sexe…”

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Ton 1er souvenir d’image érotique ?

Dans un coin caché du Verghellu dans la montagne corse, la cascade qui jaillit entre deux immenses rochers, une source de diamants qui tombe infiniment dans le petit lac au centre, l’enceinte rocheuse sous les grands arbres l’été, où l’on se baigne nu dans l’eau glacée… J’en fais le récit dans mon livre dans l’histoire intitulée “Femme cascade”.

Avec quelle image de la féminité as-tu grandi ?

Un mélange dans ma famille de femmes fortes et rebelles et de femmes obligées de se soumettre à un ordre masculin, un tissage complexe qu’il faut apprendre à démêler. Mais j’ai aussi grandi avec les chansons de Madonna, l’effrontée numéro un de la musique pop belle, rebelle, libre, et comme j’ai lu Orlando de Virginia Woolf à 20 ans, j’ai aussi évolué avec l’idée de fluidité de genre, donc une idée de l’identité libre et à inventer selon sa sensibilité.

Une icône érotique ?

J’aime le côté amazone guerrière de Beyoncé, le sourire malicieux et le regard amusé de Scarlett Johansson.

Un·e artiste sexy ?

Marjorie Cameron, ses dessins de femmes.

Qu’est-ce qui est le plus excitant : les images, les mots ou les sons ?

La voix, rien de plus excitant et capiteux qu’une belle voix : tu peux fermer les yeux, elle fera vibrer ton âme et ton corps, la voix est magnétique.

La musique la plus sexy du monde ?

La musique de Prince, on ne peut pas lutter contre la rythmique de Kiss, qui donne immédiatement envie, le solo de guitare introductif de When Doves Cry, sa voix au début de Let’s Go Crazy, sans causer du cri de Cream

Le morceau le plus hot ?

J’avoue fondre totalement quand j’écoute Lying Has to Stop de Soft Hair, meilleure collaboration du monde entre Connan Mockasin et Sam Dust. Sans oublier la pochette de l’album avec le boa jaune. Et quand Connan chante “Oh yeah” avec sa petite voix fluette parce que le beau est toujours bizarre et le sexy, toujours à la lisière du mauvais goût. Je craque aussi sur la chanson Sexe d’Yseult, je la connais par cœur et j’adore cette femme, sa voix et sa présence magnifique.

L’instrument le plus sexy ?

J’hésite avec la guitare électrique, mais je crois qu’au fond le saxophone est le plus sexy. J’avais demandé à Thomas de Pourquery de faire un solo très sexe sur ma chanson Phénomène composite de l’album Magnétique [2018] et je suis toujours émoustillée quand je l’écoute.

Le vêtement qui respire le sexe ?

Tous et aucun, c’est la façon dont on le porte, mais je ne sais pas pourquoi je pense à une photo de Gabriele D’Annunzio à Francavilla en septembre 1888 sur la plage, entouré d’un grand voile blanc, qui me fait penser aussi à la fin du clip de Philippe Katerine de La Banane, où il est également élégamment enveloppé dans un voile blanc avec sa banane à la main…

La boisson la plus sexy ?

Ma recette de jus de gingembre à base de purée de gingembre fraîchement râpé, un peu de jus de citron vert, de l’eau filtrée et une pointe de miel, piquant et rafraîchissant, à consommer sans modération.

Ta scène de sexe préférée au cinéma ?

La représentation de la sexualité dans les films est toujours limitée et m’intéresse moins que dans la littérature ou la musique, mais quand elle devient métaphorique ou magique, elle se dévoile enfin sensible. La scène la plus sulfureuse pour moi est dans Les Garçons sauvages de Bertrand Mandico, lorsqu’ils explorent la forêt tropicale sur l’île mystérieuse, goûtent des fruits juteux qui éjaculent à même les arbres, touchent des champignons aux formes évocatrices, caressent le végétal qui gicle et qui suinte… C’est une véritable apothéose cinématographique.

La clé du bon sexe ?

Amour et liberté. Je crois qu’on ne baise jamais aussi bien que quand on aime son corps et le corps de l’autre et qu’on se sent libre de tout expérimenter avec elle, lui, iel ou eux.

Le mot qui résume le sexe ?

Impossible à résumer, mais toujours à explorer.

L’Art et la manière (Seuil/“Cadre rouge”), 224 p., 17,50 €. En librairie.