Bayrou réclame un référendum à Macron sur la proportionnelle

POLITIQUE - Quasiment enterrée malgré les promesses d’Emmanuel Macron, l’idée de tenir les prochaines élections législatives au scrutin proportionnel est toujours soutenue par le MoDem, dont le président François Bayrou milite pour que la question...

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Bayrou réclame un référendum à Macron sur la proportionnelle (photo d'archive d'Emmanuel Macron et Francois Bayrou, prise en février 2017)

POLITIQUE - Quasiment enterrée malgré les promesses d’Emmanuel Macron, l’idée de tenir les prochaines élections législatives au scrutin proportionnel est toujours soutenue par le MoDem, dont le président François Bayrou milite pour que la question soit tranchée par un référendum.

Dans une interview au Figaro publiée le lundi 25 janvier, le président du Modem a estimé qu’“il faut demander aux Français ce qu’ils pensent de la proportionnelle par référendum”. “Si la volonté existe, on a le temps de procéder par la voie parlementaire. Mais s’il y a des doutes, des interrogations, il est une chose facile à faire. C’est de demander aux Français ce qu’ils en pensent par référendum. Il y a eu engagement. Il faut tenir cet engagement“, fait-il valoir, défendant un “seuil à 5%”. 

“On a vu, ces dernières années, des scores majeurs, par millions de suffrages, à l’élection présidentielle, se solder par 1% des sièges à l’Assemblée! Comment les citoyens accorderaient-ils du crédit à une Assemblée où une majorité d’entre eux n’est pas représentée?”, souligne-t-il. 

Pourtant argument de campagne d’Emmanuel Macron, l’introduction de la proportionnelle s’est encalminée d’une crise à l’autre, même si en avril 2019, le chef de l’État assurait encore vouloir porter la dose à 20% en 2022. “Je pense que c’est ce qui permet de représenter toutes les familles politiques sans créer une situation ingouvernable”, avait-il notamment estimé. Mais depuis, englué dans l’épidémie de Covid-19, le sommet de l’exécutif a relégué le sujet au second rang.

En septembre 2020, le ministre de l’Intérieur avait malgré tout remis le débat sur le tapis, affirmant qu’Emmanuel Macron allait mener des consultations sur le sujet avec l’ensemble des partis politiques. 

Un référendum face à l’urgence

Pour accélérer les choses, François Bayrou va lui envoyer une lettre au chef de l’État, qu’il a préalablement soumise aux responsables politiques de tous bords. Car le temps presse: la loi interdit en effet de retoucher le mode de scrutin moins d’un an avant sa tenue, c’est-à-dire qu’une réforme doit être adoptée d’ici cinq mois pour des élections en 2022.

Dans ce courrier que l’AFP s’est procuré, le leader centriste déplore “la brutalité” du scrutin majoritaire, dans lequel “ni le pluralisme, ni l’équité ne sont respectés” et appelle à “un changement de culture politique qui permette, entre les différents courants politiques, chaque fois que possible, dialogue et co-responsabilité”.

Moins radical, mais tout aussi déterminé à faire aboutir cette proposition, le patron des députés MoDem Patrick Mignola va de son côté déposer avec son groupe un amendement en faveur de la proportionnelle au projet de loi de report des élections régionales, même s’il a de grandes chances d’être retoqué en raison de son éloignement du texte examiné à partir du 3 février à l’Assemblée. 

Cent députés RN?

Du côté de l’exécutif, pour l’heure, le retour de ce débat fait grimacer: ”Étant donné la priorité donnée à la gestion de la crise et à la relance, et le calendrier parlementaire bien rempli, cette réforme n’est pas une priorité à ce stade”, s’agace l’entourage d’Emmanuel Macron.

Même tiédeur à La République en marche, dont le numéro un, Stanislas Guerini, estime que le “sujet est à regarder de façon plus large en 2022, pour un souffle nouveau à notre démocratie”. “Je pense que le moment n’est pas là” vu “les tensions, les oppositions et aussi la résistance au Sénat”, abonde encore un autre ténor du parti, appelant à ne pas bouger ces curseurs “dans l’urgence électorale”.

En petit comité il y a deux semaines, le président (LR) du Sénat Gérard Larcher ne s’est pas privé de battre l’idée en brèche, invoquant au passage le risque accru de déconnexion entre “parlementaires et citoyens”.

À défaut du soutien de LREM, et espérant faire basculer le rapport de force, le MoDem espère susciter un large débat en embarquant d’autres composantes de l’échiquier, dont La France insoumise et surtout le Rassemblement national, qui profiterait en premier lieu de cette réforme.

“Le RN représente des millions de Français: va-t-on accepter longtemps qu’ils soient privés d’expression politique par un mode de scrutin inique?”, tempêtait encore mardi Marine Le Pen, réagissant à des propos rapportés du patron des députés LREM Christophe Castaner qui s’inquiétait de voir entrer à l’Assemblée une centaine d’élus RN. Comme en 1986, lorsque le FN avait raflé 35 sièges.

Un point de vue qui rejoint celui de François Bayrou. Rappelant qu’il a “affronté le Front national toute sa vie sur tous les grands sujets”, le président du Modem déplore cependant un “déséquilibre du raisonnement”. “Il n’y a pas de députés, s’il n’y a pas d’électeurs! Et ce sont les électeurs que nous avons le devoir constitutionnel de représenter justement. Qu’ils soient d’extrême droite, d’extrême gauche, du centre ou des écologistes. (…) Marine Le Pen, par la carence de ses concurrents, était au deuxième tour de l’élection présidentielle. Qui peut avoir le front de dire que ses 10,5 millions d’électeurs doivent être rayés d’un trait de plume?”, plaide-t-il dans Le Figaro.  

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