“Beast” : Idris Elba s’embourbe dans un pot-pourri de clichés africains
Il y a, chez le pourtant très élégant Idris Elba, un certain penchant pour les projets-catastrophe, qu’il appelle sans doute en privé son “goût du risque”, mais qui fait de sa filmographie un sacré ride de montagnes russes, dont l’itinéraire...
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Il y a, chez le pourtant très élégant Idris Elba, un certain penchant pour les projets-catastrophe, qu’il appelle sans doute en privé son “goût du risque”, mais qui fait de sa filmographie un sacré ride de montagnes russes, dont l’itinéraire s’aventure très souvent au-delà des frontières du mauvais goût : nanars de légende (Cats), franchises très chahutées (Suicide Squad), jusqu’à ce nouveau film du spécialiste du survival low cost, Baltasar Kormákur (Everest). Dans le rôle d’un médecin embourgeoisé et éloigné de ses filles, qu’il accompagne en vacances dans une réserve sud-africaine ayant vu grandir leur mère récemment défunte, Elba va devoir affronter un lion tueur d’hommes et retrouver sa place de patriarche.
Dernier né d’une vieille tradition de série B d’animaux tueurs, Beast a un drôle d’aspect, à la fois bâclé et ambitieux : pas cher et ça se voit, totalement formaté par des artifices de manuel de scénario pachydermiques, le film a souvent l’air de vouloir s’expédier pour être oublié au plus vite, mais, paradoxalement, aussi de nous en mettre plein la vue, à travers, notamment, un usage récurrent du plan-séquence. Avec ces longues coulées qui s’infligent – par-dessus le marché – le défi pas vraiment relevé de masquer la frontière entre CGI et prises de vues réelles (les transitions d’un visage filmé à sa reproduction en images de synthèse font l’effet d’un mauvais morphing sous acide et ça n’a pas l’air volontaire), Kormákur semble vouloir ranger Beast du côté de l’expérience physique plutôt que de la mise en scène, or le résultat donne l’impression de regarder le film-support d’une attraction du Futuroscope, mais sans les sièges qui vibrent ni l’écran à 360°.
Racisme latent et collection de clichés
Le plus gênant reste néanmoins ce que Kormákur fait de l’africanité de son personnage, toute l’intrigue reposant sur l’idée qu’il se serait éloigné de ses racines et que l’adversité devrait l’aider à retrouver sa juste place dans le monde… à savoir celle d’un homme capable de survivre dans la jungle. Garni d’imagerie pittoresque et de mystifications africaines qui feraient passer les paroles d’Africa de Rose Laurens pour du néoréalisme, le film est, certes, très loin de pouvoir prendre conscience du racisme latent d’un tel présupposé. Mais on se demande tout de même comment une telle énormité, qui plus est assortie d’une telle collection de clichés, a pu passer sans heurter personne.