Bertrand Burgalat, entre rêve et idéal pop
“Peu importe au fond ce qui arrive, ce qui n’arrive pas : c’est l’attente qui est magnifique”, chante Blandine Rinkel en duo avec Bertrand Burgalat sur L’Attente, citant fort à propos la plus belle phrase d’André Breton. Pendant longtemps – cinq...
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“Peu importe au fond ce qui arrive, ce qui n’arrive pas : c’est l’attente qui est magnifique”, chante Blandine Rinkel en duo avec Bertrand Burgalat sur L’Attente, citant fort à propos la plus belle phrase d’André Breton. Pendant longtemps – cinq ans précisément –, on a attendu le successeur de The Sssound of Mmmusic, l’inusable 1er album du fondateur du label Tricatel paru en 2000 et enfin réédité généreusement pour le Disquaire Day 2021, avant que BB n’accélère sa cadence discographique avec quatre LP publiés entre 2005 et 2017, sans qu’il ne parvienne à dépasser l’immense Portrait-Robot (2005), porté par cette sentence définitive : Je suis seul dans ma chanson.
Compositeur courtisé de renom international
Farouche opposant à “la chanson sportive” des années 1990 et fervent partisan du parlé-chanté, le dandy quinquagénaire assume aujourd’hui son Rêve capital, titre poétique d’un sixième album à la fois solaire et mélancolique, ouvert aux plumes transgénérationnelles (Blandine Rinkel et Pierre Jouan du collectif Catastrophe, l’écrivain Laurent Chalumeau, la trop rare Marie Möör, son ami de quarante ans Yatta-Noël Yansané…), aux cuivres et instruments à vent dirigés par Renaud-Gabriel Pion et aux programmations électroniques de Yuksek.
“A chaque fin d’album, je me rends compte de ce que je n’ai pas réussi à exprimer, explique Bertrand Burgalat de bon matin ensoleillé. Depuis The Sssound of Mmmusic, je fonctionne toujours de la même manière : des compositions très préparées avec des prises largement improvisées en studio dans un mélange d’électronique et de jeu organique. Se renouveler avec les mêmes ingrédients oblige à chercher d’une façon moins superficielle et cosmétique.”
Compositeur courtisé pour le cinéma et arrangeur/producteur de renom international depuis quatre décennies, BB n’en reste pas moins éloigné de son statut de chanteur. “J’ai souvent fait des albums sous mon nom par défaut, j’aurais préféré que mes chansons soient interprétées par d’autres voix que la mienne, lâche-t-il avec sa franchise habituelle. Je suis toujours mal à l’aise avec l’étiquette de chanteur. Je n’ai d’ailleurs pas une carrière de chanteur, mes disques sont comme des bouteilles jetées à la mer.”
“Mon activité principale est de faire de la musique par tous les moyens existants. Au fil des années 2000, mon approche de la production et du son est presque devenue la norme. Pour autant, je n’allais pas changer de style d’une pop postmoderne qui revenait à la mode. Avec la sortie de Rêve capital, je suis extrêmement serein, comme s’il y avait une conjonction astrale plutôt favorable pour un outsider comme moi.”
En playlist sur des ondes radiophoniques
Pour la 1ère fois de sa carrière, avec le single L’Homme idéal, Bertrand Burgalat est entré en playlist sur des ondes radiophoniques (notamment celles de Radio France) qui se refusaient obstinément et inconséquemment à lui depuis un quart de siècle – on ne compte pourtant plus les tubes potentiels (de Ma rencontre sur un texte de Philippe Katerine à This Summer Night avec Robert Wyatt, de Dubai My Love à Vous êtes ici, paru en plein confinement historique) qui ont rythmé sa discographie. Sans paraphraser à nouveau André Breton, l’obstination et la patience finissent toujours par être récompensées – “Même la réédition de The Sssound of Mmmusic est mieux accueillie aujourd’hui qu’à l’époque”, reconnaît-il.
Dans Spectacle du monde, l’un des trois morceaux dont il signe les paroles, Bertrand Burgalat évoque justement “le Bottin en chanson”, cette antienne qui consiste à chanter des pages de l’annuaire pour signifier que telle voix familière, renversante ou intemporelle serait capable de tout interpréter. “On pourrait prendre une facture d’électricité et en faire une chanson. Il y a une vraie musicalité dans les textes des auteurs et des autrices avec qui j’ai la chance de collaborer depuis tant d’années. Certains paroliers, surtout quand ils sont écrivains, ont parfois tendance à trop se concentrer sur les rimes et le nombre de pieds, alors que la musicalité oblige à une grande subtilité.”
Pour l’irrésistible E pericoloso sporgersi, BB s’est inspiré d’un voyage ferroviaire entre Toulon et Cannes pour décrire les paysages qui défilaient depuis la fenêtre du TGV, tout en écoutant L’Ultimo d’Ennio Morricone au casque. Une chanson qui emporte instantanément l’auditeur·trice sur la French Riviera et qui nous plonge dans les états d’âme de son auteur, qui n’a peut-être jamais été aussi touchant : “Je pense à mon existence, ce que je ne ferai plus, et cette musique qui monte, comme des larmes.” Du pouvoir de la musique magique, suite et jamais fin avec l’autre BB national.
Rêve capital (Tricatel). Sortie le 11 juin
The Sssound of Mmmusic (Tricatel). Réédition en vinyle le 12 juin