Bertrand Tavernier s'est toujours battu pour ses films, malgré son statut
CINÉMA - C’est un nouveau coup dur pour le cinéma français. Ce jeudi 25 mars, le célèbre cinéaste Bertrand Tavernier est décédé à l’âge de 79 ans à Sainte-Maxime, dans le Var.Son nom est bien connu des cinéphiles, mais aussi du grand public....
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CINÉMA - C’est un nouveau coup dur pour le cinéma français. Ce jeudi 25 mars, le célèbre cinéaste Bertrand Tavernier est décédé à l’âge de 79 ans à Sainte-Maxime, dans le Var.
Son nom est bien connu des cinéphiles, mais aussi du grand public. “La mort en direct”, “Coup de torchon”, “Un dimanche à la campagne”... Le président de l’Institut Lumière comptait à son actif pas moins de 29 longs-métrages en tant que réalisateur, 92 nominations et plus d’une dizaine de récompenses.
Un BAFTA Award, des César, un Lion d’Or d’honneur à Venise, un Ours d’or à Berlin. La carrière de Bertrand Tavernier, longue d’une quarantaine d’années, n’a jamais cessé d’être remarquée, distinguée et appréciée. Pourtant, celui-ci a toujours dû se battre pour permettre à ses films de voir le jour.
À commencer par “L’Horloger de Saint-Paul”, un 1er long-métrage qui lui a valu le Prix Louis Delluc et un Ours d’Argent. “Il m’a fallu quatorze mois pour obtenir le financement, expliquait-il dans une entrevue, donnée à l’occasion du Festival du film de Sydney, en 1999. Le tournage a été très rapide et plein de passion.”
Le même problème
“Depuis j’ai réalisé plus de vingt films, poursuivait-il. J’ai eu beaucoup de mal à leur trouver un financement. À chaque fois, c’était le même problème que pour ‘L’Horloger de Saint-Paul’, les scénarios étaient refusés. Personne ne voulait financer les films que j’avais envie de faire. Mes deux plus gros succès, ‘Autour de minuit’, et ‘La vie et rien d’autre’ avaient aussi été refusés par tout le monde.”
Dans le cas de son film “Autour de minuit”, on lui a dit qu’on ne voulait pas d’un scénario sur le jazz ni sur un homme noir et encore moins un vieil homme noir. “On ne voulait pas en entendre causer, assurait-il. Et pourtant, le film a obtenu deux nominations pour un Oscar, et en a reçu un.”
Marquée par la montée de l’extrême droite, le sentiment de lâcheté à gauche et l’impression que les gens avaient perdu le sens des réalités, Bertrand Tavernier a longtemps exprimé son engagement contre la guerre, le racisme, le colonialisme et toutes les formes d’injustices dans son oeuvre.
“Ce film, il a fallu l’arracher”
Cela lui a-t-il coûté? Lui a-t-on fait payer de s’attaquer à ces sujets? La question reste sans réponse. Cependant, ce combat, il l’a mené jusque dans les dernières années de sa carrière. Preuve à l’appui avec, en 2010, son film “La princesse de Montpensier”.
Le long-métrage avec Mélanie Thierry est un succès en salles. Du côté des critiques, aussi. Il a d’ailleurs été présenté sur la Croisette en compétition. Ses producteurs ont pourtant rencontré beaucoup de mal à le financer. “On nous expliquait que ce n’était pas une comédie, qu’il ne fallait pas faire de film historique”, résumait Bertrand Tavernier au Parisien.
Il ajoutait: “La préparation s’est arrêtée à quatre ou cinq reprises, les gens travaillaient sans être payés, le tournage était sans cesse décalé.” 13,5 millions d’euros lui ont finalement été octroyés. Une somme on ne peut plus “serrée”, compte tenu de la réalisation. “Ce film, il a fallu l’arracher, mais après, ça a été le bonheur complet”, confiait le cinéphile, comme investi d’une mission.
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