Biélorussie: l'annulation de vols pour Moscou agace Paris et Bruxelles

DIPLOMATIE - Les relations peinent à redécoller entre la Russie et l’Union européenne. Après le détournement d’un avion Ryanair le week-end dernier par le Bélarus afin d’interpeller l’opposant Roman Protassevitch, Moscou joue un drôle de jeu. De...

Biélorussie: l'annulation de vols pour Moscou agace Paris et Bruxelles

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

Des avions Air France à l'aéroport Charles de Gaulle, le 25 mai 2020

DIPLOMATIE - Les relations peinent à redécoller entre la Russie et l’Union européenne. Après le détournement d’un avion Ryanair le week-end dernier par le Bélarus afin d’interpeller l’opposant Roman Protassevitch, Moscou joue un drôle de jeu. 

De fait, depuis que l’Union européenne a demandé à ses compagnies aériennes d’éviter l’espace du Bélarus, et qu’elle a privé les compagnies originaires de Minsk de son propre espace, plusieurs vols devant rallier Moscou ont été annulés. Deux Air France depuis Paris, ce mercredi et ce vendredi 28 mai, et un Austrian Airline depuis Vienne, ce jeudi. 

La compagnie autrichienne a indiqué qu’elle n’avait pas reçu le feu vert de la Russie pour un changement d’itinéraire destiné à éviter l’espace aérien du Bélarus, tandis qu’Air France a évoqué “des raisons opérationnelles liées au contournement de l’espace aérien biélorusse nécessitant une nouvelle autorisation de la part des autorités russes pour entrer sur leur territoire”.

D’habitude, souligne le syndicat des pilotes français SNPL, “les réponses à ce type de demandes de modifications sont instantanément acceptées, là, depuis deux jours, c’est silence radio... ces vols ont donc dû être annulés”.

Tous les avions ne sont cependant pas logés à la même enseigne. La compagnie autrichienne Austria a obtenu vendredi l’autorisation des autorités russes de contourner le Bélarus. Un vol Varsovie-Moscou de la compagnie polonaise LOT a également pu rallier jeudi la capitale russe en faisant un détour, tout comme la veille un vol de la compagnie tchèque Czech Airlines reliant Prague à Moscou, selon FlightRadar24. Des vols des compagnies allemande Lufthansa et suisse Swiss à destination de Moscou ont également décollé vendredi matin pour Moscou. Quant à Austrian Airline, elle a finalement obtenu vendredi l’autorisation des autorités russes de contourner le Bélarus

Des raisons techniques ?

Moscou invoque d’ailleurs de son côté des “questions techniques” pour expliquer ces vols annulés. “Lorsque des avions (...) contournent le Bélarus, ils demandent à voler à différents endroits qui ne sont absolument pas coordonnés, ce qui entraîne des problèmes techniques”, a déclaré ce vendredi 28 mai le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, assurant que la Russie n’a “aucune raison d’avoir de nouveaux problèmes” avec l’Union européenne (UE).

De son côté, l’agence fédérale russe Rossaviatsia a indiqué dans un communiqué que “l’augmentation du temps nécessaire” pour accorder de nouvelles autorisations de vol est due à “la hausse du nombre de demandes des compagnies aériennes”.

Cela n’a pas empêché la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, d’accuser sur Facebook l’UE de mettre en danger les passagers. “Il est temps que Bruxelles apprenne à prendre des mesures qui soient véritablement faites pour la sécurité des citoyens”, a-t-elle ajouté.

 Le ton monte du côté de l’UE

Des réponses moscovites qui suscitent à l’heure actuelle de sérieuses interrogations à Bruxelles. Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a indiqué qu’il attendait pour le moment d’en savoir plus, se questionnant notamment sur de possibles consignes politiques. “Nous avons eu des informations sur des obstacles empêchant des avions européens de décoller et d’atterrir à Moscou, ce qui a perturbé le trafic. Mais nous ne savons toujours pas s’il s’agit d’un cas par cas (...) ou d’une directive générale des autorités russes afin d’obliger les avions européens à survoler le Bélarus”, a-t-il déclaré à son arrivée pour une réunion avec les ministres de la Défense de l’UE à Lisbonne. Avant d’ajouter peu après: “Le risque d’escalade existe toujours avec la Russie”.

Si le diplomate européen temporise, c’est moins le cas du ministre de la Défense portugais Joao Gomes Cravinho, hôte de la réunion, qui a estimé que ces obstacles sont “dans la logique d’une riposte aux sanctions européennes contre le Bélarus”.

Le ministère français des Transports, Jean-Baptiste Djebbari, a appelé lui ce jeudi la Russie à respecter le “principe de réciprocité” régissant les relations bilatérales. “Le principe de réciprocité qui fonde nos accords bilatéraux doit être respecté”, a déclaré à l’AFP le cabinet du ministre, lequel devrait par ailleurs s’entretenir prochainement avec son homologue russe.

Rencontre entre Poutine et Loukachenko

Paris avait déjà accusé Moscou de cautionner le détournement de l’avion par le Bélarus, alors que certains Européens soupçonnent même Moscou, malgré ses dénégations, d’avoir donné son feu vert au détournement de l’avion. Vladimir Poutine et Alexandre Loukachenko doivent d’ailleurs se retrouver ce vendredi dans la ville russe de Sotchi. Nul doute que l’opération du week-end dernier y sera largement évoquée. 

Le ton de la rencontre a justement a été donné ce vendredi par le Premier ministre bélarusse Roman Golovchenko. “Une fois de plus, nous voyons nos liens économiques avec nos voisins utilisés comme otages de doubles standards, d’émotions et d’intrigues géopolitiques. Dans une situation comme celle-ci, la coopération entre les vrais amis et les partenaires les plus proches devient encore plus précieuse”, a-t-il déclaré ainsi que le rapporte l’agence russe TASS.

À voir également sur Le HuffPost: Ce vaisseau russe doit explorer la planète Jupiter en 2030