Bienvenue sur “Cracker Island”, le nouveau terrain de jeu (ré)créatif de Gorillaz

En terminant la 1ère décennie du siècle avec la cathédrale Plastic Beach (2010), grande fresque musicale et entreprise cross-média, deux choix semblaient s’offrir à Damon Albarn et l’illustrateur Jamie Hewlett : perpétuer cette tradition de...

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En terminant la 1ère décennie du siècle avec la cathédrale Plastic Beach (2010), grande fresque musicale et entreprise cross-média, deux choix semblaient s’offrir à Damon Albarn et l’illustrateur Jamie Hewlett : perpétuer cette tradition de grands disques high-concept et démiurgiques au risque d’en devenir pontifiant ou simplement s’arrêter là.

Au regard de Plastic Beach et de l’indépassable Demon Days (2005), on n’avait pas envisagé la possibilité pour Gorillaz de prendre la tangente en embrassant l’esthétique des mixtapes et des compilations pour poursuivre la récré. Une philosophie en germe sur les mineurs – et passablement ratés – The Fall (2010) et Humanz (2017), mais parachevée par ses successeurs The Now Now (2018) et Song Machine: Season One – Strange Timez (2020).

Beck, Kevin Parker, Stevie Nicks ou Thundercat

Avant donc l’hypothétique seconde installation de la série de compilations collaboratives Song Machine, Damon Albarn et sa bande reviennent avec le biscuit Cracker Island, une collection de morceaux gentiment dystopiques qui picorent le meilleur de Gorillaz et des différentes escapades du leader de Blur (Everyday Robots en solo, le projet collectif Africa Express…).

Embarquant dans son sillage des grands noms comme Beck, Kevin Parker de Tame Impala, Stevie Nicks de Fleetwood Mac ou Thundercat (l’implacable ligne de basse du morceau d’ouverture), c’est Damon Albarn, 54 ans bien tapés – ou plutôt son alter ego 2D – qui rayonne sur Cracker Island et fortifie sa place dans le Panthéon des voix les plus touchantes de l’histoire de la musique.

De New Gold, qui convoque le Gorillaz originel, au tube défoncé Cracker Island, en passant par le sublime Possession Island avec Beck se rappelant au bon souvenir d’Everyday Robots, c’est finalement dans le diptyque formé par l’ambivalent Skinny Ape et l’irrésistible et caribéen Tormenta (partagé avec l’actuelle plus grande star du monde, Bad Bunny) que se niche encore tout Gorillaz. Une curiosité dont on n’a pas encore défini l’horizon, un plaisir toujours récréatif – mais jamais régressif – sans limites pour malaxer, concaténer et redonner forme à la pop passée et, définitivement, présente.

Cracker Island (Parlophone/Warner Music). Sortie le 24 février.