Big Joanie : “Tout est punk, parce qu’on est punk”
“Hello, nous sommes Big Joanie, un groupe punk, noir et féministe”. Simple comme bonjour. C’est par cette formule, répétée comme un mantra et distribuée comme un tract, que le trio londonien (mais originaire des Midlands, en Angleterre) a pris...
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“Hello, nous sommes Big Joanie, un groupe punk, noir et féministe”. Simple comme bonjour. C’est par cette formule, répétée comme un mantra et distribuée comme un tract, que le trio londonien (mais originaire des Midlands, en Angleterre) a pris l’habitude de se présenter sur scène et en dehors. Ça veut dire quoi, être punk ? “Ce n’est pas juste une façon de faire de la musique, c’est une façon de challenger l’ordre des choses. Un espace dans lequel en tant que femmes queer et noires, on pouvait entrer et s’épanouir ; Tout est punk, parce qu’on est punk”, assène Stephanie Phillips, frontwoman à lunettes et guitariste du band.
Quand on rencontre le groupe en janvier 2023 dans les coulisses d’un vieux théâtre de la petite localité de Groningen, dans le nord des Pays-Bas, Big Joanie est alors formé par Stephanie Phillips, Chardine Taylor-Stone (batterie) et Estella Adeyeri, bassiste supersonic ayant remplacé Kiera Coward-Deyell en 2017. Alors qu’elles s’apprêtent à tourner en France le temps de trois dates à Lille, Nantes et Paris, on apprenait début octobre que Chardine, co-fondatrice de la formation UK, quittait ses camarades sans préciser les raisons de cette décision. La vie dans un groupe de rock est tumultueuse. Big Joanie annonçait dans la foulée continuer sa route avec, pour le moment, une batteuse de remplacement sur scène.
Riot Grrrl
Il n’empêche, l’histoire du groupe telle qu’elle nous a été racontée en janvier n’est pas caduque. Dans les 1ers temps de son existence, il y a dix ans, chacune des membres ne se définissait pas encore complément comme “musicienne”. Chardine se souvient : “Je crois que je disais simplement que j’étais dans un band”, rigole-t-elle, alors qu’on avale une gorgée de thé brûlant. Elle, a grandi dans les Midlands, dans une small town très blanche et working class, où elle fait ses armes de militante : “Sur les bancs de l’université, les personnes racisées pouvaient se sentir exclues. Heureusement, beaucoup de mes amis étaient dans la musique”. Chez Stéphanie, le punk et le féminisme sont entrés simultanément en collision dans sa tête après la découverte à l’adolescence du mouvement riot grrrl. Elle se passe alors en boucle les disques de Bikini Kill, de Sleater Kinney, mais aussi ceux de groupes britanniques tels que X-Ray Spex, The Slits ou, bien sûr, The Raincoats. D’ailleurs, Chardine et Stephanie se sont rencontrées lors d’un meeting féministe noir, où cette dernière s’était rendue avec un sac estampillé du nom The Raincoats : “on s’est dit l’une à l’autre qu’on était cool”.
En 2013, via le label de Brighton Tuff Enuff Records, le genre DIY et underground, monté en marge des soirées queer Riots Not Diets de la cité balnéaire britannique, les filles ont l’occasion de mettre en boîte l’EP Sistah Punk (2014). Rudimentaire et les aiguilles dans le rouge, ce 1er essai aux guitares usées jusqu’à la corde se situe pile dans l’éthique underground dans lequel évolue alors le groupe, et pose les bases de ce sera Big Joanie : “on est punk, mais on n’est pas du genre à crier dans le micro”, nous dévoile Stephanie. “Il y a un truc dans l’air qui dit que toutes les femmes noires savent chanter comme Beyoncé, ce qui n’est pas du tout le cas, évidemment”, rajoute Chardine. Pour la petite histoire, Stephanie Phillips a publié un bouquin sur une Knowles il y a deux ans, mais il ne s’agit pas de Queen B : Why Solange Matters (2021) est un essai qui place la petite sœur en chef de file pop du mouvement Black Lives Matter et pose la question de l’activisme dans la musique. Big Joanie reprendra même le titre Cranes in the Sky de la musicienne, le temps d’un single publié chez Third Man Records, la maison de disques de Jack White.
Nouvelle vie
Toujours est-il qu’un 1er album suivra en 2018, Sistahs, chez Daydream Library (la structure de Thurston Moore et Eva Prinz), puis un deuxième l’année dernière, le très réussi Back Home (2022). “Sistahs était encore très DIY, parce qu’on ne savait pas comment tirer profit d’un studio de musique. C’est avec la reprise de Solange que nous avons pris davantage la mesure des possibles, en envisageant un paysage sonore, une profondeur. Au moment de faire Back Home, le recours au studio a été plus évident, comme une progression naturelle, sans rien perdre de notre éthique punk”, se souvient Chardine. Big Joanie est aujourd’hui une voix qui compte dans le paysage punk made in UK. Et Back Home constitue l’une des pièces importantes pour comprendre la notion d’identité dans un Royaume à la dérive. Après le départ de Chardine, le groupe devrait rentrer dans une nouvelle phase de son histoire.
Album : Back Home (Daydream Library)
En concert : Le 16 octobre, à Lille (L’Aéronef), le 17 octobre, à Nantes (Stereolux) et le 18 octobre, à Paris (Le Hasard Ludique)