“Big Swimmer”, la plongée crasseuse et classieuse de King Hannah dans l’Americana
Évoquer les Beatles avec King Hannah, c’est comme demander à Disiz un McMorning en 2024 : nul et non avenu. Hannah Merrick et Craig Whittle, le duo derrière ce sobriquet royal, nous viennent bien de Liverpool, certes, mais semblent avoir passé...
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Évoquer les Beatles avec King Hannah, c’est comme demander à Disiz un McMorning en 2024 : nul et non avenu. Hannah Merrick et Craig Whittle, le duo derrière ce sobriquet royal, nous viennent bien de Liverpool, certes, mais semblent avoir passé leur jeunesse les fesses posées sur les docks de la ville à scruter l’horizon, dans l’attente du 1er cargo pour les États-Unis.
L’un et l’autre le reconnaissent : King Hannah n’est pas vraiment intégré au tissu local et n’aura probablement jamais de statue à son effigie sur les rives du Mersey. À contre-courant des enfants chéri·es du coin (The Coral en tête), les deux tracent une tout autre route qui, sous l’impulsion de I’m Not Sorry, I Was Just Being Me (2022), un 1er album prometteur et plébiscité par une certaine Sharon Van Etten, les mènera outre-Atlantique à ratisser l’immense territoire, jouant ici et là en 1ère partie des potes Kurt Vile et Thurston Moore.
Dans les brisées de Cat Power, Elliott Smith et Will Oldham
Sharon Van Etten, que l’on retrouve d’ailleurs à deux reprises sur ce Big Swimmer, élu “notre album de chevet 2024 so far”. Pourquoi ? Parce que le deuxième LP de King Hannah est un chef-d’œuvre Americana à la fois profondément enraciné dans le son de l’Amérique, un peu beat aussi par ses allures de road trip crasseux, mais dont le point de vue est celui de deux gosses de passage relatant ce qu’il et elle voient, sans jugement, sans étendard. Leur musique, elle vient de là, elle vient de Bill Callahan, Bonnie ‘Prince’ Billy, Elliott Smith, Cat Power.
De la terre, en réalité, que King Hannah foule, créant un nuage de poussière dans son sillage. De l’atmosphère moite d’un parking de motel à El Paso (Somewhere Near El Paso) aux choses vues racontées comme dans une photo de Robert Frank (Milk Boy [I Love You]), des errances tantôt existentielles (Big Swimmer) aux virées urbaines frénétiques (New York, Let’s Do Nothing), tout ici nous plonge dans la torpeur d’un journal de tournée ou d’une collection d’articles gonzo avec ses récits à la 1ère personne et sa tendance au name-dropping (John Prine, Bill Callahan, encore lui, ou les postrockeurs de Slint).
Fun fact, tandis que l’influence de ces derniers s’entend sur Somewhere Near El Paso, à la belle montée progressive sur plus de huit minutes, Hannah Merrick chante sur le morceau suivant qu’elle se sent entre deux eaux, comme sur la pochette de leur album culte Spiderland (1991). Ironie du sort, c’est Will Oldham, alias Bonnie ‘Prince’ Billy, qui a shooté la photo de la pochette, et ça, King Hannah l’ignorait jusqu’à cette année. Tout finit toujours par se recouper.
Big Swimmer (City Slang/PIAS). Sortie le 31 mai. En concert à La Maroquinerie, Paris, le 12 septembre.