“Bird Machine” : l’album posthume de Sparklehorse est inespéré de beauté

Qu’on ait ou non découvert Sparklehorse un jour de 1995 – jour qu’on allait passer en partie à apprendre à épeler et écrire correctement Vivadixiesubmarinetransmissionplot –, Bird Machine se reçoit nécessairement comme un disque particulier....

“Bird Machine” : l’album posthume de Sparklehorse est inespéré de beauté

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Sparklehorse,1995

Qu’on ait ou non découvert Sparklehorse un jour de 1995 – jour qu’on allait passer en partie à apprendre à épeler et écrire correctement Vivadixiesubmarinetransmissionplot –, Bird Machine se reçoit nécessairement comme un disque particulier. Ou bien il faudrait ignorer le geste irrémédiable de Mark Linkous, quinze ans et trois albums plus tard, voire quatre en comptant le collaboratif Dark Night of the Soul (2010). Et quand bien même, gageons qu’à des oreilles vierges ce Bird Machine posthume charrie aussi son lot d’émotions contradictoires, marque indélébile du talent du songwriter.

Selon un procédé rappelant de loin celui opéré sur En amont (2018) de Bashung par la réalisatrice Édith Fambuena ou sur Thanks for the Dance (2019) de Leonard Cohen par son fils Adam, c’est le frère de Mark, Matt Linkous, qui a présidé, avec Alan Weatherhead, à la destinée de ces ultimes morceaux. Mais lui n’a pas dû se contenter de démos éparses : Mark Linkous avait laissé des chansons presque finalisées, issues de deux sessions, l’une autoproduite, l’autre sous la houlette de Steve Albini, et suffisamment de notes pour charpenter un tout cohérent.

Un grand écart entre l’affable et le revêche

Hormis quelques titres laissés en l’état, Matt Linkous a convoqué l’entourage (musical ou familial) de Sparklehorse pour harmoniser l’ensemble et lui apporter une touche finale dans le respect de l’esthétique du groupe. On retrouvera dans Bird Machine autant le dépouillement sublime du 1er LP que le bourbier miné de Good Morning Spider (1998), et bien plus que les étincelles émises par la production de Dave Fridmann sur l’intemporel It’s a Wonderful Life (2001) ou que l’aspect plus policé impulsé par Danger Mouse pour Dreamt for Light Years in the Belly of a Mountain (2006).

Lardée d’une poignée de titres aux griffes presque punk (l’ouverture It Will Never Stop, le teigneux I Fucked It Up), une série de ballades renversantes (de Falling Down à Everybody’s Gone to Sleep), montre à quel point Mark Linkous avait un sens désarmant de la mélodie mélancolique comme du grincement acide.

On se prend à croire que Mark Linkous, le 6 mars 2010, n’a fait qu’embarquer pour le Magical Mystery Tour

Ces quatorze “nouvelles” chansons, ouvertes, évoquent tour à tour les cousins Grandaddy (Jason Lytle apparaît d’ailleurs sur le vaporeux
The Scull of Lucia), Eels (Linkous recherche des Kind Ghosts là où Everett réclamait un Friendly Ghost) ou The Flaming Lips (O Child), mais aussi les mentors Daniel Johnston et Robyn Hitchcock (dont est repris ici l’emballant Listening to the Higsons), voire John Lennon – à l’écoute de Daddy’s Gone, on se prend à croire que Mark Linkous, le 6 mars 2010, n’a fait qu’embarquer pour le Magical Mystery Tour.

Loin de l’embaumement froid, la production fait le grand écart entre l’affable et le revêche, parfois au sein d’une même chanson. Après une ultime miniature qui nous intime de “rester, ne serait-ce qu’une journée”, Mark et Matt nous laissent poursuivre notre chemin, dans un monde toujours un peu plus fucked up, avec nos yeux pour pleurer en écoutant ce grand disque rafistolé.

Bird Machine (Anti-/PIAS). Sortie le 8 septembre.