Bizutage: un militaire ligoté sous la mitraille d'avions de chasse

BIZUTAGE - Deux ans après les faits, le jeune homme dénonce des “violences volontaires avec arme, en réunion, par des militaires, avec préméditation, mise en danger de la vie d’autrui et harcèlement moral”.Après avoir été ligoté à une cible,...

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Photo d'illustration d'un avion de combat Rafale de l'Armée de l'air (Photo MEHDI FEDOUACH / AFP)

BIZUTAGE - Deux ans après les faits, le jeune homme dénonce des “violences volontaires avec arme, en réunion, par des militaires, avec préméditation, mise en danger de la vie d’autrui et harcèlement moral”.

Après avoir été ligoté à une cible, un sac sur la tête, pendant que des avions de chasse effectuaient des tirs réels, un militaire a porté plainte contre un bizutage traumatisant subi en Corse en 2019, a-t-on appris ce vendredi 7 mai auprès de ses avocats, confirmant une information du quotidien La Provence.

Affecté à Orange (Vaucluse), le pilote avait été emmené à Solenzara (Corse-du-Sud) en avion le 27 mars 2019, “pour le bizuter exprès”, selon son avocat Me Frédéric Berna. Ses nouveaux collègues lui avaient attaché un sac sur la tête, avant de le ligoter et de le jeter “violemment” à l’arrière d’un pick-up, lancé à vive allure sur des routes corses en mauvais état. 

Arrivés sur la base aérienne, ses tortionnaires l’avaient attaché à un poteau, puis laissé seul, aveuglé sous son sac. Pendant une vingtaine de minutes, le militaire avait alors entendu des avions passer autour de lui et effectuer des tirs réels, “un bruit effrayant et impressionnant” bientôt relayé par des tirs simulés dans sa direction, est-il indiqué dans la plainte que son avocat indique avoir déposée.

Des “sanctions fermes” déjà prises

“Le chef d’état-major de l’armée de l’air et de l’espace a diligenté une enquête de commandement pour faire toute la lumière sur les faits portés à sa connaissance” datant de mai 2019, a réagi le porte-parole de l’armée de l’air, le colonel Stéphane Spet. “Des sanctions fermes” ont été prononcées contre les responsables, a-t-il ajouté sans en préciser la nature.

“L’armée de l’air condamne toute activité de nature à porter atteinte à l’intégrité, physique comme psychologique, de son personnel” et “se tient à disposition de la justice, a déclaré le colonel Stéphane Spet.

Selon Me Berna, qui a déjà suivi des affaires de harcèlement dans le domaine militaire, il y a dans l’armée de l’air “des pratiques régulières de bizutages humiliants voire violents”. “Mais là, utiliser du matériel militaire, des avions, ça coûte une fortune en plus”, a-t-il fustigé, dénonçant des complicités ”évidentes” sur les bases de Solenzara et d’Orange.

Selon La Provence, le militaire a décidé de porter plainte deux ans après les faits, “après avoir demandé sans succès une nouvelle affectation après cette expérience qui le hante”.

Le jeune homme âgé de 27 ans et dont c’était la 1ère affectation après sa formation ”était un peu sidéré” après les faits, selon Me Berna. Mais “il s’est rapidement rendu compte que dans l’armée, on ne dénonce rien. Il a essayé de faire sa carrière mais en fait, il était très, très mal”.

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