Blackhaine fait vibrer l’âme de Manchester avec “Armour 2”
En direct de Manchester, où ces chansons brumeuses sont obligatoires par arrêté municipal, Blackhaine ne fait que peu de mystère quant à l’humeur de son projet. “J’ai rêvé que j’étais mort”, clame-t-il à plusieurs reprises, comme pour signifier...
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
En direct de Manchester, où ces chansons brumeuses sont obligatoires par arrêté municipal, Blackhaine ne fait que peu de mystère quant à l’humeur de son projet. “J’ai rêvé que j’étais mort”, clame-t-il à plusieurs reprises, comme pour signifier qu’il n’est pas là pour bomber le torse.
Armour 2, c’est du rap désespéré, du hip-hop de l’après-apocalypse, un retour à l’expérimentation des formes, l’expression pure d’un mal-être, rendu séduisant et hospitalier grâce à des chansons intelligemment nuancées.
À cette obsession du contraste s’ajoute un évident sens de la narration, naturelle chez un artiste qui cite La Haine de Kassovitz en référence. Mais tout de même : existe-t-il actuellement une musique aussi riche en sous-textes que cette grime atmosphérique, parfois complexe, souvent angoissante ? Peut-on être autre chose qu’admiratif à l’écoute de ces morceaux denses, pensés aux côtés de Blood Orange et d’artistes expérimentaux dont Wikipédia ignore encore l’existence (Iceboy Violet, le fidèle Rainy Miller) ?
Blackhaine a beau brouiller les repères, remettre en cause les acquis du hip-hop, prouver que l’obscurité est parfois terriblement attirante, il existe au moins cette double certitude. Un : cela faisait longtemps que les clubs de Manchester n’avaient pas permis l’éclosion d’une scène aussi avant-gardiste, en retrait de tout, sauf de l’excellence. Deux : Blackhaine, également chorégraphe chez Kanye West, Mikky Blanco ou Flohio, est à l’image de ce dynamisme mancunien.
Tout, dans Armour 2, est remarquable de gravité, d’écriture acérée, mélancolique sans jamais être plombante. “J’ai rêvé que je survivais”, confesse-t-il sur Waiting Room, dans un moment de relâche et néanmoins dramatique avec ce piano et ces déluges de violon, histoire de rappeler que ces sept nouveaux morceaux ne le destinent pas à l’hospice. Ils achèvent simplement le portrait d’un artiste suffocant au sein d’un monde à bout de souffle.
Armour 2 (Fixed Abode/Because). Sortie le 10 juin.