Blocage du canal de Suez: pourquoi la Russie se frotte les mains
CANAL DE SUEZ - Quand le malheur de l’Ever Given fait jubiler la Russie. Les efforts se poursuivent ce vendredi 26 mars pour dégager un porte-conteneurs de 400 mètres de long coincé depuis quatre jours en travers du canal de Suez, cette voie...
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CANAL DE SUEZ - Quand le malheur de l’Ever Given fait jubiler la Russie. Les efforts se poursuivent ce vendredi 26 mars pour dégager un porte-conteneurs de 400 mètres de long coincé depuis quatre jours en travers du canal de Suez, cette voie cruciale pour le fret maritime, durement affecté.
Une opération visant à “renflouer le navire” le 26 mars “n’a pas réussi”, précise la Bernhard Schulte Shipmanagement (BSM), compagnie basée à Singapour qui assure la gestion technique du navire, ajoutant que “deux remorqueurs supplémentaires de 220 à 240 tonnes” arriveront d’ici le 28 mars pour aider à la remise à flot du navire.
La société mandatée pour le “sauvetage” de l’Ever Given s’est montrée prudente, évoquant “des jours voire des semaines” pour la reprise du trafic sur le canal, qui voit passer, selon les experts, près de 10% du commerce maritime international. Un incident qui, certes, chamboule le commerce maritime, mais a de quoi faire sourire la Russie.
Moscou vante les mérites de la voie maritime Nord-Est
L’accident de l’Ever Given, survenu mardi 23 mars possiblement en raison de vents violents combinés à une tempête de sable selon différentes sources, a entraîné des embouteillages massifs. Selon la revue spécialisée Lloyd’s list, plus de 200 navires sont actuellement bloqués aux deux extrémités et dans la zone d’attente située au milieu du canal, entraînant d’importants retards dans les livraisons de pétrole et d’autres produits, avec une brève répercussion sur les cours de l’or noir mercredi. Une aubaine pour Moscou qui mise sur une alternative au canal.
L’énergéticien russe Rosatom (Agence fédérale de l’énergie atomique), s’est d’ailleurs permis sur Twitter une petite blague à propos de l’incident de l’Ever Given, en vantant les avantages d’une voie concurrente: la route maritime du Nord-Est. Un itinéraire, plébiscité par la Russie, plus court et qui permet de relier l’Asie du Nord-Est à l’Europe.
Thread: reasons to consider Northern Sea Route as a viable alternative to the Suez Canal Route
— Rosatom Global (@RosatomGlobal) March 25, 2021
1. Way more space to draw peculiar pictures using your giant ships https://t.co/SqcMmlC0K8
“Sujet: raisons de considérer la route maritime du Nord comme une alternative viable à la route du canal de Suez
1. Beaucoup plus d’espace pour dessiner des images particulières à l’aide de vos navires géants”.
3. You might get stuck in the Suez Canal for days pic.twitter.com/Z6slwdyq53
— Rosatom Global (@RosatomGlobal) March 25, 2021
“3. Vous pourriez rester coincé dans le canal de Suez pendant des jours”.
“L’incident du Canal de Suez a mis en lumière la nécessité avant tout de la poursuite du développement de la Route maritime du Nord”, a d’ailleurs relevé jeudi Nikolaï Korchounov, responsable de la coopération internationale dans l’Arctique pour le ministère russe des Affaires étrangères, cité par l’agence de presse Interfax. Cette route devient de plus en plus praticable à cause du changement climatique.
Praticable auparavant seulement quelques semaines par an et pour des bateaux de taille plus modeste que ce géant des mers, cette route surnommée “passage du nord-est”, qui longe les côtes septentrionales de la Sibérie, devient accessible de plus en plus longtemps à cause du réchauffement climatique.
Un petit coup de pub pour une route pas encore prête
Si à court terme cet itinéraire reste difficile et coûteux à exploiter, la Russie mise beaucoup sur le développement de ce raccourci maritime, qui permet aux navires de gagner jusqu’à 15 jours par rapport à la voie classique passant par le canal de Suez.
“Ils ont raison de profiter de cette occasion pour faire un peu de pub pour la voie nord-est et le projet qu’ils veulent porter, mais en attendant ce n’est pas une réponse immédiate au problème du canal de Suez puisqu’elle n’est pas prête”, souligne auprès du HuffPost Yvette Vaguet, enseignante chercheur, géographe et spécialiste des questions d’urbanisation de l’Arctique russe.
D’une part, cette voie n’est pas une route permanente, puisqu’elle est bloquée notamment en hiver. “D’autre part, cela demande un certain équipement, un navire à double coque, des brise-glaces. Puis, il n’y a quasiment pas d’infrastructure, il manque des ports sur cette route. De fait, certes on gagne du temps sur l’itinéraire, mais chaque kilomètre comporte énormément de risques. Le surcoût kilométrique est important et de fait les assurances pour ces voyages sont très chères”, nous explique Yvette Vaguet avant de conclure: “c’est bien pour ça que si vous regardez, avec le canal bloqué, aucun navire ne prend cette voie-là, ils préfèrent passer par le Cap de Bonne-Espérance”.
En effet, le géant du transport maritime Maersk et l’Allemand Hapag-Lloyd ont indiqué jeudi qu’ils envisageaient de dérouter leurs navires et de passer par le Cap de Bonne-Espérance, soit un détour de 9000 kilomètres et 10 jours supplémentaires autour du continent africain. Or, les coûts globaux sont élevés dans le domaine du transport maritime de marchandises en conteneurs, avec une estimation d’environ 5,1 milliards de dollars par jour en direction de l’Europe (4,3 milliards d’euros) et 4,5 milliards de dollars vers l’Asie (3,8 milliards d’euros), selon Lloyd’s list.
Un recul historique de la banquise en 2020
Le président Vladimir Poutine a fait de l’exploitation de l’Arctique une priorité stratégique, notamment la création d’une voie maritime le long des côtes nord pour relier l’Europe à l’Asie et concurrencer le Canal du Suez qui voit passer environ 10% du fret maritime mondial.
Le changement climatique et le recul de la banquise estivale rendent ce projet plus réaliste et la Russie développe une flotte de brise-glaces à propulsion nucléaire. L’agence météo russe Rosguidromet a révélé dans un rapport jeudi que la Russie avait enregistré un record de chaleur pour l’année 2020 et un recul historique de la banquise d’été sur la Route maritime du nord.
Comparée aux années 1980, la surface de la glace y est “5 à 7 fois moindre”, a souligné l’agence, et “en 2020 la surface de couverture de glace en septembre a atteint un record de faiblesse avec 26.000 km2″. Les entreprises russes exploitent en outre d’importants gisements de pétrole et de gaz, de charbon et de minerais précieux dans l’Arctique.
À voir également sur Le HuffPost: En Égypte, le canal de Suez bloqué par un porte-conteneurs après un accident