Bong Joon-ho prend la parole contre la police et les médias suite au suicide de Lee Sun-kyun

Le vendredi 5 janvier s’est tenue à Séoul, en Corée du Sud, une conférence de presse menée par Bong Joon-ho et un important groupe d’artistes, d’organisations culturelles et d’associations professionnelles, suite au suicide de l’acteur Lee...

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Le vendredi 5 janvier s’est tenue à Séoul, en Corée du Sud, une conférence de presse menée par Bong Joon-ho et un important groupe d’artistes, d’organisations culturelles et d’associations professionnelles, suite au suicide de l’acteur Lee Sun-kyun, retrouvé mort le 27 décembre dernier. Avant son décès, il faisait l’objet depuis deux mois d’une enquête pour usage récéatif de drogues – ce que le comédien de Parasite niait – et était au coeur d’un déchaînement médiatique à son encontre.

Bong Joon-ho a ainsi pris la parole pour demander l’ouverture d’une enquête sur les méthodes de la police et a invité les médias à s’interroger sur la couverture sensationnaliste qui a sans doute contribué Lee Sun-kyun à mettre fin à ses jours.

“J’exige que les autorités enquêtent”

Variety rapporte ainsi les propos du cinéaste : “J’exige que les autorités enquêtent. Nous demandons à la police d’enquêter pour savoir s’il y a eu des lacunes dans la sécurité de l’enquête entre le moment où les détails de l’investigation sur la personne décédée ont été révélés et les deux mois qui ont suivi. Nous voulons savoir s’il n’y a pas eu de contact avec les médias pendant l’enquête, et nous voulons que les résultats soient rendus publics pour qu’il n’y ait aucun doute.” Un jour plus tôt, ce groupe formé autour du cinéaste avait publié une déclaration intitulée “Demandes des artistes et des travailleurs de la culture face à la mort de l’acteur Lee Sun-kyun”, dans laquelle il appelait à des améliorations législatives afin d’assurer les droits du suspect, avant de respecter le droit du public à savoir.

Si la police nie s’être livrée à des manoeuvres inhabituelles, les différentes prises de parole de cette conférence se sont montrées très critiques envers ces procédures. Bong Joon-ho a tenu à rappeler que “ses trois comparutions devant la police, du simple test réactif au test négatif, ont été retransmises en direct par les médias”, avant de poursuivre : “Les enregistrements de ses déclarations incriminantes ont été diffusés aux médias et au public, et il a fait le choix tragique de mettre fin à ses jours après une troisième convocation de 19 heures à la police.”

Vers une prise de conscience en Corée du Sud ?

Le suicide de la star a ainsi ouvert un véritable débat de société et pourrait même conduire à une remise en question plus large en Corée en Sud, comme l’a expliqué The Hollywood Reporter. Le média américain rappelle ainsi que ce drame a eu lieu quelques mois après la “guerre contre la drogue” déclarée par le président conservateur Yoon Suk-yeol, contribuant à renforcer la très forte stigmatisation de son usage qui existait déjà dans le pays. Celle-ci a conduit à un nombre record de 17 152 arrestations en 2023, soit une augmentation de 38,5 % par rapport à l’année précédente.

En Corée du Sud, les artistes soupçonnés de consommer de la drogue attirent particulièrement l’attention des médias. Une tradition veut par exemple qu’une célébrité suspectée et convoquée par la police doit faire face aux caméras avant ou après son entrée au poste pour répondre aux questions de la presse. Aujourdhui, une partie de l’opinion critique cette pratique et y voit une stratégie visant à humilier les supects tout en contribuant à forger des idées préconçues les concernant. Après le suicide de Lee Sun-kyun, la police a révélé que l’acteur avait fait la demande de ne pas ouvrir son troisième interrogatoire aux médias – une requête qui a été rejetée.

Selon The Hollywood Reporter, la mort du comédien pourrait mener la Corée du Sud à se remettre en question sur ce sujet, car cette stigmatisation de l’usage de la drogue pourrait bien finir par affaiblir un softpower en pleine expansion. Ces dernières années, plusieurs acteurs ont dû être recastés de certaines productions internationales après avoir été testés positifs à plusieurs drogues, entraînant des retards voire des annulations de certains programmes. En l’absence de réforme de la part des autorités, les studios hollywoodiens pourraient donc ralentir leurs échanges avec le pays.