“Bruno Reidal”, le 1er film fascinant de Vincent Le Port

Premier long métrage de Vincent Le Port, jeune cinéaste français déjà repéré pour ses films courts (Le Gouffre, prix Jean Vigo en 2016), Bruno Reidal est une plongée dans le cerveau malade d’un séminariste de 17 ans. Nous sommes en 1905 en...

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Premier long métrage de Vincent Le Port, jeune cinéaste français déjà repéré pour ses films courts (Le Gouffre, prix Jean Vigo en 2016), Bruno Reidal est une plongée dans le cerveau malade d’un séminariste de 17 ans.

Nous sommes en 1905 en France, quelque part dans une bourgade du Cantal et Bruno Reidal, qui n’a pourtant pas l’allure d’un serial killer, est sur le point de se rendre pour avouer son crime – un garçon à peine plus jeune à qui il vient d’arracher, littéralement, la tête.

Voix off

Là devant les juges, il explique avec calme et lucidité, l’histoire de sa vie qui se rejoue au travers d’une voix off et d’un long voyage dans le temps fait d’allers-retours entre présent et passé où se décrivent une enfance misérable, des rapports familiaux violents, l’étude de la foi et enfin la naissance d’un désir de meurtre qui s’éprouve comme un désir de possession érotique dirigé vers ses camarades masculins.

Approcher le monstre ! Tel semble être le projet d’étude passionnant de ce 1er film, inspiré d’une histoire vraie et dont la beauté morbide et l’audace se nichent dans une forme de rétention constante, d’épure et de précision d’une mise en scène qui préfère à la loupe de l’entomologiste, un regard ambigu, complexe sur un personnage sans empathie et qui pourtant, comme dans toute tragédie, en appelle malgré lui.

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Le plus sidérant dans ce film éloigné des chemins routiniers de ce que l’on pour habitude d’attendre d’un 1er film, c’est le pacte qu’il parvient à établir avec nous, spectateurs·trices, cet accord tacite qu’il construit, ce consentement partagé qu’implique l’invitation à pénétrer dans le corps et l’esprit d’un criminel, sans que jamais le film ne nous prenne dans les filets d’un spectacle macabre et sadique duquel on préférerait détourner le regard. Au milieu des ténèbres, dans cette nature chatoyante et austère, Dimitri Doré, le Bruno du titre, ne demande rien, il confesse ses péchés sans les regretter. Sa voix et son visage impriment chaque millimètre de la peau de ce film classique et éternellement mystérieux et font l’effet d’une frappante apparition, comme rarement il s’en produit avec pareille évidence.

Bruno Reidal de Vincent Le Port, présenté à la Semaine de la Critique.