"Burn after writing", le livre dans lequel "il n'y a rien à lire" qui cartonne

LIVRES - Personne ne cause de ce livre, et pourtant, les lectrices l’achètent en masse. Burn after writing montre le fossé entre médias traditionnels et succès viral sur les réseaux sociaux.L’ouvrage, dont le titre original en anglais a été...

"Burn after writing", le livre dans lequel "il n'y a rien à lire" qui cartonne

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

Le succès de

LIVRES - Personne ne cause de ce livre, et pourtant, les lectrices l’achètent en masse. Burn after writing montre le fossé entre médias traditionnels et succès viral sur les réseaux sociaux.

L’ouvrage, dont le titre original en anglais a été conservé (et qui signifie “À brûler après écriture”), est signé d’une inconnue, la Britannique Sharon Jones.

Sorti le 4 mars, il trônait ce mardi 13 avril en tête des ventes de livres sur Amazon France, depuis quatre semaines déjà selon l’éditeur. Il était aussi en tête de la catégorie essais lors de la semaine du 29 mars au 4 avril (et sixième meilleure vente toutes catégories confondues), selon Edistat.

Le concept est simple: un questionnaire de Proust géant, multitude d’interrogations plus ou moins profondes, auxquelles on répond en écrivant directement sur les pages. Depuis “La chose la plus difficile que j’aie jamais réalisée” jusqu’à “Ce qui me fait frissonner de plaisir”, en passant par “Le responsable de ma plus grande blessure”.

Rupture de stock

Et ça marche si fort que l’ouvrage est tombé momentanément en rupture de stock. Amazon évoque un délai d’une à deux semaines pour le recevoir. L’éditeur, Contre-Dires (groupe Guy Trédaniel), n’avait pas complètement anticipé ce succès. En un mois il a vendu tout son stock initial de 120.000 exemplaires.

Plusieurs libraires contactés par l’AFP ont indiqué que la deuxième impression ne devait arriver chez eux que début mai, selon les estimations du diffuseur. Mais ils n’ont pas l’air d’en vendre tant que ça. Le public jeune qu’il vise est adepte des achats en ligne.

View this post on Instagram

A post shared by LINDSAY ELIZABETH | author (@thelindsayeliz)

“J’ai entendu causer de ce livre, mais je ne l’ai pas ouvert”, dit à l’AFP Sébastien, vendeur à l’Espace culturel E.Leclerc de Vitry-sur-Seine, en banlieue parisienne. Il explique avoir un ultime exemplaire en rayon... qu’il vendra quand le magasin aura le droit de rouvrir puisqu’il est pour le moment fermé en raison des restrictions imposées aux plus grands centres commerciaux.

Contre-Dires affirme que Burn after writing redevient “disponible mercredi”. “On y mettait de l’espoir parce qu’il a connu un boom sur le marché américain”, déclare à l’AFP l’éditeur Frédéric Trédaniel.

Sorti en 2014 en Grande-Bretagne, puis en 2015 aux États-Unis, ce titre “n’a pas eu beaucoup de succès au départ. Mais fin 2019, il a été relancé: c’était le livre fétiche d’une influenceuse TikTok dont j’ai oublié le nom”, ajoute-t-il. Qu’importe qui a publié cette vidéo aux millions de vues. Le phénomène était lancé et rien n’allait l’arrêter.

Sharon Jones, une autrice peu médiatique

Sharon Jones, malgré le succès, n’a rien d’une star. Celle que son éditeur présente comme “une graphiste du nord de l’Angleterre” a assuré une présence médiatique et publicitaire minimale, s’effaçant complètement derrière son livre.

Tout juste trouve-t-on une entrevue de 2015, sur le site internet PsychCentral. Elle y explique que l’idée “est venue des discussions avec [sa] fille adolescente sur les choses auxquelles nous accordions de l’importance toutes les deux”. Elle n’a pas retenu l’attention des médias traditionnels. En France, seule la radio France Culture lui a consacré fin mars deux minutes d’antenne, parlant de “livre de développement personnel un peu spécial” car “il n’y a rien à y lire”.

“Je l’ai repérée grâce aux meilleures ventes d’Amazon.com. Donc j’ai contacté l’éditeur américain, qui n’avait pas les droits mondiaux, et qui m’a renvoyé vers l’éditeur britannique. Ici en France il a aussi marché grâce à TikTok au départ, mais c’est surtout Instagram qui a pris le relais et qui fait vendre des livres”, rapporte Frédéric Trédaniel.

View this post on Instagram

A post shared by ???? ???? ???? ???? ☾ (@the_bookish_astronaut)

D’après ce qu’il voit, le lecteur typique est une femme d’entre 20 et 35 ans, hyperconnectée, qui saisit là l’occasion de prendre un peu de recul sur notre sujet préféré à tous: nous-même. “C’est un livre paradoxal, avec ce pied de nez aux réseaux sociaux où on a tendance à tout surjouer. Le livre demande d’être honnête. Et si on n’y arrive pas la 1ère fois, peut-être qu’on peut l’acheter une deuxième fois.”

À voir également sur Le HuffPost: Les book nook, ces minis-mondes qui vont sublimer votre bibliothéque