Bygmalion: Lavrilleux explique la campagne "partie en sucette" de Sarkozy en 2012
JUSTICE - La campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2012 a été “une dinguerie” et à la fin tout est “parti en sucette”, a expliqué ce jeudi 3 juin au tribunal judiciaire de Paris Jérôme Lavrilleux, seul à l’UMP à avoir admis sa responsabilité...
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JUSTICE - La campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2012 a été “une dinguerie” et à la fin tout est “parti en sucette”, a expliqué ce jeudi 3 juin au tribunal judiciaire de Paris Jérôme Lavrilleux, seul à l’UMP à avoir admis sa responsabilité au procès pour les dépenses excessives de la campagne de l’ancien chef de l’État.
À l’époque directeur-adjoint de la campagne et directeur de cabinet de Jean-François Copé, patron de l’UMP (parti devenu depuis Les Républicains), Jérôme Lavrilleux a reconnu avoir couvert le système de double facturation mis en place pour éviter que les comptes de campagne de Nicolas Sarkozy dépassent le montant légal autorisé, mais il a répété l’avoir découvert tardivement.
Pour lui, c’est avant tout “l’inorganisation totale” de la campagne qui a conduit à ce désastre.
“Je ne sais pas qu’on va dans le mur”
Quatorze personnes dont l’ancien président Nicolas Sarkozy -absent à l’audience- sont jugées dans cette affaire.
“Si on vous suit, le système (de double facturation) aurait été mis en place à votre insu, vous, le directeur-adjoint de la campagne, vous, le directeur de cabinet?”, interroge la présidente du tribunal, Caroline Viguier.
Jérôme Lavrilleux dont la voix trahit un certain agacement, voire, parfois, de l’énervement, n’en démord pas et reste sur sa ligne. “Je n’ai pas participé aux réunions des experts-comptables de la campagne” qui, dès le mois de mars, avaient mis en garde contre le dérapage des comptes. “Je ne sais pas qu’on va dans le mur”.
Appelé à la barre, Pierre Godet un des experts-comptables, confirme qu’il ne l’a jamais rencontré. “Mon rôle était que ça se passe bien, que le candidat soit satisfait”, résume Jérôme Lavrilleux. Mais tout de même, insiste Caroline Viguier, le système consistant à imputer à l’UMP des factures très élevées de conventions “bidons” et de sous-facturer au contraire les vrais meetings du président-candidat n’est pas tombé du ciel.
Les décisions stratégiques étaient prises ”à l’Élysée”, assure-t-il
“Je ne veux pas briser un fantasme sur le fait que tout ceci ait été planifié longtemps à l’avance mais en fait tout s’est passé au fil de l’eau, de manière empirique”, soutient le prévenu. “On baignait tous dans cette atmosphère: plus on en fait, et plus on remonte dans les sondages”, explique-t-il aussi. Du coup, “on est partis en sucette”.
Mais, martèle l’ex-député européen qui a définitivement abandonné la politique et s’occupe désormais de gîtes ruraux, ce n’est pas l’équipe de campagne qui décidait du rythme des meetings. “Qui définissait la stratégie de la campagne pour gagner l’élection, qui décide que dorénavant on fait un meeting par jour... ce n’est pas moi, les décisions stratégiques se prennent à l’Élysée”, s’emporte-t-il.
Au total, Nicolas Sarkozy animera 44 meetings. Des “shows télévisés” aux moyens démesurés pour montrer que le président-candidat est “accompagné, qu’il était en train de monter, qu’il va gagner”, décrypte Jérôme Lavrilleux.
En mars 2012, admet-il cependant, quand Franck Attal (également sur le banc des prévenus), le responsable de la filiale événementielle de Bygmalion chargée d’organiser les meetings, est venu le voir car il s’inquiétait du paiement des fournisseurs de la campagne, il lui a proposé de facturer l’UMP.
“L’incompétence” en guise de coupable
- “C’est donc vous qui avez soufflé le système de ‘ventilation’”, réagit immédiatement Caroline Viguier.
- “Pas du tout!”, rétorque Jérôme Lavrilleux, qui affirme qu’il ne sait pas qui en a eu l’idée. “C’est une question qui va continuer à me hanter pendant longtemps. Ceux qui ont bouclé les comptes de campagne ont essayé de faire rentrer trois litres d’eau dans une bouteille d’un litre et demi”, dit-il aussi.
- “Quelle est votre hypothèse? C’est Guillaume Lambert (le directeur de campagne) qui a mis en place ce système tout seul?”, tente la présidente.
- “Je préfère penser que c’est de l’incompétence”, soupire Jérôme Lavrilleux.
Guillaume Lambert devait être interrogé lundi mais son avocat a indiqué en début d’audience que son client avait été hospitalisé en urgence.
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