Ça donne quoi la virée californienne de Muddy Monk avec Jimmy Whoo ?

Muddy Monk n’est pas un artiste comme les autres. Opérant à visage découvert mais redoublant d’efforts pour ne pas avoir à le montrer, travaillant avec ce qui s’est fait de plus cool dans la pop et le rap francophone depuis le mitan des années...

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Muddy Monk n’est pas un artiste comme les autres. Opérant à visage découvert mais redoublant d’efforts pour ne pas avoir à le montrer, travaillant avec ce qui s’est fait de plus cool dans la pop et le rap francophone depuis le mitan des années 2010 mais préférant l’anonymat d’un travail de boulanger dans sa Suisse natale, capable d’une frénésie créative qui le voit se métamorphoser à vitesse grand V mais aussi de disparaître comme bon lui semble.

En somme, un cauchemar pour directeur artistique – qui le voit multiplier des projets discographiques tous azimuts –, mais un motif d’excitation perpétuellement renouvelé pour nous.

Nouvelle mue

Dernier caprice en date, To The Moon, un EP de 4 titres en collaboration avec le producteur et ami, Jimmy Whoo. Une association on ne peut plus évidente (les deux avaient déjà collaboré notamment sur un rayonnant Divine aux accents chillwave) qui voit l’Helvète revenir à ses 1ères amours synthétiques après l’électricité de son Ultra Tape (2020) et surtout de son deuxième album, Ultra Dramatic Kid (2022). Envisagé à l’origine comme un disque d’expérimentations instrumentales avant que son naturel chantant ne revienne au galop, To The Moon voit pourtant Muddy Monk troquer sa moto Honda Africa Twin pour les Cadillac qu’il fantasmait sur Divine en 2019. La faute à Jimmy Whoo, partner in crime et autre fervent défenseur de la ride, mais surtout producteur à l’imaginaire californien plus que prononcé (sa trilogie de maxis Motel Music en partie composée à Los Angeles).

Clair-obscur

Travaillant inlassablement les mêmes thèmes – la fuite en avant ou l’errance (toujours en engins motorisés) –, la paire franco-suisse de rats de studio s’est ouvert un nouvel horizon musical. D’un côté, l’ex-beatmaker pour l’Entourage, fan du label Italians Do It Better a trouvé, en Muddy Monk, le partenaire de jeu et la voix idoine pour se la jouer producteur démiurge à la Johnny Jewel.

De l’autre, Muddy Monk fait la nique à la routine en revêtant son costume flambant neuf de crooner synthétique straight outta Los Angeles. En résulte une musique en clair-obscur – celui de Lynch, pas celui de Rembrandt – à travers laquelle Muddy Monk se réaffirme en tant que producteur aux côtés de Jimmy Whoo mais où il a surtout trouvé un nouveau moyen de réinventer sa voix. Plus suave et fluide entre le français et l’anglais, le kid, qui jusqu’alors pleurait des rivières, a lâché le sel des larmes pour la moiteur d’une chaude nuit californienne.

To the Moon EP (Entreprise). Sortie le 24 novembre.