“Ça tourne à Séoul ! Cobweb”, drôle d’autoportrait du cinéaste au travail

Il s’appelle Kim, il est cinéaste. Son personnage s’appelle Kim, il est cinéaste. Le 1er s’est imposé grâce à des films de genre aux intrigues retorses, dont la virtuosité est souvent allée de pair avec l’excès. Le second tente de finir un...

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Il s’appelle Kim, il est cinéaste. Son personnage s’appelle Kim, il est cinéaste. Le 1er s’est imposé grâce à des films de genre aux intrigues retorses, dont la virtuosité est souvent allée de pair avec l’excès. Le second tente de finir un film de genre à l’intrigue retorse, et cherche dans l’excès sa virtuosité. Après Damien Chazelle (Babylon), Steven Spielberg (The Fabelmans), Nanni Moretti (Vers un avenir radieux) ou Michel Gondry (Le Livre des solutions), c’est à Kim Jee-woon d’offrir à 2023 son exercice méditatif sur le cinéma et sa fabrication qui n’est pas une sinécure.

Lui a choisi les 70’s de son enfance, quand la dictature militaire étouffait la Corée et obligeait les films à charrier un propos anticommuniste pour échapper à la censure. Son alter ego, Kim Ki-yeol (magnifique Song Kang-ho), sujet à des visions presque divines, y cherche à retourner la fin de Cobweb, un mélo horrifique moyen qu’il pense pouvoir transformer en chef-d’œuvre. Mais la production, l’équipe et les acteur·rices semblent se liguer contre son ambition.

Deux cinéastes, deux visions, un dernier plan vertigineux

Si l’expression “déclaration d’amour au cinéma” est facile pour décrire le geste, elle est partiellement fausse : il faudrait plutôt causer de “déclaration d’amour lucide”, ou “non éperdue”. Ça tourne à Séoul ! n’est pas seulement l’autoportrait d’un cinéaste conscient de ses limites et obsessions, c’est aussi une fable satirique sur le désir de grâce, cette recherche de grandeur dans l’art.

Fort du classicisme de sa mise en abîme (le film est en couleur, le film dans le film, en noir et blanc), il a ceci de sublime qu’il crée une dissonance entre la manière dont Ki-yeol regarde son œuvre (une mission sacrée, salutaire, motivée par le deuil encore vif d’un mentor) et celle qu’a Jee-woon d’appréhender la sienne (un objet modeste, mais pas dénué de qualités), pour finalement faire se rejoindre ces deux visions (et cinéastes) dans un dernier plan vertigineux, étonnamment triste.

Ça tourne à Séoul ! Cobweb de Kim Jee-woon, avec Song Kang-ho, Im Soo-jung, Jeon Yeo-bin (Cor., 2023, 2 h). En salle le 8 novembre.