“California Soil” ou l’émancipation sensuelle de London Grammar

De nature discrète et émotive, Hannah Reid a longtemps refusé de jouer les 1ers rôles, même si sa voix lyrique et sa plastique immaculée la destinaient aux projecteurs. A ses débuts, London Grammar a ainsi été présenté comme un groupe démocratique...

“California Soil” ou l’émancipation sensuelle de London Grammar

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De nature discrète et émotive, Hannah Reid a longtemps refusé de jouer les 1ers rôles, même si sa voix lyrique et sa plastique immaculée la destinaient aux projecteurs. A ses débuts, London Grammar a ainsi été présenté comme un groupe démocratique mixte, veillant à faire poser ses trois membres sur les pochettes de ses deux 1ers albums. Sur celle de Californian Soil, Hannah Reid apparaît seule, et cette mise en scène n’est pas anodine.

Elle reflète une prise de confiance et une acceptation de sa mission de leadeuse – un rôle qui nous a toujours semblé évident, dès leur époustouflant 1er single Wasting My Young Years (2013). “Nous avons tout terminé juste avant cette pandémie mondiale”, explique-t-elle.

“Faire ce disque m’a redonné confiance en moi. J’ai même l’impression d’avoir retrouvé ma vraie voix. En écoutant toute cette nouvelle génération d’artistes plus jeunes que moi, en particulier Billie Eilish et Phoebe Bridgers, je me suis sentie inspirée par leur courage d’être elles-mêmes et de défendre leurs convictions.”

Synthpop solennelle

Aujourd’hui trentenaire, l’Anglaise au timbre impressionnant ose se dévoiler plus que jamais dans ses paroles, évoquant sa féminité, ses angoisses et ses rêves intimes. “Cette fois, j’ai écrit sans trop y réfléchir, sans peser chaque mot, mais plutôt façon ‘stream of consciousness’. Nous avons travaillé en tout petit comité, juste Dan, Dot et moi, dans le minuscule studio de Dan. Ça m’a permis de m’ouvrir davantage. Nous avons composé cette musique pour nous trois, comme si personne d’autre ne l’entendrait jamais.”

Californian Soil offre des sonorités plus chaleureuses que par le passé. Si London Grammar persiste sur certaines chansons à s’exprimer à travers une synthpop solennelle, d’une sophistication un brin désincarnée, le groupe livre toute son humanité et sa sensualité quand il utilise à bon escient des instruments à cordes, des claviers moelleux et des guitares ténébreuses. C’est le cas du magnifique morceau éponyme et de toute la seconde moitié du disque, avec notamment All My Love, Talking, ou encore America, envoûtante conclusion à fleur de peau.

Californian Soil (Because)