[Cannes 2021] Léa Seydoux captivante et vénéneuse dans “L’Histoire de ma femme”

Au moins une fois par an, il se glisse dans la compétition officielle un hymne au formalisme glacé, martelant auprès de son·sa spectateur·rice à coup de plan à la composition impeccable à quel point il personnifie à lui seul une certaine pureté...

[Cannes 2021] Léa Seydoux captivante et vénéneuse dans “L’Histoire de ma femme”

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Au moins une fois par an, il se glisse dans la compétition officielle un hymne au formalisme glacé, martelant auprès de son·sa spectateur·rice à coup de plan à la composition impeccable à quel point il personnifie à lui seul une certaine pureté du cinéma. Au sein d’une sélection oscillant jusqu’ici entre œuvres empreint d’une sobriété stylistique (Hamaguchi, Moretti, Hansen-Løve) et proposition plastique euphorisante (Carax, Lapid, Serebrennikov), une intuition nous disait que cette tradition annuelle allait être inaugurée par le nouveau film d’Ildikó Enyedi (lauréate de l’Ours d’or pour Corps et âme en 2017 qui nous avait laissé de marbre).

En adaptant un classique de la littérature hongroise, la cinéaste déploie un film en costume de presque trois heures centré sur une histoire d’amour aussi toxique qu’ardente, entre un marin (Gijs Naber) et une Française (Léa Seydoux). Le long métrage n’évite pas tous les défauts présagés, tout en dévoilant un objet à la fois plus séduisant et incarné qu’il n’y paraît.

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“À quoi penses-tu ?”

Car, sous son vernis trop propre, ces cadrages et ses mouvements de caméra à la précision mathématique, le film parvient à saisir le trouble de ce couple, entre manipulation, non-dits et intensité des sentiments. Bien plus que de savoir si le protagoniste est rendu cocu par son épouse ou non (lui ne s’en prive pas, après tout), tout l’enjeu du récit est de décrire avec précision et un véritable souffle romanesque le paradoxe de l’être aimé. Celui ou celle qui est simultanément un prolongement de soi, qu’un·e inconnu·e aux mystères indécodables.

“À quoi penses-tu ?”, c’est cette question qui habite tout le film et qui réveille le souvenir du prologue de Gone Girl de Fincher dans lequel le personnage principal rêvait de s’introduire dans le crâne de son épouse pour parvenir à capturer ses pensées. Cette énigme insondable de l’autre, peu de personnes peuvent l’incarner à l’écran avec autant de complexité et d’afflux contradictoires que Léa Seydoux. Passionnante de bout en bout, l’actrice porte à elle seule l’attraction du film et parasite son académisme sérieux pour lui inséminer un charme vénéneux, moins lisse et plus flottant qu’il n’était destiné.

L’Histoire de ma femme d’Ildikó Enyedi, en salle le 12 janvier 2022

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