Cannes 2021 : nos 20 films pressentis pour une sélection
Annette, de Leos Carax C’était un des trois films sur lesquels il n’y avait ces derniers mois pratiquement aucun suspense. Le délégué général du festival Thierry Frémaux a réglé la question en annonçant le 19 avril au micro d’Augustin Trapenard...
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Annette, de Leos Carax
C’était un des trois films sur lesquels il n’y avait ces derniers mois pratiquement aucun suspense. Le délégué général du festival Thierry Frémaux a réglé la question en annonçant le 19 avril au micro d’Augustin Trapenard qu’Annette serait le film d’ouverture de cette édition 2021, qui marquera le retour de Leos Carax neuf ans après Holy Motors.
Une comédie musicale co-écrite et mise en musique par les Sparks, avec Adam Driver en comédien de stand-up et Marion Cotillard en cantatrice superstar, dont la bande-annonce a sorti l’artillerie lourde en matière de promo de film d’auteur luxueux (c’est quoi, “UNE EXPÉRIENCE – DE CINÉMA – ABSOLUE” ?), et qui pourrait dès le début du festival mettre la barre très haut.
Benedetta, de Paul Verhoeven
Lui aussi déjà ultra pressenti pour l’édition annulée de 2020, et immédiatement reporté sine die, le second thriller francophone de Paul Verhoeven (après Elle) a lâché pêle-mêle début mai une bande-annonce, une date de sortie Cannes-compatible (9 juillet) et s’il restait encore des sceptiques à convaincre, une confirmation “fuitée” de sa présence en Compétition, rendue publique par Deadline (même si le Festival a, pour le principe, tempéré sur Twitter). Il offre à Virginie Efira le rôle de la sœur Benedetta Carlini, arrêtée pour homosexualité alors qu’elle était sur le point d’être béatifiée, en plein cœur de l’Italie renaissante.
The French Dispatch, de Wes Anderson
Le troisième et dernier des ultra-confirmés, également concerné par la semi-fuite publiée par Deadline. Tourné à Angoulême fin 2018 avec environ 35 % de la population active hollywoodienne (Bill Murray, Benicio del Toro, Timothée Chalamet, Owen Wilson, Edward Norton, Jason Schwartzman, et on arrêtera la liste ici afin de modérer votre temps de lecture) mais aussi, Périgord oblige, une jolie petite cohorte gauloise (Mathieu Amalric, Léa Seydoux, Vincent Macaigne, Félix Moati…), le film met en scène un journaliste américain basé à Ennui-sur-Blasé, une ville fictive de France au XXe siècle.
Journal de Tûoa, de Miguel Gomes et Maureen Fazendeiro
Six ans après avoir triomphé à la Quinzaine où étaient programmés les trois épisodes de ses Mille et une nuits, Miguel Gomes reviendrait – accompagné de son épouse Maureen Fazendeiro à la réalisation – avec un film tourné pendant et consacré au confinement, où Carloto Cotta et Crista Alfaiate incarneraient un couple de réalisateurs confinés. Le film peut à nouveau intéresser la Quinzaine, mais peut-être espérer l’Officielle.
In front of your face, de Hong Sang-soo
Son Ours d’argent du scénario, remis à Introduction lors de l’édition confinée de la Berlinale, est à peine déballé de son colis UPS que Hong Sang-soo aurait déjà, selon nos informations, tourné un nouveau film. Sans Kim Min-hee au casting (mais l’actrice et compagne du réalisateur produirait le film), In front of your face marquerait pour le “Rohmer coréen” un retour à une forme plus ample et narrative, après une série de films extrêmement minimalistes. Si c’est le cas, la Compétition lui est promise.
Fire, de Claire Denis
On ne se demande pas vraiment si le dernier film de Claire Denis est digne d’être sélectionné à Cannes : on se demande en fait tout simplement s’il sera prêt. Co-écrit par Christine Angot et décrivant un triangle amoureux formé par Juliette Binoche, Grégoire Colin et Vincent Lindon, le film (qui, selon nos informations, pourrait être retitré Avec joie et acharnement) a terminé son tournage fin janvier et serait à l’heure actuelle encore en post-production. Mais la réalisatrice avait déjà réalisé ce genre de performance chrono en 2017 avec Un beau soleil intérieur, bouclé juste à temps pour la Quinzaine des réalisateurs ; en outre le festival vient justement de (lui ?) concéder un petit délai en repoussant d’une semaine la conférence de presse annonçant la sélection, désormais datée au 3 juin.
>> A lire aussi : Reportage : en tournage avec Claire Denis
Triangle of Sadness, de Ruben Östlund
Quatre ans après une Palme d’or quelque peu inattendue mais qui a marqué les esprits (The Square), et désormais auréolé d’un solide statut international, le Suédois s’attaque à un nouveau gros morceau de satire contemporaine en imaginant le naufrage sur une île déserte d’un yacht peuplé de milliardaires et d’icônes de mode, sous la houlette d’un Woody Harrelson en capitaine marxiste. Aucune loi d’airain ne garantit la sélection en compète d’un ex-palmé, mais aucun argument sérieux ne permet ici d’imaginer le contraire.
Tre Piani, de Nanni Moretti
Si l’on excepte son documentaire historique Santiago, Italia, sorti en 2018 et quelque peu à part dans sa filmographie, il faut remonter à 1989 pour trouver un film de Nanni Moretti qui n’ait eu l’honneur d’une place en Compétition officielle. Tout porte à croire qu’il en sera donc de même de Tre Piani, drame tourné en 2019, centré sur trois familles vivant dans le même immeuble et traversant des crises diverses. Au casting, quelques têtes connues de son cinéma (Margherita Buy, lui-même), mais aussi Alba Rohrwacher pour sa toute 1ère collaboration avec l’auteur de Mia madre.
>> A lire aussi : Nanni Moretti : “‘Mia madre’ est un film sur la perte de repères”
The Velvet Underground, de Todd Haynes
Le retour de Cannes est aussi celui des débats soporifiques sur la place des films de plateformes en festival. Il pourrait être réveillé par le tout 1er “rockumentaire” de Todd Haynes, qui a déjà consacré des films détournés à David Bowie (Velvet Goldmine) et Bob Dylan (I’m Not There), mais passe pour la 1ère fois au documentaire, dans un hommage au Velvet qui sortira deux jours après le festival sur Apple TV+. On l’imagine volontiers sélectionné hors-compétition.
Onoda, 10 000 nuits dans la jungle, d’Arthur Harari
Une rumeur mirobolante commence déjà à entourer ce film réalisé par un cinéaste dont la réputation n’est certes pas à faire auprès des cinéphiles français (notamment depuis son 1er long, Diamant noir), mais qui reste un underdog pour qui la consécration totale n’est pas encore advenue. Il peut l’espérer avec ce second film tourné au Cambodge en 2017, ambitieuse coproduction internationale où il est justement affaire de patience : elle s’inspire de l’histoire de Hiro Onoda, soldat resté en poste aux Philippines trente ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale parce qu’il refusait de croire à la reddition japonaise.
Petrov’s Flu, de Kirill Serebrennikov
Personne n’a le droit de rien dire, mais deux personnes nous ont quand même dit que “c’est une bombe”. Trois ans après Leto, et au sortir d’une expérience de confinement d’un autre calibre que la nôtre (accusé de détournement de fonds par Moscou, il a été assigné à résidence pendant dix-huit mois à partir de l’été 2017), le metteur en scène pourrait cette fois-ci être physiquement présent si jamais son adaptation du roman d’Alexeï Salnikov (Les Petrov, la grippe, etc., traduit aux éditions Syrte en 2020), à fort coefficient de résonance pandémique (une famille dysfonctionnelle se retrouve coincée à huis clos après avoir contracté la même grippe), se retrouvait à nouveau en compétition.
>> A lire aussi : “Leto” : un grand film musical, sensuel et mélancolique
The Power of the Dog, de Jane Campion
Jane Campion a mis en boîte l’an dernier cette adaptation de Thomas Savage située dans le Montana des années 1920 et mettant en scène le couple formé “à la ville” par Jesse Plemons et Kirsten Dunst, confrontés à un Benedict Cumberbatch qui se révolte contre le mariage de son jeune et timide frère. Il se pourrait que le profil du film, mais aussi et surtout l’enjeu autour de la seule femme à avoir gagné une “vraie” Palme d’or (on met à part la Palme d’honneur à Agnès Varda en 2015), soient suffisamment forts pour faire ployer la tension supposément irréversible entre Netflix et le festival de Cannes. Mais évidemment, il se pourrait aussi qu’il n’en soit rien.
Macbeth, de Joel Coen
Pour la 1ère fois sans son frère Ethan, Joel Coen a tourné en 2020 cette adaptation de Shakespeare dans un noir et blanc que la collaboration de Bruno Delbonnel (déjà chef-opérateur d’Inside Llewyn Davis, et outre cela d’Alexandre Sokourov ou Tim Burton) promet stupéfiant. Son épouse Frances McDormand, plus culminante que jamais (elle vient de gagner son troisième Oscar de la meilleure actrice avec Nomadland), incarne Lady Macbeth aux côtés de Denzel Washington en Lord Macbeth et Brendan Gleeson en King Duncan. Sur le papier, cela se refuse difficilement, mais contrairement à nous, Thierry Frémaux a vu le film.
L’Infiltré, de Thierry de Peretti
Après la Quinzaine pour Les Apaches en 2013 et la Semaine pour Une vie violente en 2017, Thierry de Peretti est bien placé pour se hisser dans la cour des grands de l’Officielle, d’autant que son nouveau film bande les muscles : une ambitieuse production à tournage worldwide et casting de stars (Vincent Lindon, Roschdy Zem, Valeria Bruni-Tedeschi), adaptée d’un témoignage événement sur une infiltration de réseaux de drogues internationaux (L’Infiltré d’Hubert Avoine et Emmanuel Fansten, Robert Laffont, 2018).
Rien à foutre, d’Emmanuel Marre et Julie Lecoustre
Les films d’Emmanuel Marre et Julie Lecoustre (créditée scénariste sur le dernier, puis maintenant réalisatrice) ont de loin été l’aventure la plus prometteuse du paysage du court-métrage français de ces cinq dernières années, et il n’est donc pas déraisonnable de souhaiter à leur conversion très attendue au long-métrage un petit couronnement cannois, en star de la Semaine de la critique, ou de l’ACID : un portrait d’hôtesse de l’air de compagnie low cost, porté par Adèle Exarchopoulos.
Titane, de Julia Ducournau
Le tournage du second film de Julia Ducournau a été repoussé suite au 1er confinement, mais la réalisatrice de Grave a réussi à finaliser le film à temps pour cette édition 2021 dont il s’annonce comme un des probables grands événements. Une histoire d’enfant retrouvé et de meurtres en série, avec une possible révélation féminine (Agathe Rousselle), épaulée par Vincent Lindon, et un second rôle pour la déjà révélée Garance Marillier. La rumeur déjà dithyrambique qui entoure le film lui promet sans doute une place en Sélection officielle.
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Retour à Reims, de Jean-Gabriel Périot
Le livre éponyme de Didier Eribon, paru en 2009, tête de cortège de toute une série d’ouvrages entre l’autobiographie et l’essai qui ont fait des transfuges de classe un des grands sujets littéraires de la décennie (Edouard Louis…), avait déjà été adapté au théâtre en 2019 par Thomas Ostermeier. Il l’est désormais au cinéma, grâce à Jean-Gabriel Périot qui a selon ses habitudes conçu ce film en found footage, avec une voix off d’Adèle Haenel. Le réalisateur d’Une jeunesse allemande a évoqué en détail sa fabrication dans une entrevue pendant le 1er confinement, et pourrait espérer la Quinzaine.
After Yang, de Kogonada
Tourné en 2019 et pressenti pour le festival annulé de l’an dernier, ce film produit par les rois du pétrole indie de chez A24 (la société derrière Uncut Gems, Midsommar, The Lighthouse…) a éveillé les soupçons en laissant à son tour passer une année supplémentaire. Un pitch de science-fiction méditative à la A.I. (dans un futur proche, un père et une fille tentent de sauver leur robot baby-sitter défectueux), avec Haley Lu Richardson et Colin Farrell, qui pourrait figurer en Semaine ou en Quinzaine, et pourquoi pas plus ?
Memoria, d’Apichatpong Weerasethakul
Peu de doutes sur la présence en compétition du nouveau film du Palmé d’or 2010, qui est aussi son 1er opus international : il a été tourné en Colombie avec Jeanne Balibar et Tilda Swinton dans les rôles respectifs d’une archéologue et d’une expatriée souffrante du syndrome dit de la “tête qui explose”, une maladie hallucinatoire du sommeil. L’acquisition par Neon (déjà distributeur américain de Parasite et de Portrait de la jeune fille en feu) des droits U.S. est un autre indice, et peut également augurer une certaine révélation mainstream inédite pour le thaïlandais.