[Cannes 2021] OSS 117 : un troisième volet déphasé
Peu d’endroit au monde comme Cannes et son festival peuvent se « vanter » d’être capable de nous faire passer en quelques minutes du sacre d’un film gender fluide, réalisé par une jeune cinéaste, à son exacte antithèse, à savoir un nouveau...
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Peu d’endroit au monde comme Cannes et son festival peuvent se « vanter » d’être capable de nous faire passer en quelques minutes du sacre d’un film gender fluide, réalisé par une jeune cinéaste, à son exacte antithèse, à savoir un nouveau volet des folles aventures d’OSS 117, aka Hubert Bonisseur de la Bath, soit l’agent secret français le plus crétin et le plus hétéro beauf qui soit, remis au goût du jour sur le mode du pastiche par Michel Hazanavicius au début des années 2000.
Hier soir, après que la Palme d’Or a été décernée à Julia Ducournau pour son deuxième long métrage Titane, c’était donc OSS 117 Alerte Rouge en Afrique noire, réalisé cette fois-ci par Nicolas Bedos qui avait la lourde tâche de fermer le bal des festivités cannoises. Rien de bien surprenant dans ce nouveau chapitre assez tiède qui fait l’effet d’un pilote de série et s’achève d’ailleurs en teasant les prochains épisodes à venir de la saga. Le film reconduit fidèlement et assez maladroitement parce que sans véritable inspiration, ni sens du rythme, les ingrédients qui avait fait le sel réac, raciste, homophobe et misogyne de ses prédécesseurs (avec plus d’ambiguïté et de méchanceté chez Hazanavicius), en empilant les vannes comme des ingrédients d’une recette éculée et assez foireuse essayant de nous faire passer son rire gras pour une forme de dénonciation ou de catharsis alors que dans le fond, il se repait de lui même.
>> A lire aussi : [Cannes 2021] “Titane” : une Palme d’or inattendue et audacieuse
Histoire d’un regret
Pour l’histoire en bref, il s’agit à nouveau d’une excursion en terre inconnue, ici l’Afrique exotique des BD de Tintin, et ses vilains rebelles communistes. La nouveauté étant que Hubert, Giscardien endurci, se retrouve aux débuts des années 80 confronté au spectacle de son propre vieillissement, de sa ringardise et pire que tout, de l’effritement de sa puissance virile (il ne jouit plus). François Mitterrand est sur le point de devenir président de la République et surtout un nouvel agent, OSS 1001 (Pierre Niney), ce garçon « féminin » parce que cheveux blonds, chemise rose et piercing à l’oreille mais qui vante quand même ses performances sexuelles avec des femmes, crée un trouble chez OSS, qui après l’avoir envisagé comme un redoutable concurrent finit par éprouver une attirance forcément refoulée pour le jeune homme. Mais sur ce terrain homo-érotique, le film ne fait rien de plus que de s’en amuser avant de l’évincer définitivement du récit. Tout le reste semble d’ailleurs façonné de la même sorte : conscient des enjeux actuels qu’il pourrait déployer sans jamais en approfondir aucun, OSS 117 en Afrique noire, esquissera donc une petite référence à Metoo, après que OSS 117 a claqué les fesses de chacune des femmes du bureau où il travaille, et au consentement (un personnage féminin dit à OSS : « je suis une femme libre et je vais t’embrasser parce que je l’ai décidé« ), sans que ces derniers ne servent à autre chose qu’à exprimer la bonne conscience d’un cinéaste qui ne s’embrasserait guère de ces préoccupations si la société ne lui en demandait pas tant.
C’est d’ailleurs peut être le problème majeur de cet OSS que d’être incapable de nous faire croire que ce qui se joue ici n’est autre que l’histoire d’un regret, celui d’un certain cinéma français, de ses emblèmes masculins, et finalement d’un monde, pas si vieux que ça, où l’on pouvait rire de tout cela.