[Cannes 2021] Que vaut “Un héros”, le nouveau film d’Asghar Farhadi ?

Retour en Iran pour le réalisateur d’Une séparation, après un improbable détour par le thriller espagnol (Everybody Knows, avec Javier Bardem et Pénélope Cruz), mais retour aussi à la forme la plus ouvertement politique de son cinéma, quelque...

[Cannes 2021] Que vaut “Un héros”, le nouveau film d’Asghar Farhadi ?

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Retour en Iran pour le réalisateur d’Une séparation, après un improbable détour par le thriller espagnol (Everybody Knows, avec Javier Bardem et Pénélope Cruz), mais retour aussi à la forme la plus ouvertement politique de son cinéma, quelque peu estompée ces dernières années derrière son aspect plus passionnel et sentimental, ou pour le dire moins poliment, derrière les chichis conjugaux (Le Passé).

Pas ou peu d’intrigue amoureuse dans Un héros, qui suit plutôt le fil d’une sorte d’emballement kafkaïen, partant d’un détenu, Rahim, emprisonné pour dettes et dont la maîtresse, censée devenir sa future femme, a trouvé par hasard un sac de pièces d’or. Envisageant dans un 1er temps de s’en servir pour rembourser son créancier et le convaincre de retirer sa dette, Rahim se rabroue finalement, par honnêteté, et retourne le sac à sa propriétaire. La chose est ébruitée, et l’homme se retrouve au centre d’une improbable médiatisation, présenté en modèle de vertu, ce qui pourrait l’arranger (une collecte est organisée pour l’aider à payer sa dette), mais un petit mensonge initial (il a dissimulé l’existence de sa maîtresse) va tout compliquer.

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Dilemme à tiroirs

Farhadi installe donc un jeu sophistiqué de versions, d’intérêts personnels, de mensonges et de rancœurs, insidieusement lové dans les tabous de la société iranienne, qui rend l’expérience du film assez riche et stimulante, s’approchant d’une certaine manière du cinéma des Dardenne dont il pratique une forme semblable du dilemme à tiroirs, même s’il n’en a pas la puissance théorique.

Quelque chose cependant retient toujours le film dans un registre légèrement trop compassé, représenté notamment par ce personnage central dont on peut regretter que Farhadi en ait tout de même fait un modèle véritable, un honnête détenu vertueux dont les maigres fautes sont toujours aisément excusables, là où un authentique 1er venu, plus léger moralement, réellement faillible, aurait emmené le film dans des terrains plus électriques, et pourquoi pas un peu drôles. C’est encore et toujours ce qui manque aux chroniques de mœurs de l’Iranien, toujours extrêmement élaborées, mais traînant un esprit de sérieux qui ronronne et nous empêche de totalement y adhérer.

Un héros de Asghar Farhadi, en salle le 22 décembre prochain.

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