[Cannes 2021] « Suprêmes » d’Audrey Estrougo, biopic habité de NTM
Cela faisait quelque temps qu’on entendait causer de ce projet assez casse-gueule de biopic musical et qu’on n’y croyait franchement pas tellement. Car on ne sait que trop bien à quel point le genre biographique n’accouche d’une œuvre singulière...
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Cela faisait quelque temps qu’on entendait causer de ce projet assez casse-gueule de biopic musical et qu’on n’y croyait franchement pas tellement. Car on ne sait que trop bien à quel point le genre biographique n’accouche d’une œuvre singulière que tous les vingt ou cinquante produits de série standardisés et bâclés, capitalisant sur la notoriété de leurs sujets en leur appliquant des schémas narratifs prêts à l’emploi.
Théo Christine et Sandor Funtek dans Suprêmes d’Audrey Estrougo (Copyright Gianni Giardinelli/Sony Pictures Entertainment France)Suprêmes est une bonne surprise, et pourtant pas vraiment par une recherche de singularité, de “patte” d’auteur, mais plutôt par la qualité de son exécution, par une exigence tangible qui permet à Estrougo de rendre un produit certes formaté (respect scrupuleux de la chronologie, dissémination de signaux d’époque, scènes incontournables du cahier des charges du biopic musical : le film a tout de même l’air de cocher les cases d’une check-list), mais très musclé et puissant dans les scènes-clé qu’induit son format.
C’est que le sujet aurait difficilement permis la platitude ou la médiocrité, ce dont la réalisatrice a semble-t-il bien pris la mesure en abordant son projet comme un film de bande dont l’enjeu principal de mise en scène, assez kechichien pour le dire vite, est de filmer un groupe et un chaos. A l’instar de Joey Starr et Kool Shen, qui doivent toujours faire comprendre à leurs managers successifs que NTM ne peut pas les starifier en faisant l’économie du crew, tout débordant soit-il (30 potes), Estrougo s’attache à mettre ce groupe au centre et à capter dans chaque scène une énergie collective faite de confrontations incessantes, de provocations, de conciliations, de jeux de regard et de corps, souvent filmée en quasi-plan-séquence, donc en mettant la barre forcément haut en termes de direction d’acteurs et de rythme.
Sandor Funtek et Théo Christine dans Suprêmes d’Audrey Estrougo (Copyright Gianni Giardinelli/Sony Pictures Entertainment France)C’est une chose avec laquelle on ne peut pas tricher, tout comme on ne pourrait pas sur un tel sujet masquer un mauvais choix de casting. Là-dessus le film impressionne aussi. Sandor Funtek plutôt par mimétisme vocal avec son modèle Kool Shen ; et Théo Christine plutôt par l’assurance avec laquelle il impose sa propre nature, son propre charisme, à un rôle tiré d’un Joey Starr à qui il ne ressemble pourtant pas beaucoup, mais dont la caractéristique 1ère est justement d’être une nature et un charisme.
Tout ne fonctionne certes pas et certaines scènes font régulièrement remonter à la surface l’autre essence du film, qui est tout de même d’être une reconstitution d’époque destinée au marché florissant du folklore 90´s. Mais il faut bien reconnaître l’intensité et les épaules de ce film qui se limite aux 1ères années de carrière du groupe et qu’on aurait, on l’avoue volontiers, voulu voir se poursuivre à l’apparition du générique de fin.