[Cannes 2021] “Tromperie” : Arnaud Desplechin adapte Philip Roth avec finesse

Le cas “Desplechin à Cannes” ne cesse d’intriguer. La plupart de ses films de fiction ont été en lice en Officielle mais n’ont jamais remporté de prix. Déçu·e·s, il semblerait que les sélectionneur·euse·s aient décidé de “se débarrasser” du...

[Cannes 2021] “Tromperie” : Arnaud Desplechin adapte Philip Roth avec finesse

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Le cas “Desplechin à Cannes” ne cesse d’intriguer. La plupart de ses films de fiction ont été en lice en Officielle mais n’ont jamais remporté de prix. Déçu·e·s, il semblerait que les sélectionneur·euse·s aient décidé de “se débarrasser” du cinéaste (trop de talent mais pas fait pour les concours, trop “français”) en glissant son nouveau film, pourtant sublime, dans la nouvelle case hors compétition, Cannes Première. Une sélection qu’on pourrait, vue de loin, presque qualifier de Corbeille de luxe du Festival de Cannes puisqu’on y croise du beau monde.

Une adaptation émouvante

Même si, en apparence, Tromperie se la joue plutôt profil bas (sans les ambitions affichées de films comme Rois et reine ou Les Fantômes d’Ismaël), c’est l’un des films les plus émouvants de Desplechin. Sans doute parce qu’il s’empare du roman, assumé comme autobiographique, d’un auteur dont il a souvent parlé comme l’une de ses influences majeures, Philip Roth.

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Comme dans le livre, paru en 1994, l’action se déroule en 1987. Un écrivain américain célèbre, quinquagénaire, répondant au prénom de Philip (Denis Podalydès), s’est installé à Londres avec son épouse (Anouk Grinberg). Sa maîtresse (Léa Seydoux) vient régulièrement le retrouver dans un appartement qu’il loue et dont il a fait son bureau. Il et elle y font l’amour, s’y disputent, y causent beaucoup. Pour Philip (mais est-il sincère ?), chacun de ses livres est attaché à une femme qu’il a connue et aimée. Très sensible sur sa judéité, il juge en outre que tous·tes les Anglais·es sont antisémites, tout en engueulant son père quand il fait la tête parce que son petit-fils a l’intention de se marier avec une Portoricaine (scène très drôle où Philip démontre par A+B à son géniteur la différence entre ce qui est vraiment grave et ce qui ne l’est pas du tout).

Mais la grande réussite, pour ne pas trop développer, de Tromperie, tient à ses vrais sujets, pas tellement cachés, sans être clamés ni ostensibles : l’appréhension de l’âge, la peur de la maladie et la crainte de la mort (magnifique scène entre Podalydès et l’une de ses anciennes maîtresses, jouée par Emmanuelle Devos). Le sexe, oui, cette petite mort permet à Philip d’oublier la grande qui vient. 

Par ailleurs, il faut saluer tous·tes les acteur·trice·s et la façon dont Desplechin les met en scène. Denis Podalydès n’a jamais été aussi sexy et séduisant sur un écran, par exemple. Mais il faut insister sur l’interprétation de Léa Seydoux, présente dans 4 films cette année à Cannes, et ce n’est pas un hasard. Dans Tromperie, en tout cas, elle dévoile une palette de jeu qui devrait enfin convaincre les plus réticent·e·s : elle est une actrice sur laquelle il faut compter.

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