[Cannes 2022] Ruben Östlund remporte une deuxième Palme avec “Triangle of Sadness”

Étrangement, la compétition cette année n’a pas constitué pour nous l’endroit le plus vif d’un festival par ailleurs très riche. Certains des films qui y furent présentés nous ont néanmoins fortement impressionnés. Mais presque aucun d’eux...

[Cannes 2022] Ruben Östlund remporte une deuxième Palme avec “Triangle of Sadness”

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

Étrangement, la compétition cette année n’a pas constitué pour nous l’endroit le plus vif d’un festival par ailleurs très riche. Certains des films qui y furent présentés nous ont néanmoins fortement impressionnés. Mais presque aucun d’eux n’a été retenu par le palmarès de Vincent Lindon et son jury. Pourtant ce n’est pas faute d’avoir ratissé large. Pas moins de 10 films sur 21 ont réussi à se qualifier au tableau d’honneur, soit presque une chance sur deux d’en être pour chacun des concurrents. Un tel œcuménisme rend d’autant plus incompréhensible l’absence des Amandiers de Valeria Bruni Tedeschi et surtout de Pacifiction. Le film d’Albert Serra était la proposition la plus audacieuse de la compétition, sa mise à l’écart vaut comme un blâme à la part la plus créative et risquée du cinéma contemporain.

Certes, le très beau et quasi-expérimental Eo de Jerzy Skolimowski n’a pas été oublié. Mais lui faire partager son Prix du jury avec le très anodin et formaté Les Huit montagnes, bluette alpestre de Felix Van Groeningen et Charlotte Vandermeersch, équivaut à invisibiliser la radicalité du choix. Le reste du palmarès tire un peu dans tous les sens, multipliant les accessits, tout en oubliant quelques grands cinéastes (Cronenberg, Kelly Reichardt et James Gray n’ont pas présenté ici leur plus beau film, mais ceux-ci méritaient davantage une distinction que la plupart des films primés).

Notons avec amusement que Jean-Pierre et Luc Dardenne avaient déjà obtenu en 23 ans la quasi-totalité des prix cannois existants, et que cette année le jury a cru bon d’en inventer un nouveau (celui du 75ème anniversaire, pourquoi pas). Le double Grand Prix à Close de Lukas Dhont et Stars at Noon de Claire Denis paraît là encore résulter d’une difficulté à choisir, ce qui émousse un peu chacun des deux choix. Quant à la Palme d’or remise à Triangle of Sadness, elle nous paraît tout simplement aberrante. Tapageur, démonstratif, cynique, et giclant de haine, le film est vraiment une tannée. Ruben Östlund rejoint donc le très oublié Bille August (Pelle le conquérant, 1988 ; Les Meilleures intentions 1992) dans le club – pour l’instant très fermé – des mauvais cinéastes doublement palmés.

Évidemment, le profond désaccord que nous inspire ce palmarès n’est pas si grave. L’essentiel est que le cinéma vu au festival cette année nous ait semblé particulièrement prolifique et vivant. Beaucoup de sections ont présenté de vraiment beaux films. La Quinzaine était particulièrement brillante avec des œuvres aussi variées que El Agua, Un beau matin, De Humani corporis fabrica, Le Parfum vert, Feu follet, la Semaine de la critique ou Un Certain Regard étaient également très riches (Nos cérémonies, Corsage, Godland, Aftersun, Retour à Séoul…). Et la sélection officielle présentait aussi d’excellents films hors-compétition, à des endroits aussi divers que Top Gun: Maverick ou Don Juan de Serge Bozon. Ce biotope extrêmement profus et divers, c’est l’image qu’on choisira de retenir de cette 75ème édition.

Le Palmarès :

La Palme d’Or : Ruben Östlund pour Triangle of Sadness

Le Grand Prix ex æquo :  Close, du Belge Lukas Dhont et Stars at Noon, de la Française Claire Denis 

Le Prix Spécial de cette 75e édition du Festival de Cannes est attribué à Jean-Pierre et Luc Dardenne pour Tori et Lokita 

Le Prix de la mise en scène : Park Chan-wook pour Decision to Leave 

Le Prix du jury ex æquo : Les Huit Montagnes de Charlotte Vandermeersch et Felix Van Groeningen, et à Eo de Jerzy Skolimowski 

Le Prix du scénario : Tarik Saleh pour Boy from Heaven 

Le Prix d’interprétation masculine : Song Kang-ho, à l’affiche du film japonais Broker, de Hirokazu Kore-eda 

Le Prix d’interprétation féminine : Zar Amir Ebrahimi, à l’affiche du film Holy Spider d’Ali Abbasi 

La Caméra d’or War Pony, de Riley Keough et Gina Gammell 

La mention spéciale de la Caméra d’or :  Plan 75, de la réalisatrice japonaise Hayakawa Chie 

La Palme d’or du court-métrage : The Water Murmurs de Jianying Chen.