Cannes 2023 : notre bilan à mi-parcours
Déjà six jours sont passés depuis l’ouverture du festival. Cinq restent encore à s’écouler. Ce sont surtout les cinéastes les plus reconnus et les plus consacrés que l’on attend cette semaine : Ken Loach, Wim Wenders, Aki Kaurismäki, Nanni...
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
Déjà six jours sont passés depuis l’ouverture du festival. Cinq restent encore à s’écouler. Ce sont surtout les cinéastes les plus reconnus et les plus consacrés que l’on attend cette semaine : Ken Loach, Wim Wenders, Aki Kaurismäki, Nanni Moretti. Un quarteron de totems cannois, tous venus au moins six ou sept fois en compétition (beaucoup plus pour Loach), tous déjà palmés (et même deux fois pour Loach) ou presque (Kaurismäki, multiprimé mais non palmé). Il est probable que certains de ces films soient très beaux, il est moins certain qu’ils renouvellent totalement ce que l’on sait déjà de chacun de leur auteur. Pour tout dire, le film d’une autre vétérane, Catherine Breillat, beaucoup moins souvent exposée dans la vitrine de la compétition cannoise, aiguise davantage nos attentes.
À mi-parcours, on regarde dans le rétroviseur, quelles images se sont sédimentées dans le fond de notre œil ? La puissance plastique interloquante de Zone of Interest de Jonathan Glazer (même si on n’est toujours pas sûr·e de se sentir complètement en affinité avec ce film qui produit autant de perplexité que de sidération) ; la finesse d’analyse, l’art de l’understatement et de l’ironie pastel du May December de Todd Haynes (qui se réinvente en Cukor contemporain) ; et depuis hier, la force d’impact émotionnel foudroyante d’Anatomie d’une chute de Justine Triet.
Notre Palme
La réalisatrice de Victoria et Sibyl compte vraiment désormais parmi les très grand·es cinéastes de l’époque. À partir d’une trame policière assez quelconque, un travail tatillon d’architecture dramatique, une précision exceptionnelle dans la direction d’acteur·trice, dont chaque effet, chaque geste, chaque intonation paraissent le produit d’une réflexion et d’une stylisation acharnées, et surtout un art de la mise en scène d’une éloquence et d’un pouvoir d’évocation inouïs, concourent à faire d’Anatomie d’une chute notre film préféré du festival à ce jour, notre palme perso sans hésitation.
C’est loin d’être le cas chaque année à Cannes, mais nous ne nous sentons pas du tout seul·es dans ce choix. Sur le tableau des étoiles du Film français comprenant les notations de 16 médias nationaux, le film de Justine Triet tient la tête avec l’obtention de quatre palmes (devant The Zone of Interest qui en remporte trois). Sur l’équivalent international de ce tableau, publié dans la revue de cinéma britannique Screen, Anatomie d’une chute est également vainqueur avec une note de 3,1 sur 4. Palme des critiques à l’échelle nationale et internationale, le film de Justine Triet a-t-il fait vibrer la communauté beaucoup plus restreinte des membres du jury ? On voit mal comment, a minima un prix de la mise en scène ou de l’interprétation féminine pour Sandra Hüller pourrait lui échapper. Nous, on lui donnerait la Palme d’or.
Édito initialement paru dans la newsletter spécial Cannes du 22 mai. Pour vous abonner gratuitement aux newsletters des Inrocks, c’est ici !