Cantines scolaires: Castex ne siffle pas la fin de la cacophonie gouvernementale

POLITIQUE - Y a-t-il un pilote dans l’avion? Alors qu’une polémique autour de la décision du maire de Lyon de distribuer un menu unique sans viande dans les cantines pour des raisons sanitaires divise le gouvernement, Jean Castex n’entend pas...

Cantines scolaires: Castex ne siffle pas la fin de la cacophonie gouvernementale

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

Jean Castex, Premier ministre

POLITIQUE - Y a-t-il un pilote dans l’avion? Alors qu’une polémique autour de la décision du maire de Lyon de distribuer un menu unique sans viande dans les cantines pour des raisons sanitaires divise le gouvernement, Jean Castex n’entend pas s’exprimer sur ces “polémiques stériles”, a indiqué Matignon au HuffPost ce 22 février.

“Monsieur Covid”, comme l’ont surnommé certains proches d’Emmanuel Macron, a sans doute d’autres “chats à fouetter”, comme nous l’indiquait un conseiller ministériel, alors qu’un confinement local a été décidé à la mi-journée pour les deux prochains week-ends dans les Alpes-Maritimes à cause de la situation sanitaire.

Silence radio 

Il n’empêche. Depuis le 11 février et le débat qui a opposé Marine Le Pen à Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, sur France 2, la majorité se divise sur la thématique de l’identité et de la laïcité. Aucune réaction du chef du gouvernement après la qualification polémique de “molle” à l’égard de la dirigeante d’extrême droite par son ministre de l’Intérieur.

Nouvel épisode, la semaine dernière, avec sa ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Frédérique Vidal, qui se met à dos la communauté scientifique dont elle a la charge en proposant une enquête sur un supposé “islamo-gauchisme” qui “gangrène” l’université française. Recadrage du CNRS et des instances missionnées, suivi de celui du porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, obligé de redéfinir ses priorités du moment. Pas un mot du côté de Matignon.

Darmanin et Denormandie vs Pompili et Véran

Enfin, depuis samedi 20 février, c’est le sujet des cantines scolaires qui s’invite à nouveau dans le débat. Alors que le maire de Lyon, Grégory Doucet, impose un menu temporaire unique sans viande pour les élèves de sa commune, comme l’avait fait Gérard Collomb lors de la première vague, pour “respecter au mieux le nouveau protocole sanitaire”, Gérald Darmanin dénonce une “idéologie désastreuse” en arguant que “de nombreux enfants n’ont souvent que la cantine pour manger de la viande”.

Julien Denormandie, le ministre de l’Agriculture s’en mêle et saisit même le préfet sur cette question, exhortant les écolos à ne pas mettre “de l’idéologie dans l’assiette de nos enfants.” 

 

On aurait pu en rester là. Mais d’autres ministres du gouvernement, venus de la gauche, font entendre ce lundi 22 février, un autre son de cloche. “Il n’y a pas lieu de polémiquer”, exprime Olivier Véran, le ministre de la Santé issu du Parti socialiste, en marge d’un déplacement à Lyon.

Le même jour, c’est la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili qui regrette des “débats préhistoriques” et qui va dans le sens des décisions prises par le maire EELV de Lyon, son ancien parti.

L’ancienne co-présidente du groupe écologiste à l’Assemblée fustige “des clichés éculés, du type ‘l’alimentation végétarienne serait une alimentation déséquilibrée’, alors qu’on sait que la viande peut être remplacée par du poisson, des œufs, des légumineuses qui apportent toutes les protéines nécessaires”, soit le menu temporaire proposé par la Ville de Lyon à l’heure de la crise sanitaire. 

Je fais des menus végétariens à mes propres enfants (...) Je ne suis certainement pas choqué et certainement pas scandalisé qu’on puisse proposer des repas sans viande ou sans poisson à l’écoleOlivier Véran, ministre de la Santé

Comme dans un élan de “en même temps”, appuyant cette fois le ministre de l’Intérieur, Olivier Véran ajoute: “Je comprends que dans les familles en précarité, la viande, le poisson peuvent coûter cher, donc quand on met son enfant à l’école et à la cantine, c’est aussi l’occasion pour l’enfant d’avoir des protéines animales qui sont importantes dans un régime nutritionnel”. Avant de temporiser son propre argument avec son expérience de “père de famille”. “Je fais des menus végétariens à mes propres enfants (...) Je ne suis certainement pas choqué et certainement pas scandalisé qu’on puisse proposer des repas sans viande ou sans poisson à l’école”. Fermez le ban, tel un Premier ministre.

Au même moment, Barbara Pompili répond elle aussi directement à son collègue de l’Intérieur, sans le nommer: “On entend aussi que des enfants de milieux un peu défavorisés mangeraient moins de viande que les autres, des études montrent l’inverse”.

Comme pour en rajouter une couche, la ministre de la Transition écologique ajoutait sur Twitter en fin d’après-midi des photos du menu végétarien ”équilibré et délicieux” proposé à la cantine d’une école de Charente-Maritime qu’elle visitait. Et de citer la loi issue de la convention citoyenne pour le climat qui proposera cette expérimentation.

Un même argument, employé peu avant, par le maire de Lyon. Dans une interview à L’Obs publiée ce 22 février, Grégory Doucet s’appuie sur un texte voté par la majorité pour justifier à nouveau son choix: “Je rappelle que l’actuelle majorité a fait passer une loi, la loi EGAlim, qui réclame aux cantines depuis novembre 2019 de proposer au moins un menu végétarien, sans viande ni poisson, par semaine. Il serait temps que le gouvernement se regarde en face!”, lance l’édile qui dénonce une nouvelle “diabolisation” des Verts. 

Alors que le Président de la République sera mardi 23 février en Côte-d’Or pour un déplacement justement sur le thème de l’agriculture, son entourage refusait en amont de toucher à cette polémique. “Sans commentaire”, éludait-on à l’Élysée, lundi 22 février.

Le précédent “ensauvagement”

Des “polémiques stériles”, selon l’entourage de Jean Castex qui refuse à ce stade de réagir, mais qui pourraient bien lui revenir en boomerang, comme lorsqu’il a laissé -puis regretté- son ministre de l’Intérieur en première ligne sur le très controversé article 24 de la loi sécurité globale, avant de rétropédaler et de l’inviter au calme pour l’examen du projet de loi séparatisme. 

Une différence de sonorités gouvernementales qui rappelle aussi la polémique sur “l’ensauvagement”, en septembre 2020 où deux visions s’affrontaient entre Gérald Darmanin qui utilisait le terme à dessein et le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, qui s’y refusait. Jean Castex assumait alors que diverses “sensibilités” s’expriment au sein de son gouvernement.

Si “Monsieur Covid” ne tranche pas, ce sera peut-être Emmanuel Macron qui le fera, comme il l’avait fait lors d’un déplacement à Clermont-Ferrand le 8 septembre sur l’égalité des chances. “Ce qui m’importe ce sont les actes, pas les mots”, avait-il éludé en évoquant “le Kamasutra de l’ensauvagement” auquel se serait adonné la presse. À l’époque, déjà, son déplacement avait été marqué par cette “petite phrase”. Nul doute qu’il sera interrogé sur le sujet mardi.

À voir également sur Le HuffPostEn Bretagne, un “vaccimobile” contre le Covid-19 pour les personnes âgées isolées