Carlos Ghosn: ouverture du procès des deux hommes accusés d'avoir organisé sa fuite

GHOSN - Le procès de Michael Taylor et son fils Peter, complices présumés de l’exfiltration de Carlos Ghosn du Japon fin 2019, doit s’ouvrir ce lundi 14 juin à Tokyo, promettant de livrer des détails sur l’une des fuites “les plus effrontées”...

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Procès des deux hommes accusés d'avoir organisé la fuite de Carlos Ghosn (Photo prétexte de Carlos Ghosn prise en 2017 au Grand Prix de Monte Carlo à Monaco. Par Marco Canoniero/LightRocket via Getty Images)

GHOSN - Le procès de Michael Taylor et son fils Peter, complices présumés de l’exfiltration de Carlos Ghosn du Japon fin 2019, doit s’ouvrir ce lundi 14 juin à Tokyo, promettant de livrer des détails sur l’une des fuites “les plus effrontées” de l’histoire récente.

Michael Taylor, 60 ans, ancien membre des forces spéciales américaines reconverti dans la sécurité privée, et son fils Peter Taylor, 28 ans, avaient été arrêtés en mai 2020 près de Boston (nord-est des États-Unis) par les autorités américaines, en vertu de mandats d’arrêt émis par le Japon.

Après avoir épuisé tous les recours possibles, ils ont été extradés en mars dernier au Japon en vue d’y être jugés. Ils encourent jusqu’à trois ans de prison. Ce lundi, les deux hommes ont admis leur rôle dans l’audacieuse fuite. Ils n’ont pas contesté les faits qui leur sont reprochés, après en avoir écouté la lecture par un procureur au début de l’audience.

Évasion incognito 

Au matin du 31 décembre 2019, le Japon apprenait la fuite au Liban de son plus célèbre inculpé: Carlos Ghosn, le grand patron déchu de Nissan, Renault et de leur alliance automobile, jusqu’alors en liberté sous caution dans l’attente de son procès pour malversations financières présumées, avec l’interdiction de quitter le pays.

Deux jours plus tôt, le Franco-libano-brésilien avait tranquillement quitté son domicile à Tokyo pour rejoindre Osaka (ouest) en prenant le shinkansen - le train à grande vitesse japonais - portant bonnet, masque et lunettes pour éviter d’être reconnu.

Les deux hommes qui l’accompagnaient, et qui se sont envolés dans la soirée depuis l’aéroport d’Osaka à bord d’un jet privé, ont été identifiés à partir d’images de surveillance: Michael Taylor et George Antoine Zayek, un homme d’origine libanaise qui reste introuvable.

Dissimulé dans une caisse

Se faisant passer pour des musiciens, ils ont pu embarquer leurs bagages sans passer les contrôles de sécurité, comme c’était alors permis au Japon pour les jets privés. Les enquêteurs pensent que Carlos Ghosn était dissimulé dans un gros caisson de matériel audio, percé de petits trous pour lui permettre de respirer.

Les trois hommes se sont ensuite envolés vers Istanbul. De là, Carlos Ghosn a pris un autre vol pour le Liban, qu’il n’a plus quitté depuis.

Peter Taylor, présent à Tokyo juste avant la fuite et qui avait rencontré plusieurs fois Carlos Ghosn au Japon dans les mois précédents, a lui quitté le pays seul à bord d’un avion vers la Chine.

“Une des fuites les plus effrontées de l’histoire récente”

Un document des procureurs américains a parlé d’“une des fuites les plus effrontées et les mieux orchestrées de l’histoire récente”.

Carlos Ghosn fait aussi l’objet d’un mandat d’arrêt du Japon avec une demande d’arrestation par Interpol, mais reste hors d’atteinte au Liban, qui n’extrade pas ses ressortissants.

Celui qui a déclaré n’avoir “pas fui la justice” mais ”échappé à l’injustice” au Japon, est resté très discret sur les conditions de son exfiltration pour “protéger ceux qui ont pris le risque” de l’aider. Il assure toutefois n’avoir pas impliqué de membres de sa famille.

Multiples procès

En février, trois ressortissants turcs ont été condamnés par un tribunal d’Istanbul à plus de quatre ans de prison dans l’affaire de la fuite de Carlos Ghosn: un haut responsable de la compagnie turque de location de jets privés MNG Jet et deux pilotes. Quatre autres personnes ont été acquittées.

Par ailleurs, la fuite de Carlos Ghosn n’a pas empêché l’ouverture l’an dernier d’un procès pénal à Tokyo au sujet de rémunérations différées totalisant plusieurs dizaines de millions de dollars que le grand patron de Nissan était censé toucher à sa retraite, mais sans que cela ait été mentionné dans les rapports boursiers du groupe.

Un ancien responsable juridique de Nissan, l’Américain Greg Kelly, arrêté le même jour que Carlos Ghosn en novembre 2018, se retrouve ainsi seul sur le banc des accusés, Nissan étant jugé en tant que personne morale.

Greg Kelly, qui risque jusqu’à dix ans de prison, dément avoir agi illégalement dans ce procès aux débats souvent très techniques et dont la dernière audience est prévue début juillet, tandis que Nissan a plaidé coupable.

Tout en étant engagé dans plusieurs contentieux au civil contre Nissan, Carlos Ghosn, qui clame son innocence sur toute la ligne, est aussi concerné par diverses enquêtes en France. 

Des juges d’instruction français l’ont récemment auditionné pendant plusieurs jours à Beyrouth. Mais Carlos Ghosn ne peut être mis en examen hors du territoire français.

À voir également sur Le HuffPost: Le Japon réagit aux attaques de Carlos Ghosn