Castex a-t-il présenté un graph' "trafiqué" sur le Covid? L'auteur se dit "heurté"
POLITIQUE - La courbe de la discorde. Selon une enquête de Médiapart publiée ce vendredi 9 avril, le Premier ministre a présenté un graphique “trafiqué” aux causementaires en janvier dernier, quelques heures avant de prendre la décision avec...
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POLITIQUE - La courbe de la discorde. Selon une enquête de Médiapart publiée ce vendredi 9 avril, le Premier ministre a présenté un graphique “trafiqué” aux causementaires en janvier dernier, quelques heures avant de prendre la décision avec le président de la République, de ne pas suivre les recommandations du Conseil scientifique qui plaidait pour un confinement national face à la recrudescence de l’épidémie de covid-19.
La scène se déroule le 28 janvier. Jean Castex tient un comité de liaison, en visioconférence, aux côtés du ministre de la Santé Olivier Véran et avec des causementaires de toutes sensibilités confondues. Comme toujours depuis le début de la crise sanitaire, les échanges se font à la lumière des chiffres hospitaliers et autres données épidémiologiques.
Le Premier ministre présente donc une série d’éléments aux députés et sénateurs: une quinzaine de cartes et autres graphiques. Mais, selon le média d’investigation, l’un d’entre eux, celui qui présente les “projections” et donc l’évolution de l’épidémie, a été “retitré et modifié de façon grossière” par rapport à sa version initiale. L’auteur du document en question, rendu à Jean Castex la veille de la tenue de ce comité de liaison, se dit “heurté” par la méthode.
“Je n’ai jamais prétendu faire des projections”
“Je reconnais être l’auteur de ces courbes, mais je n’ai jamais prétendu faire des projections”, confesse ainsi le professeur Renaud Piarroux, membre de l’Institut Pierre-Louis d’épidémiologie et de santé publique rattaché à l’Inserm à Médiapart. Le spécialiste des épidémies explique avoir donné ce graphique à Jean Castex, en format papier le 27 janvier, “dans un but pédagogique” pour “expliquer la gravité de la situation”.
Or le document, scanné, puis présenté par le Premier ministre est titré “projections en fonction de l’impact des variants” comme vous pouvez le voir ci-dessous, sur cette capture d’écran publiée le 29 janvier dernier par le patron du Parti socialiste Olivier Faure, présent à la réunion entre le chef du gouvernement et les causementaires.
Que chacun juge des annonces de #Castex. Le graph ci-dessous a été remis hier aux pdts de Gpe : sans coup de frein début avril nous serons à 250 000 #COVID19 /jour, 1,8 million/sem! « Se donner une chance » c’est retarder la diffusion du #Variant pas différer les décisions. pic.twitter.com/mnG5vUo7Io
— Olivier Faure (@faureolivier) January 29, 2021
Pire, le graphique du gouvernement, non sourcé, comprend une courbe en pointillé qui ne figurait pas dans la version initiale publiée dans l’enquête de Médiapart.
Renaud Piarroux décrypte: “en bleu, la courbe figure la progression d’un virus presque maîtrisé par les mesures de lutte, avec un taux de reproduction R de 1,05. (...) La courbe rouge correspond à un variant 60% plus transmissible, dont le R est de 1,65: une personne contaminant 1,65 personne, le variant gagne vite du terrain. La dynamique épidémique globale est la courbe noire, qui additionne les cas liés aux deux virus.”
Le “sens même du graphique modifié”
Mais à quoi correspondent, alors, les pointillés? À pas à grand-chose. Médiapart avance une “volonté d’atténuer l’impact du variant” puisque ce trait semble, selon la légende accompagnant le graphique du gouvernement, correspondre à l’hypothèse d’un variant au taux de reproduction R de 1,4 soit 33% plus transmissible que la souche historique. “Seulement, les épidémiologistes ont toujours estimé que le variant britannique était plus transmissible de +50 à +70%”, relève le site d’investigation.
Autant de petites imprécisions, volontaires ou non, qui ne plaisent pas franchement au professeur de l’Institut Pierre-Louis. “Je n’ai pas de problème avec le fait que mon travail soit utilisé, même sans en être averti. Mais que le sens même du graphique ait été modifié heurte ma déontologie de scientifique”, regrette Renaud Piarroux, toujours à Mediapart.
Contacté par Le HuffPost, Matignon n’a pour l’heure pas donné suite. Les auteurs de cette retouche -ou de cette manipulation- auraient peut-être dû faire vérifier leur graphique par Emmanuel Macron et ses qualités d’épidémiologiste.
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