Catherine Moyon de Baecque : « Des milliers de victimes de violences sexuelles se taisent »

Première athlète à avoir dénoncé des faits de violences sexuelles en milieu sportif, Catherine Moyon de Baecque co-préside la Commission de Lutte contre les violences sexuelles et discriminations au sein du CNOSF. Sur le sujet, il reste beaucoup...

Catherine Moyon de Baecque : « Des milliers de victimes de violences sexuelles se taisent »

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

Première athlète à avoir dénoncé des faits de violences sexuelles en milieu sportif, Catherine Moyon de Baecque co-préside la Commission de Lutte contre les violences sexuelles et discriminations au sein du CNOSF. Sur le sujet, il reste beaucoup de travail à accomplir.

Elle a été la 1ère sportive à donner l’alerte. Athlète en lancer de marteau, Catherine Moyon de Baecque a subi en 1991 une agression sexuelle lors d’un stage avec l’équipe de France. Or, elle n’a pas obtenu de soutien de sa fédération et a décidé de porter l’affaire en justice, laquelle lui a donné raison. En cassation, la responsabilité de l’Etat est aussi reconnue. Exclue du monde sportif voire même isolée, elle est depuis septembre 2021 co-présidente de la Commission de Lutte contre les violences sexuelles et discriminations au sein du Comité national olympique et sportif français (CNOSF). En ce début avril, l’instance organise ses 1ères Assises internationales.

[themoneytizer id= »90073-1″]

 

Quand on vous a proposé cette mission vous l’avez tout de suite acceptée ?

Oui. J’ai subi des pressions, des menaces de mort, des mises a l’écart, de la maltraitance institutionnalisée pendant 20 ans, en étant bannie du sport français, de l’Etat et de la société. Mais je n’ai pas réfléchi longtemps. Je me suis dit que je ne devais pas être égoïste et que je devais porter cet espoir, cet engagement, pour que des enfants, des ados, et des adultes ne vivent plus ces agressions, qui sont des crimes et des délits. J’ai aussi senti que je pouvais m’engager aux côtés de Brigitte Henriques. Une chose que je n’ai jamais dite, c’est qu’elle est la seule à avoir fait quelque chose pour moi en me nommant à la tête de cette commission.

Pour la 1ère fois de l’histoire, la justice a reconnu la responsabilité fédérale et de l’Etat. Mais comme ce sont des lanceurs de l’équipe de France, ils ont continué à être protégés et à participer aux Jeux olympiques, aux championnats d’Europe, du Monde… et les victimes, comme moi, devaient se taire. Ce qui est anormal, c’est qu’on ne m’a pas protégée. Le plus important, c’est donc de donner un message fort. De montrer que dans le sport, comme dans la société, maintenant, c’est terminé.

⏩ À lire aussi : Justine Crousy Théode : « C’est extraordinaire de participer à un mondial élite dans le pays du hockey sur glace »

En préambule de notre entretien, vous avez précisé que la courbe des violences augmentait…

La libération de la parole a fait beaucoup. Mais il y a des milliers de victimes qui ne causent pas encore. Les chiffres données ont le mérite d’exister mais il faut les multiplier par dix et encore… L’ampleur de ces violences est considérable alors que le sport est source de bienfait et doit aider à s’épanouir.

Nous ne pouvons pas nous en satisfaire. Il faut inverser cette courbe, ce serait deja un grand pas en avant. J’ai échangé avec Pascal Boniface (directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques, IRIS, ndlr), pour savoir à quel niveau se situe la France. On a été vraiment très en bas et on est désormais dans la moyenne. C’est bien, mais on ne peut pas s’en satisfaire. D’où l’intérêt de voir ce qui fonctionne pour lutter contre ces violences. Ensuite, le rôle du CNOSF va être de donner une ligne politique à suivre dans les comités régionaux, départementaux et territoriaux.

[themoneytizer id= »90073-1″]

 

Quel message vous souhaitez aujourd’hui transmettre aux victimes ?

Que le CNOSF est désormais un acteur prioritaire de cette lutte. Donc tous les sportifs, les encadrants, les dirigeants, bref, l’ensemble du sport français peut s’adresser au CNOSF. Je souhaite dire que je suis là, que la présidence est là, et que notre commission est là. Alors évidemment, on ne va pas gérer les situations cas par cas. Mais notre rôle est de mettre en lien les victimes avec des structures adaptées pour les orienter. Il faut que tout le monde sache que c’est désormais la priorité du CNOSF et cela change beaucoup de choses. C’est important que les fédérations sachent qu’on les écoute et qu’elles ne sont pas abandonnées. Et que désormais, aucune victime ne sera laissée pour compte.

⏩ À lire aussi : Famosport : lever les freins de la pratique sportive

L’article Catherine Moyon de Baecque : « Des milliers de victimes de violences sexuelles se taisent » @ Les Sportives.