Ce que l’on sait de l’état de santé d'Alexei Navalny
RUSSIE - “Satisfaisant” ou “très inquiétant”. L’état de santé d’Alexei Navalny est à l’origine de nouvelles crispations entre les Occidentaux -États-Unis en tête- et la Russie. Au point que les Américains ont menacé le Kremlin de façon à peine...
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RUSSIE - “Satisfaisant” ou “très inquiétant”. L’état de santé d’Alexei Navalny est à l’origine de nouvelles crispations entre les Occidentaux -États-Unis en tête- et la Russie. Au point que les Américains ont menacé le Kremlin de façon à peine voilée si l’opposant numéro 1 de Vladimir Poutine venait à mourir. Les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne ont par ailleurs diligenté ce lundi 19 avril une réunion sur le sujet.
Après 48 heures de tensions, les autorités carcérales russes ont annoncé dans la matinée le transfert d’Alexeï Navalny “vers une unité hospitalière pour les condamnés qui se trouve sur le territoire de la colonie pénitentiaire n°3 de la région de Vladimir”. Ils ont cependant jugé son état “satisfaisant”, contredisant les médecins personnels et les proches du militant.
Après avoir été hospitalisé en Allemagne pour un empoisonnement supposé, imputé par ses partisans au Kremlin, Alexeï Navalny est rentré en Russie mi-janvier. Il a ensuite été incarcéré le 26 février pour avoir violé les conditions de son sursis pour une précédente condamnation. Détenu pour deux ans et demi dans la colonie pénitentiaire de Pokrov, à 100 kilomètres de Moscou, Alexeï Navalny a entamé une grève de la faim le 31 mars. Et depuis son incarcération, son état de santé n’a fait que se dégrader, affirment ses soutiens.
Des conditions de détention difficiles
La prison de Pokrov où se trouvait jusqu’à présent Alexeï Navalny est connue pour ses conditions de détention particulièrement strictes. Suffisamment pour que l’opposant russe la décrive comme un “camp de concentration à 100 kilomètres de Moscou” dans un de ses derniers posts sur les réseaux sociaux. Il racontait avoir eu le crâne rasé dès son arrivée et décrivait un univers où “tout le monde est sous surveillance et (où) la moindre infraction donne lieu à un rapport”.
Des descriptions qui font écho aux récits d’anciens détenus, interrogés par Franceinfo: obligation de rester debout ou assis pendant des heures sans bouger; petit-déjeuner à avaler en 2 minutes - 5 pour le déjeuner, “torture par privation de sommeil” avec des réveils multiples en pleine nuit, et surtout, pour les prisonniers les plus surveillés comme Navalny, un isolement absolu où les échanges - y compris ceux avec les autres détenus - sont interdits.
Le 31 mars, une semaine après avoir réclamé en vain un accès aux soins aux autorités pénitentiaires et à la justice, Alexeï Navalny s’est décidé à entamer une grève de la faim pour dénoncer ses conditions de détention.
Quel accès aux soins en prison?
Les 1ères nouvelles inquiétantes sur la santé d’Alexei Navalny sont arrivées fin mars. Son avocate décrivait de “fortes douleurs” au dos et à la jambe droite et assurait que Alexeï Navalny avait formulé une demande officielle pour recevoir des soins. De même source, on apprenait que le détenu russe avait passé “un examen IRM” dans un hôpital public, sans qu’un diagnostic ne lui soit toutefois transmis.
Depuis, le flou sur la santé du détenu le plus surveillé de Russie n’a fait que se renforcer. Le 5 avril, Alexei Navalny a évoqué sur Instagram “une forte toux” et une température de “38,1 degrés”. Dans la foulée, un média pro-gouvernemental a indiqué que le prisonnier avait été transféré vers une unité médicale, une information jamais confirmée par ses proches.
Selon Olga Mikhaïlova, l’avocate de Navalny, la prison ne dispose quasiment d’aucun personnel médical: seul un aide-soignant assure le suivi des détenus sur place. Les services pénitentiaires ont eux assuré fin mars qu’Alexeï Navalny recevait “toute l’assistance médicale nécessaire”, mais une lettre diffusée peu de temps après sur Instagram par Ioulia Navalnaïa est venue semer le doute: interpellé par la femme de l’opposant, le directeur de la colonie pénitentiaire y indiquait ne pas pouvoir faire hospitaliser Navalny, car l’administration pénitentiaire ne disposait pas de ses documents d’identité.
Les vitamines suffiront-elles?
Le 13 avril, l’épouse d’Alexeï Navalny a indiqué que son mari avait perdu près de 10 kilos depuis le début de sa grève de la faim: “Il est tout aussi joyeux et jovial, mais il cause avec difficulté et de temps en temps, il raccrochait (le téléphone, ndlr) pour s’allonger sur la table et se reposer”, a écrit Ioulia Navalnaïa dans une publication Instagram, après avoir rendu visite à son mari.
Quatre jours plus tard, les médecins personnels de l’opposant sonnaient l’alarme, de façon plus virulente. “Le potassium dans le sang évalué à 7,1 mmol/L correspond à la fois à une insuffisance rénale et à des troubles sévères du rythme cardiaque, c’est-à-dire une fibrillation ventriculaire allant jusqu’à un arrêt cardiaque. Il est impératif d’agir immédiatement”, écrivaient-ils dans un communiqué, après avoir reçu les résultats de tests. “Nous, médecins, sommes prêts à agir”, ajoutaient-ils, en demandant une réunion avec les autorités pénitentiaires. “La question qui demeure est de savoir si les autorités pénitentiaires sont prêtes à coopérer pour sauver la vie de Navlany.”
Selon les autorités carcérales, Alexei Navalny a accepté ce lundi 19 avril de recevoir “une thérapie vitaminée”. Toutefois, cette nouvelle et celle de son transfert n’ont pas satisfait ses médecins. Sur Twitter, Anastasia Vassilieva a affirmé que son patient “n’a pas du tout été transféré à l’hôpital, mais dans une autre colonie pénitentiaire” équipée pour gérer les cas de tuberculose. “Ce n’est pas du tout un hôpital, où ils peuvent diagnostiquer et prescrire un traitement adapté à ses problèmes. Nous exigeons de toute urgence une consultation où nous, ses médecins traitants, serions admis”, a-t-elle écrit.
À voir également sur Le HuffPost: En soutien à l’épouse d’Alexeï Navalny, des centaines de femmes russes ont manifesté