Ce sac à 7300 euros ne sera plus vendu chez Harrods

MODE - Un sac à main en forme de lèvres, un autre en forme de part de pizza. Si le design de la plupart des accessoires de la marque américaine de luxe Judith Leiber peut faire sourire, ce n’est pas le cas de tous les modèles, comme en témoigne...

Ce sac à 7300 euros ne sera plus vendu chez Harrods

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Sur le site internet de Judith Leiber, le sac est, lui, toujours en vente.

MODE - Un sac à main en forme de lèvres, un autre en forme de part de pizza. Si le design de la plupart des accessoires de la marque américaine de luxe Judith Leiber peut faire sourire, ce n’est pas le cas de tous les modèles, comme en témoigne la récente disparition de l’un d’entre eux des étals du grand magasin britannique Harrods.

L’article en question? Une pochette en cuir, scintillante, représentant Ganesh, dieu de la sagesse, de l’intelligence, de l’éducation et de la prudence dans l’hindouisme. Vendu à 6340 livres sterling, soit environ 7300 euros, le sac a provoqué la colère de la communauté hindoue au Royaume-Uni, dénonçant par la même la dévalorisation de leur religion à des fins mercantiles.

Dans un article du Guardian publié ce mardi 13 avril, le responsable d’une association de défenses des valeurs et des intérêts des Indiens à l’étranger rappelle que ”[leurs] dieux ne sont pas des accessoires de mode” et qu’il “est très irrespectueux de les représenter de la sorte”. Ce sac à main “se moquait de notre foi”, a indiqué Nandi Singh, membre de Reach. Compte tenu de la croyance en la non-violence à l’égard des animaux, l’utilisation du cuir dans la fabrication a été jugée, ici, d’autant plus inappropriée.

C’est sur Twitter, samedi 10 avril, que l’organisme a épinglé la célèbre boutique londonienne. “Harrods a-t-elle un problème avec les Hindus? [...] Ce n’est pas de l’ignorance, c’est volontaire. Excusez-vous et arrêtez de vendre ce sac immédiatement”, peut-on lire sur le réseau social.

Le lendemain du tweet, la chaîne de grands magasins affirme alors que le modèle ne sera plus vendu chez elle, remerciant l’association “pour avoir porté ce problème à son attention”. Sur le site, un message d’erreur apparaît désormais.

La photo du sac a elle aussi été retirée du compte Instagram de la marque. Dans les colonnes du Guardian, la présidente de Judith Leiber, Lela Katsune, se dit désolée. “Notre objectif a toujours été de créer des pièces uniques qui célèbrent respectueusement l’art, les individus et les cultures”, concède-t-elle. Cependant, la marque n’a pas l’intention d’arrêter la production du sac. Elle annonce simplement remplacer la doublure en cuir par du synthétique.

“Une question de fond”

Pour Rajnish Kashyap, directeur de l’Hindu Council UK, “cela soulève une question de fond”. “Pourquoi une enseigne à la renommée internationale ne fait-elle pas de recherches approfondies sur la religion et la foi afin de déterminer ce que ses produits signifient pour les personnes croyantes? C’est de l’appropriation culturelle et religieuse”, dénonce-t-il à son tour dans le quotidien britannique.

Les esthétiques et représentations de l’hindouisme, religion la plus répandue en Inde, sont régulièrement récupérées de façon commerciale dans les pays occidentaux. Au mois de février dernier, une photo de la chanteuse Rihanna, posant nue sur Instagram avec un pendentif représentant Ganesh, a suscité une vague de désapprobation similaire. L’an passé, Cardi B a, elle, été accusée des mêmes torts pour la représentation d’elle en Dourga, déesse de la guerre, en couverture du magazine Footwear News.

L’appropriation dans la mode n’épargne aucune culture. Au mois d’octobre 2020, Rihanna s’était vue là aussi pointée du doigt à cause de l’emploi d’un morceau reprenant en accéléré des paroles sacrées du prophète Mahomet lors de son défilé de lingerie. Kim Kardashian, aussi. Face aux critiques, elle a fini par changer le nom de sa marque de sous-vêtements “Kimono”. Le terme désignant un vêtement chargé d’une histoire culturelle aussi riche posait problème à de nombreux Japonais.

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