Centrale nucléaire EPR de Taishan: ce que l'on sait de la situation

NUCLÉAIRE - Certains termes ont de quoi inquiéter. La chaîne CNN, sur la base d’une lettre envoyée par Framatome au département de l’Énergie américain le 8 juin, fait état ce lundi 14 juin d’une possible “fuite” dans la centrale nucléaire de...

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Des ouvriers attendant le 1er ministre français Jean-Marc Ayrault à la centrale nucléaire de Taishan alors en construction, le 8 décembre 2013.

NUCLÉAIRE - Certains termes ont de quoi inquiéter. La chaîne CNN, sur la base d’une lettre envoyée par Framatome au département de l’Énergie américain le 8 juin, fait état ce lundi 14 juin d’une possible “fuite” dans la centrale nucléaire de Taishan, dans le sud de la Chine.

Filiale d’EDF, Framatome a participé à la construction des deux réacteurs de cette centrale, à ce jour les seuls EPR à être entrés en service dans le monde, en 2018 et 2019. Après avoir subi des déboires divers entraînant retards et surcoûts depuis le lancement du 1er chantier de son modèle de réacteur de troisième génération, EDF se serait sans doute passé de cet épisode. Mais que sait-on de la gravité de la situation à ce stade, et qu’en dit le groupe français?

 

Situation “inhabituelle” et inquiétudes

Selon CNN, Framatome se serait adressé aux Etats-Unis pour demander une autorisation d’assistance technique pour résoudre “une menace radiologique imminente” en lien avec la possible “fuite”. Toujours selon la chaîne américaine, les autorités de sûreté chinoises auraient également relevé les limites acceptables de radiation à l’extérieur du site pour éviter d’avoir à mettre la centrale à l’arrêt.

Bien que les responsables américains ne jugeraient pas encore la menace “sévère” pour les employés de la centrale, ni pour la population chinoise, la chaîne souligne qu’il est “inhabituel qu’une entreprise étrangère contacte le gouvernement américain de façon unilatérale pour lui demander de l’aide, alors que son partenaire étatique chinois n’a pas encore reconnu qu’il y avait un problème”.

A la suite de ces informations, des responsables politiques notamment écologistes ont exprimé leur préoccupation sur les réseaux sociaux en France. Yannick Jadot en a ainsi profité pour dénoncer la “catastrophe” de l’EPR.

 

“Augmentation de la concentration de gaz rares” mais indicateurs “normaux”

Du côté d’EDF, la tonalité est sans surprise moins alarmiste. L’un des réacteurs EPR de la centrale de Taishan a subi une “augmentation de la concentration de certains gaz rares” dans un circuit, a annoncé EDF lundi, après les informations dévoilées par CNN.

“EDF a été informée de l’augmentation de la concentration de certains gaz rares dans le circuit primaire du réacteur n°1 de la centrale nucléaire de Taishan détenue et exploitée par TNPJVC, joint-venture de CGN (70%) et EDF (30%)”, indique le groupe français dans un communiqué.

Le circuit primaire est un circuit fermé contenant de l’eau sous pression, qui s’échauffe dans la cuve du réacteur au contact des éléments combustibles. Les gaz dits “rares” comptent l’argon, l’hélium, le krypton, le néon ou encore le xénon.

“La présence de certains gaz rares dans le circuit primaire est un phénomène connu, étudié et prévu par les procédures d’exploitation des réacteurs”, ajoute l’entreprise.

Framatome a pour sa part indiqué surveiller “l’évolution d’un des paramètres de fonctionnement” sur le site, mais sans donner de détail ni causer de fuite comme le faisait CNN. La centrale “est dans son domaine de fonctionnement et de sûreté autorisé”, a assuré Framatome dans une déclaration à l’AFP.

De son côté, l’exploitant de la centrale, China General Nuclear Power Group (CGN), a fait état dans un communiqué d’indicateurs environnementaux “normaux”, sans toutefois faire directement référence aux informations de CNN.

“A l’heure actuelle, la surveillance continue des données environnementales montre que les indicateurs environnementaux de la centrale nucléaire de Taishan et ses environs sont normaux”, a indiqué le groupe chinois, qui n’a pas donné suite aux demandes d’informations de l’AFP.

Pas de commentaire des autorités chinoises, ni des françaises

Le ministère chinois des Affaires étrangères n’a pas non plus répondu aux sollicitations dans l’immédiat. En France, le gouvernement, le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) et l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) n’avaient pas non plus réagi.

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), basée à Vienne, a de son côté déclaré qu’”à ce stade” elle n’avait “aucune indication qu’un incident radiologique se soit produit”.

EDF dit avoir pris contact avec la coentreprise TNPJVC et “apporte son expertise”. Le groupe français dit encore avoir “sollicité la tenue d’un conseil d’administration extraordinaire de TPNJVC pour que le management présente l’ensemble des données et les décisions nécessaires”.

La Chine compte une cinquantaine de réacteurs en fonctionnement ce qui la classe au troisième rang mondial derrière les Etats-Unis et la France.

D’autres exemplaires des réacteurs EPR sont actuellement en construction en Finlande, en France et au Royaume-Uni, mais de multiples problèmes techniques ont retardé de plusieurs années leurs mises en service.

A voir également sur Le HuffPost: L’évolution de la centrale nucléaire de Fukushima, 10 ans après la catastrophe