Ces bonnes habitudes que 2020 nous a imposées et qu'on ferait bien de garder
PSYCHOLOGIE - Il y a un an, alors que nous entamions 2020 avec pour certains de bonnes résolutions, pour d’autres de projets ou grandes ambitions, qui aurait cru que, douze mois plus tard, cette année aurait été celle que nous avons vécue?...
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PSYCHOLOGIE - Il y a un an, alors que nous entamions 2020 avec pour certains de bonnes résolutions, pour d’autres de projets ou grandes ambitions, qui aurait cru que, douze mois plus tard, cette année aurait été celle que nous avons vécue? Qu’à défaut de voyager, nous serions confinés. Qu’au lieu de partager du temps avec nos proches, nous serions dans la solitude. Qu’à la place de nous rendre au travail, nous ne verrions nos collègues qu’en visio. Que 2020 serait à ce point marquée par le deuil, la maladie, la perte de tous nos repères.
Ce fut une année difficile, et ce n’est qu’un euphémisme. Et alors que 2021 est tout juste entamée, nous n’avons pas encore tourné la page de l’épidémie et devons faire face à des jours, des semaines, sûrement de mois de lutte contre le coronavirus. Mais rien n’est jamais tout noir. Et les moments les plus douloureux d’une existence ne sont pas sans porter des leçons. En ce sens, 2020 n’aura pas fait exception. Elle nous aura imposé certaines bonnes habitudes que nous ferions bien de garder en tête.
Bienveillance envers les autres
Lorsque tout a commencé, la peur de la contamination était proportionnelle à l’inconnu qui nous faisait face et telle que des comportements individualistes ont rapidement émergé. Stigmatisation, recherche de boucs émissaires, individualisme prononcé ont été certaines des premières conséquences de l’émergence en Europe du virus.
Il ne s’agit pas de dire que ces habitudes ont disparu. Mais d’autres ont pris une place importante dans la lutte contre l’épidémie. À commencer par une forme de bienveillance pour autrui. C’était l’une des hypothèses émises par Marie-Claire Villeval, directrice de recherche au CNRS, spécialiste d’économie expérimentale et comportementale, qui travaillait sur la manière dont les interactions sociales allaient évoluer durant la pandémie: celle d’une société plus bienveillante. “Les réseaux sociaux ont permis aux gens de garder contact, ils ont pris conscience du manque de l’autre, de ce qu’était la vie sans les autres. Cette prise de conscience peut avoir un effet sur la bienveillance vis-à-vis des autres”, expliquait-elle au mois de mai au HuffPost.
Applaudissement des soignants, des caissiers, aide à ses voisins les plus vulnérables, prises de nouvelles régulières de ses proches... Cette année peut-être plus que les autres, nous avons été attentifs au monde qui nous entoure, qu’il soit proche ou moins proche, et bien que dans notre propre bulle.
Responsabilité envers autrui
C’est peut-être par bienveillance que nous avons aussi pris sur nous en termes de responsabilisation. Deux confinements, des couvre-feux, de multiples restrictions allant de la simple impossibilité de partager un verre dans un bar à celle de ne pas pouvoir rendre visite à une personne âgée en Ehpad... En 2020 peut-être plus que jamais, notre liberté s’est arrêtée là où commençait celle des autres.
Si certains, tel Nicolas Bedos, ont vu dans les mesures restrictives du gouvernement un liberticide, appelant à “vivre quitte à mourir”, pour la majorité des Français qui ont respecté ces règles, il s’agissait avant tout de prendre ses responsabilités.
Cette responsabilité qui, selon la définition de Sartre, est le penchant de notre liberté. “Pour Sartre, notamment, la liberté absolue va de pair avec la responsabilité absolue. C’est parce que l’homme est libre qu’il est responsable (...) nos actions et nos choix impactent les autres qui nous entourent, et c’est précisément parce que ces actions sont libres que nous devons répondre de leurs conséquences”, explique Mélissa Fox-Muraton, docteure en philosophie et chercheuse à l’ESC Clermont, dans une tribune sur Le HuffPost.
Même confinés, nous avons été libres, libres de choisir la responsabilité. Et c’est l’addition de ces responsabilités individuelles qui fait que nous avons évité plus de décès que nous n’en connaissons déjà.
Prendre le temps
Aussi tumultueuse qu’elle ait été, l’année 2020 nous a aussi énormément appris sur nous, et notamment en termes de patience. Confinés, le temps s’est étiré. Parfois pour le pire, mais parfois, aussi, pour le meilleur.
“Le régime temporel a changé du tout au tout, il s’est transformé, même pour les personnes en télétravail ou qui doivent tout mener de front. Quand le rapport à l’espace change, le rapport au temps change”, avançait lors du premier confinement la philosophe et psychanalyste Hélène L’Heuillet, autrice de ”Éloge du retard: Où le temps est-il passé?”, contactée par Le HuffPost.
Pour elle, le temps qu’était ce premier confinement venait s’imposer en rupture radicale avec le quotidien auquel nous étions tous habitués. Une rupture brutale, certes, mais qui n’a selon elle pas entraîné que du négatif. “Le confinement vient remettre les pendules à l’heure, quand tout allait trop vite. Il a, d’une certaine manière, permis une pause à beaucoup de gens affolés, sous pression, avec une activité effrénée”, souligne la philosophe.
Un temps qui ne doit plus être rempli, mais simplement structuré et organisé, avec quelques rendez-vous dans la journée, mais, surtout, des intervalles vides. “Ces intervalles sont vitaux, ce sont de vraies respirations temporelles, de potentielles sources de créativité. Pour une fois, on peut passer une demi-heure à boire son café, et simplement jouir du temps qui passe”, soulignait-elle. À la fin, affirmait la philosophe, “on aura gagné en termes de connaissance de soi-même”.
Libération de certaines injonctions
Est-ce pour cette raison que nous en avons profité pour nous libérer de certaines injonctions?
Oui, le confinement a accru la charge mentale portée par les femmes ainsi que les inégalités entre les femmes et les hommes. Cela ne peut pas être nié. Mais, en parallèle, cette parenthèse forcée a permis à certaines de se libérer de certaines injonctions.
Cures de sébum pour laisser ses cheveux respirer, nouveau souffle pour le “no bra”, consistant à ne plus porter de soutien-gorge, ou encore délaissement du maquillage: en 2020, les femmes se sont libérées de certains diktats.
“Pour les femmes féministes qui avaient déjà un point de vue critique sur l’épilation, mais qui n’osaient pas arrêter par peur des réactions et potentielles agressions auxquelles elles pourraient faire face dans l’espace public, le confinement a pu être l’occasion de franchir le pas, une expérimentation temporaire”, souligne la doctorante en études de genre et en sociologie Miléna Younès-Linhart, auprès de Libération.
Une expérimentation temporaire qu’il faudrait faire perdurer dans le temps?
Enfin, et c’est peut-être le plus important, sans oublier bien sûr que de nombreuses personnes ont souffert, souffrent et souffriront encore de la pandémie: 2020 nous a montré que nous étions capables de nous adapter, même dans l’urgence, à une situation donnée. Avec des hauts et des bas, certes, mais il semble qu’il s’agit d’une excellente leçon à appliquer dans de tous autres domaines.
À voir également sur Le HuffPost: L’anthropologie du confinement, avec Fanny Parise - Conférence