Ces territoires d'Outre-Mer oubliés de la liste de la diversité voulue par Macron
POLITIQUE - 6 sur 10: peut mieux faire. La liste réclamée par Emmanuel Macron (et révélée par Le HuffPost le 10 mars) pour mieux représenter la diversité française dans l’espace public propose 318 noms. Grâce à ces personnalités, certains territoires...
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
POLITIQUE - 6 sur 10: peut mieux faire. La liste réclamée par Emmanuel Macron (et révélée par Le HuffPost le 10 mars) pour mieux représenter la diversité française dans l’espace public propose 318 noms. Grâce à ces personnalités, certains territoires ultramarins sont ainsi mis à l’honneur. Mais pas tous.
Sur les quelque 300 noms retenus, 26 (selon notre décompte) sont originaires des Outre-mer. La renommée de quelques-uns n’est plus à faire: les Martiniquais Aimé Césaire et Frantz Fanon, le Guyanais Gaston Monnerville, ancien président du Sénat, le Guadeloupéen Louis Delgrès ou encore l’écrivain René Maran, prix Goncourt 1921... D’autres sont beaucoup moins connus: seuls les férus d’histoire sauront par exemple repérer le nom de Pouvana’a Oopa, figure polynésienne de l’anticolonialisme. Ou celui de Jean-Marie Tjibaou, visage de l’indépendantisme kanak en Nouvelle-Calédonie.
Grâce à ces deux personnalités - auxquelles s’ajoute Saiaeng Wahena, Néo-Calédonien engagé pendant la Première Guerre mondiale - une partie des territoires ultramarins du Pacifique sont représentés. Une partie seulement. Car tous les DROM-COM (Départements ou Régions français d’Outre-Mer et les Collectivités d’Outre-Mer) n’ont pas cette chance.
Les îles de Wallis-et-Futuna, Saint-Pierre-et-Miquelon ou encore Mayotte sont aux abonnés absents. Quant à La Réunion, elle n’est mentionnée qu’une seule fois, en la personne de Roland Garros, contre une dizaine de noms pour la Martinique par exemple. En tout, sur les dix DROM-COM habités, seulement six se retrouvent dans les personnalités de la liste.
fait partie de notre dossier “La mémoire en mouvement”. Alors qu’Emmanuel Macron a souhaité la création d’une liste de personnalités pour mieux représenter “la diversité de notre identité nationale”, Le HuffPost se plonge dans l’histoire de France et dans l’actualité pour interroger notre mémoire collective.
Certains choix peuvent surprendre. Comme l’aviateur Roland Garros, pas forcément la première personne qui vient à l’esprit pour évoquer la Réunion. Mais c’est en partie pour cette raison qu’il a été choisi. “Roland Garros est une figure très intéressante parce qu’il y a un imaginaire autour de lui et personne ne sait véritablement d’où il vient”, note auprès du HuffPost Rachid Benzine, islamologue et membre du comité scientifique.
L’inclure parmi les personnalités doit donc permettre de mettre à l’honneur son île natale. Mais, assure le spécialiste, “libres aux Réunionnais, si la conversation commence avec les municipalités, de mettre en avant des figures littéraires, historiques... Tout est possible.”
La liste n’a de toute façon “pas vocation à être exhaustive” et il “ne faut pas essayer de s’y retrouver en termes de proportions parce que ce n’est pas un critère qui a été retenu pour le choix des noms”, nous explique Rachid Benzine. “Il faut vraiment comprendre que cette liste est un point de départ, une base de travail qui peut être enrichie par les municipalités et les citoyens.”
Cette liste est un point de départRachid Benzine, membre du comité scientifique
L’implication des populations sur le choix des noms - promise par Emmanuel Macron - est d’ailleurs plus que souhaitée: “Ce travail n’aboutira que s’il trouve une véritable résonance dans la société: dans les municipalités, auprès des citoyens, des artistes, des Youtubeurs, de l’Éducation nationale... Il faut que ça fasse un débat pour qu’on ne s’arrête pas uniquement à l’inscription de noms de rues, mais qu’on aille beaucoup plus loin, qu’on rende ce travail vivant à travers des textes qui seraient publiés, des poèmes, des livres, des films...”, espère Benzine.
Une deuxième liste avec “plus de diversité”
La représentativité des Outre-mer dans la liste n’est pas la seule à interpeller. Selon nos calculs, les femmes ne représentent que 21% des noms proposés. Des travers auxquels le comité scientifique pourrait bientôt remédier.
La liste des 318 noms n’est “qu’une première partie”, assure Rachid Benzine. “D’autres noms vont arriver très rapidement, et vous allez y retrouver des gens de Mayotte, etc. Cette deuxième liste arrivera le mois prochain et aura plus de femmes, plus de diversité.”
Ce deuxième volume se concentrera sur des personnes vivantes. L’idée de cette partie supplémentaire est née ”à partir du moment où on nous a dit que le Président de la République ne pouvait pas prendre des noms qui étaient vivants”, explique Rachid Benzine. “On s’est dit que c’était dommage.”
Mais les maires pourront-ils s’emparer de cette seconde liste de personnalités vivantes pour exercer leur travail de mémoire dans l’espace public? À une députée qui s’interrogeait sur la dénomination de rues avec des personnes vivantes, la réponse du Journal officiel de janvier 2011 est la suivante: “Il s’avère (...) préférable d’éviter d’attribuer à une voie ou un édifice public le nom d’une personne vivante, particulièrement lorsque celle-ci exerce des responsabilités politiques”.
“Il s’avère ainsi préférable d’éviter d’attribuer à une voie ou un édifice public le nom d’une personne vivante, particulièrement lorsque celle-ci exerce des responsabilités politiques”.Journal Officiel - 11 janvier 2011
“Préférable” donc, mais pas strictement interdit. Il s’agit plutôt d’une tradition que chaque municipalité respecte comme elle l’entend, comme le soulignait déjà Slate en 2013.
Quoi que les maires décident, le comité scientifique va créer une deuxième liste, avec des personnalités qui ne donneront peut-être pas leur nom aux rues, mais qui pourront malgré tout s’y faire une place. Sous forme de statues, de bustes, de plaques commémoratives ou pour nommer des gymnases, médiathèques ou autres bâtiments publics qui prennent plus facilement le nom des vivants...
À voir également sur Le HuffPost: À Paris, les statues de femmes sont rares, mais en plus elles sont problématiques