Cet Ehpad d'Aurillac se mobilise contre l'expulsion de Ronaldo, un "soignant exemplaire"
ADMINISTRATION - “Il fait l’unanimité des résidents qui sont très inquiets et ne comprennent pas”. Ces mots trahissent l’inquiétude de Gwendal Le Berre, directeur de la maison de retraire La Louvière à Aurillac. Début janvier, l’un de ses assistants...
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ADMINISTRATION - “Il fait l’unanimité des résidents qui sont très inquiets et ne comprennent pas”. Ces mots trahissent l’inquiétude de Gwendal Le Berre, directeur de la maison de retraire La Louvière à Aurillac. Début janvier, l’un de ses assistants de vie, Ronaldo Mbumba, qui s’était illustré pendant le premier confinement en reprenant pour les résidents une chanson de Kendji Girac, a été visé par une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Il a été convoqué pour prendre un vol en direction de Kinshasa en République démocratique du Congo, le 15 mars prochain.
Âgé de 22 ans, Ronaldo Mbumba est arrivé en France en 2014 alors qu’il avait 15 ans. Pris en charge par l’aide sociale à l’enfance et suivi par une éducatrice, il a poursuivi des études dans les métiers du soin en passant notamment un CAP petite enfance puis un baccalauréat. Depuis décembre 2019, il est en alternance au sein de l’Ehpad de La Louvière dans le cadre de son diplôme d’État d’accompagnant éducatif et social (DAES).
“On a une trentaine de lettres de ses professeurs qui l’ont suivi et qui ont toujours été plus que stupéfaits par ce gamin. En stage, il a aussi laissé des souvenirs merveilleux”, confie à France 3 Régions, son éducatrice qui le suit depuis 2014.
Pétition et mobilisation
″Ça a été un élève brillant, c’est un assistant de vie exemplaire, autant sur le plan humain que professionnel. Les salariés sont révoltés et les familles des résidents s’inquiètent aussi beaucoup. Pour nous, c’est vraiment incompréhensible, je vous mets au défi de trouver quelqu’un qui peut dire du mal de lui. Il est bouleversé”, abonde pour Le HuffPost, Gwendal Le Berre qui aimerait que Ronaldo puisse “au moins” terminer sa formation.
Le directeur de La Louvière a lancé une pétition sur Change.org afin de manifester et mobiliser contre cette OQTF, rappelant d’ailleurs que la décision apparaît d’autant moins compréhensible que le département du Cantal, comme de nombreux autres territoires français, manque de personnels soignants. Pour le moment, le texte a récolté près de 25.000 signatures et une manifestation est prévue en début de semaine devant la préfecture.
Une page Facebook a également été lancée pour alerter sur la situation du salarié. Des photos de résidents, portant une pancarte “des papiers pour Ronaldo”, y sont régulièrement postées. L’histoire fait notamment écho à celle Laye Fodé Traoré, un apprenti boulanger visé également par une OQTF, et dont le patron s’était mis en grève de la faim en janvier.
″Je m’insurge devant cette décision. Je trouve, en effet, que Ronaldo représente, pour moi, un modèle exemplaire d’aide-soignant. Toujours prêt à rendre service avec le sourire, compétent et humain, je ne vois pas la Louvière sans lui”, abonde une résidente quand une collègue de travail ajoute: “Il exerce son métier avec bienveillance et motivation, quelle que soit la difficulté des tâches demandées, dans un contexte sanitaire difficile où les soignants sont une perle rare. On voudrait priver nos résidents d’un élément comme Ronaldo ! Cherchez l’erreur !!!!”.
La préfecture s’explique
La préfecture a publié le 9 mars dernier un communiqué de presse, relayé notamment par France 3 régions et Actu.fr, où elle justifie ainsi l’OQTF, alors que Ronaldo Mbumba demandait un renouvellement de son titre de séjour qui expirait au 24 mars 2020: “À l’occasion du renouvellement du titre de séjour de Monsieur Mbumba, il lui a été demandé (...) de présenter “les documents justifiant de son état civil et de sa nationalité”.
Dans le cadre de l’examen de cette demande de renouvellement, il est apparu que les documents justifiant de son état civil, qui n’avaient pas été produits l’année précédente et n’avaient donc pas pu être analysés, étaient des “documents illégaux volés vierges pour une utilisation frauduleuse”. “Entendu par les agents de la Police aux frontières, Monsieur Mbumba a admis avoir obtenu son passeport sur la base de ces faux documents”, explique la préfecture.
Une version à laquelle ne souscrit pas l’avocat de Ronaldo Mbumba, Maître Pierre Méral. Il réfute fermement que son client ait un jour “admis” avoir présenté de faux documents. “On lui reproche d’avoir obtenu en 2015 des papiers que la Police aux frontières a jugé contrefaits. Outre qu’on peut déjà contester cette analyse, Ronaldo a obtenu en 2018, sur la base de ces papiers, un passeport qui a été authentifié en 2018 par la PAF. Maintenant, la préfecture ne juge pas ce passeport valable et réclame un acte de naissance. Pourtant c’est sur la base de ce même passeport que Ronald a obtenu son titre de séjour en 2018. Sept ans ont passé depuis 2015, de l’eau a coulé sous les ponts mais on le ramène encore à ça”, déplore auprès du HuffPost Pierre Méral.
L’avocat a fait appel de la décision et est en attente de nouveaux documents en provenance de RDC. Il estime la situation représentative des mineurs non accompagnés, qui une fois la majorité atteinte et alors qu’ils ont réussi à s’insérer, peinent à pouvoir rester sur le territoire français.
De son côté, Ronaldo, contacté par France 3 régions s’est dit particulièrement ému de la mobilisation autour de son combat administratif : “Je me demande ce que j’ai fait pour mériter tout ça. Je reçois plein de coups fil, comme de mes anciens profs de lycée. Ça me touche énormément. À l’Ehpad, il y a des résidents au bord des larmes. Samedi, une d’entre elles a failli me faire pleurer. Je suis très ému”.
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